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ISMA�L HARITI, DIRECTEUR DU CENTRE DES �TUDES STRAT�GIQUES AMEL EL-OUMA AU SOIR D�ALG�RIE :
�Assembl�e ill�gitime, r�gime dans l�impasse�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 07 - 2012


Entretien r�alis� par Brahim Taouchichet
Il ne m�che pas ses mots et balance �ses v�rit�s� d�observateur politique sur les sujets forts d�actualit� dont l�Assembl�e nationale qu�il qualifie d�ill�gitime du fait que 14 millions d�Alg�riens n�ont pas particip� aux l�gislatives du 10 mai. Il ironise sur la farce dont ont �t� victimes les partis qui ont pris part au scrutin, y compris le FLN, sorti �grand vainqueur�, qui a peur de gouverner seul.
Le r�gime est sur la fin, nous dit notre interlocuteur, qui appelle � une 2e R�publique r�unissant, dans une plate-forme commune, tous les courants patriotiques. Selon lui, il est impensable que l�Alg�rie puisse rester � l��cart des changements induits par le �printemps arabe�. Un changement pacifique et consensuel peut �tre men� par des personnalit�s int�gres et comp�tentes qui existent.
Le Soir d�Alg�rie : Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, faisait r�cemment l�aveu de l��chec de son gouvernement dans la gouvernance �conomique accusant les forces mafieuses de l�argent de s�emparer des leviers du pouvoir. Cela vous surprend-il ?
Isma�l Hariti : Ce n�est pas une surprise. Tout le monde constate l��chec de son gouvernement. C�est l�avis de tous les analystes et observateurs. Ahmed Ouyahia d�clarait avant les �lections que tout est pour le mieux et que l�Alg�rie n�a pas besoin de changement mais de stabilit�. Apr�s les �lections, il effectue un changement � 180%.
Qu�est-ce qui l�a pouss� � faire un tel aveu ?
Pour moi, rien, malgr� la publicit� faite autour des luttes � l�int�rieur du syst�me. C�est une man�uvre pour gagner du temps et une tentative de d�tourner l�opinion publique de l�impasse dans laquelle se trouve le syst�me apr�s les �lections l�gislatives. Croyez-moi, le syst�me est actuellement dans une grave impasse. Cons�quence des calculs dans ce scrutin, il s�est mis dans un traquenard que traduit l�incapacit� � constituer un gouvernement. M�me � l�Assembl�e nationale, les partis politiques soup�onn�s d�avoir conclu un accord avec le pouvoir ne veulent pas participer au futur gouvernement. C�est le cas du FFS et du MSP. A croire que le syst�me fuit la responsabilit� de gouverner avec un parti qui a � paradoxalement � obtenu la majorit� !
L�Occident (�tats-Unis-Europe) a d�livr� un satisfecit aux autorit�s alg�riennes quant au bon d�roulement des �lections l�gislatives. Comment expliquez-vous une telle attitude ?
Il faut le mettre en rapport avec la situation dans la r�gion. Apr�s la chute des r�gimes dictatoriaux de Zine El Abidine en Tunisie et de Moubarak, en �gypte �qui �taient les garants de leurs int�r�ts am�ricains et europ�ens ont pris conscience que leurs alli�s strat�giques tombent sous la pression populaire pour un changement pacifique et d�mocratique. Ils ont vite compris qu�en cons�quence leurs int�r�ts �taient en danger et par dessus tous la s�curit� d�Isra�l. Ils ont donc d�cid� de mettre en place un plan de �containement � du printemps arabe. C�est ce qui explique les visites d�officiels am�ricains et europ�ens en Alg�rie et en retour, celles des officiels alg�riens dans le but d�accords. Le r�gime alg�rien s�est vu attribu� un r�le de contre-r�volution qui lui assure sa survie. Depuis le d�but de la chute des r�gimes dictatoriaux arabes, on a vu le r�gime alg�rien adopter une position contre ces r�voltes, m�me aujourd�hui concernant la Syrie. On a vu comment les Occidentaux ont laiss� faire le pourrissement en Libye et la menace du r�gime de Kadhafi sur Benghazi avant d�intervenir. On a vu qu�au Y�men, c��tait devenu une question de transfert du pouvoir. Avant les �lections, on a vu notre ministre des Affaires �trang�res faire le d�placement en France et soumettre les lois alg�riennes � l�avis du Parlement et dont l�approbation signifie son accord pour le plan du pouvoir des r�formes politiques annonc�es. C�est � partir de l� qu�a commenc� le trucage des �lections. Officiellement, l�Occident est pour la d�mocratie, mais en sous-main, il soutient ces r�gimes et parmi eux celui de l�Alg�rie. J�affirme qu�un accord a �t� conclu entre les puissances occidentales et l�Alg�rie pour un satisfecit en faveur des �lections l�gislatives. Mais le r�gime a commis de nouveau une erreur dans la mesure o� la l�gitimit� externe ne remplace pas la l�gitimit� interne. Malgr� toutes les man�uvres, le pi�ge se referme sur lui : cette Assembl�e est ill�gitime.
Des voix, au plan interne, d�noncent les irr�gularit�s ayant entach� ces �lections sit�t les r�sultats proclam�s...
Le printemps arabe nous a r�v�l� le vrai visage de l�Occident. D�s que ses int�r�ts se trouvent menac�s, il fait l�impasse sur les droits de l�homme, la libert� d�expression, la d�mocratie. Pour eux, dans les pays du Sud, ce sont l� des consid�rations secondaires. La question de la cr�dibilit� des �lections est li�e au plan mis en place avec les r�formes politiques. Concernant l�Alg�rie il l�a mis dans l��quation suivante : s�opposer au printemps arabe pour survivre.
L�irr�gularit� du scrutin pose le probl�me de la l�gitimit� de cette Assembl�e...
Je r�affirme que ces irr�gularit�s ont commenc� avec la mise en place des lois successives au r�formes politiques de Bouteflika ainsi que celles vot�es par le Parlement de 2007. Les partis qui contestent aujourd�hui sont impliqu�s dans cet accord. Ces lois ont balis� le terrain aux r�sultats des �lections comme pr�vu. Mais encore une fois le syst�me ne pouvait pas imaginer qu�elles allaient le placer dans une situation intenable qui consiste � se retrouver expos� seul face au peuple. Anciens et nouveaux partis auraient-ils n�goci� un deal avec le pouvoir et qui se r�sumerait � : tous aux urnes pour sauver l�Alg�rie des menaces d�instabilit� et d�atteinte � son int�grit� territoriale ? Au-del� des chiffres, est-il logique que les cadres d�un parti qui est le FLN qui a obtenu la majorit� se sentent incapables de g�rer leurs propres affaires, comment imaginer que le peuple leur accorde sa confiance ? M�me chose pour le RND dont les militants sont en r�bellion contre leur chef ? Questions chiffres officiels, on parle d�un taux de 42% de participation dont il faut retirer 1 7000 000 bulletins nuls, ce qui r�duit ce taux � 34%. Pour certains analystes, la participation n�a pas d�pass� les 20% ! Cela montre une forte abstention et donc l�absence de l�gitimit� de cette Assembl�e d�autant que le parti vainqueur a 1 300 00 voix tandis que les voix annul�es ont atteint 1 700 000 ! On estime � 14 millions le nombre d�Alg�riens qui ne sont pas all�s voter, ce qui donne 70% des Alg�riens qui n�ont pas particip� � ces �lections. O� est donc la l�gitimit� de ce Parlement ? Oui, un accord a �t� conclu avec les grands et les petits partis qui n�avaient pas cess� de dire que les r�formes ne sont pas � la mesure du changement radical r�clam�. Ces partis ont obtenu en retour une part du g�teau que sont des si�ges � l�Assembl�e nationale. Comment expliquer par ailleurs que le r�gime octroie en peu temps l�agr�ment aux partis qu�il a refus� pour certains depuis 20 ans ? C�est pourquoi je dis que l�accord ne s�est pas fait sur le changement car le r�gime veut une l�gitimit� � travers ces �lections. Dans le m�me temps, il s�est octroy� la part du lion. Il se trouve que ce ne sont pas des partis politiques au vrai sens du terme, ils repr�sentent l�autre face du r�gime. C�est le cas du FFS et des islamistes, des appareils aux services du pouvoir.
Au vu des r�sultats du scrutin, c�est la douche froide pour les islamistes ainsi que d�autres partis qui se voient r�server la portion congrue dans la future APN. Ce d�compte �tait-il pr�visible ?
Socialistes, nationalistes, la�cs, islamistes ont reni� leurs principes fondateurs pour des postes et des avantages. Cela vient du coup d�Etat de 1991 dont le but n��tait pas seulement de liquider le FIS mais visait surtout le processus d�mocratique. Le pouvoir a pouss� le FIS � la violence pour l��liminer par la violence et ensuite infiltrer progressivement les autres partis. Le virus du syst�me s�est introduit dans ces partis qui fonctionnent avec les m�mes m�thodes du pouvoir. Mais cela n�emp�che pas qu�au sein des courants islamiste, nationaliste, d�mocrate, l�existence de militants convaincus et int�gres qui s�opposent � la d�marche de leurs chefs et luttent � l�int�rieur de leur parti. Ils sont contre tout accord avec le r�gime au d�triment de leurs valeurs et principes. Ils les mettent ainsi dans une mauvaise posture. Comme je viens de le signaler, Ouyahia ne fait qu�accomplir une des missions dont il est charg�es, celle de gagner du temps afin de trouver un troisi�me partenaire pour la formation du gouvernement. Le r�gime sait tr�s qu�il lui est impossible de trouver des solutions � toutes les crises du pays qu�elles soient politique, sociale ou �conomique qu�il n�a pas r�ussi � r�gler depuis 1962.
A travers la �victoire �clatante� du FLN, c�est le retour � la pr��minence du courant nationaliste. Quelles seraient alors les perspectives sachant l��chec sur tous les plans de ce courant dans la gestion du pays ?
Le r�gime vit toujours dans une bo�te noire et se conduit dans une logique individuelle. Il ne faut pas confondre le FLN de la guerre de Lib�ration avec l�appareil confisqu� par une tendance du r�gime. Ce FLN-l� refuse tout d�bat contradictoire et tout point de vue divergeant, l�alternance, etc. Il a conclu un accord avec le r�gime sous le pr�texte fallacieux de la stabilit� du pays. Le ministre de l�Int�rieur a parl� de vote refuge en faveur du FLN, un parti qui a broy� toutes les �nergies humaines alg�riennes. C�est ce parti de la terre br�l�e qui a gouvern� l�Alg�rie depuis l�ind�pendance. Le FLN n�appartient plus � ses militants mais au syst�me. Jamais le FLN n�a gouvern� gr�ce � des �lections libres. Sa �victoire� n�en est pas une. D�autre part, puisqu�il a obtenu la majorit� des suffrages pourquoi a-t-il peur de former � lui seul un gouvernement ? Il sait tr�s bien qu�il ne pourra assumer les grands dossiers d�une soci�t� au bord de l�explosion. Pour certains observateurs, cette op�ration �lectorale ressemble � tout point de vue aux derni�res �lections du r�gime Moubarak. Est-il pensable que rien ne bouge chez nous au moment o� tout change au plan r�gional ? C�est pourquoi je dis que ces �lections nous renvoient � la situation d�Octobre 1988.
Recomposition par le haut du champ politique, redistribution des cartes� Comment voyez-vous la future configuration politique ?
Je doute de la dur�e de ce Parlement. Le syst�me sait qu�il est sur la fin. La logique impose que nous allions � un changement radical et consensuel apr�s une p�riode transitoire. Cela fait un mois que nous sommes sans gouvernement. Que seront alors les prochaines �ch�ances �lectorales ? Le r�gime n�a pas encore de l�gitimit�. Pis encore, il ne peut �tre r�form�. Ces �lections sont le retour au parti unique. L�Alg�rie ne peut retrouver un r�le de leader dans la r�gion sans changement radical du syst�me. Il faut aller encore � un gouvernement de transition constitu� de technocrates pour la mise en �uvre de la 2e R�publique � laquelle tous les Alg�riens ont le droit de contribuer ind�pendamment de leur appartenance politique et id�ologique, et dont les �l�ments constitutifs seraient la citoyennet�, la dignit�, l��galit� et la justice sociale. Il faut alors revenir au projet du 1er Novembre 1954, c�est ce que r�clame le parti des abstentionnistes. Il est faux de dire que les Alg�riens ont peur de la violence car elle servira en d�finitive le pouvoir. Par l�abstention les Alg�riens, � leur mani�re, ont plac� le r�gime devant le fait accompli.
Quel changement sachant l��chec de la mouvance d�mocratique et des r�formes politiques qui n�ont rien donn� de concret ?
Les partis actuels sont l�autre face du r�gime. Il y a une �lite r�cup�r�e par le pouvoir et une autre qui s�est retir�e de la sc�ne publique. C�est celle-l� qui veut le changement mais, malheureusement, elle est divis�e que ce soit dans le courant nationaliste, d�mocrate ou islamiste. Il n�y a pas eu la synergie et une entente contre la dictature comme cela s�est produit en Tunisie ou en �gypte. Au Maroc, les forces vives ont fait pression sur le roi qui a fini par conc�der des r�formes. Au risque d��tre condamn�e par l�histoire nos �lites doivent s�entendre, autrement ce sera le peuple, � sa fa�on, qui provoquera ce changement. Si les �lections pr�sidentielles en �gypte se d�rouleront d�mocratiquement, elles auront un impact r�el chez nous car le pouvoir a toutes les caract�ristiques des dictatures arabes. Certes, il a eu le satisfecit occidental, mais il ne pourra pas gouverner sans l�gitimit� populaire.
C�est la mal-vie dans le quotidien des Alg�riennes et des Alg�riens et rien ne semble indiquer une issue heureuse � cet �tat de fait ? Quelle perception avez-vous de l�avenir imm�diat compte tenu de ce qui vient d��tre d�velopp� ?
Sans Parlement et sans gouvernement, le peuple alg�rien vit quand m�me normalement. La persistance du r�gime dans sa conduite actuelle peut mener � une explosion aux cons�quences impr�visibles. Quand ils veulent obtenir quelque chose les gens br�lent des pneus, bloquent les routes� Les statistiques indiquent 1 000 actions de protestation de ce type en 2011. Cela a un co�t pour l��conomie et hypoth�que la relance. Il faut donc de la sagesse et l�ouverture d�esprit et �tre � l��coute des attentes du peuple. Le pouvoir a jou� � la division entre la�cs, islamistes et nationalistes, c�est � eux d�inverser ce rapport par une entente an faveur d�une 2e R�publique. Il y a en Alg�rie des personnalit�s cr�dibles et respectables, des comp�tences capables de corriger l�image de la politique signe de mensonges, d�int�r�ts personnels, d�opportunisme, de corruption et prouver qu�il est possible de travailler pour l�int�r�t g�n�ral.


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