Voil�, je vais vous raconter une histoire que vivent tous les Alg�riens. Ma m�re a eu un AVC lors de nos vacances dans une petite ville charmante, Collo. Connaissant les premiers signes de l�AVC (maladie qui doit �tre trait�e dans l�heure qui suit, sinon le malade gardera des s�quelles � vie), nous l�avons imm�diatement emmen�e � l�h�pital de Collo mais voil� : dans cet h�pital, une r�sidente livr�e � elle-m�me nous dit que ce n�est pas un AVC ; c�est juste �hwa� (7 ans d��tudes au minimum pour un diagnostic de �tayabat el hammam�). Sachant que ma m�re �tait inconsciente et avait le c�t� droit paralys�, apr�s avoir insist� pour qu�on lui fasse un scanner, la r�sidente en question nous dit que le scanner est toujours sous emballage car les techniciens n�ont pas encore �t� form�s pour le faire marcher. Voyant le temps qu�on �tait en train de perdre pour lui administrer un traitement, je demande qu�on l�envoie par ambulance au CHU de Constantine (nous habitons � Constantine). Mais on refuse, pr�textant que ce n�est pas un cas grave pour lequel on d�place une ambulance (sachant que pendant tous ce temps, ma m�re �tait inconsciente). Nous d�cidons alors de l�emmener par nos propres moyens au CHU de Constantine sachant que toute secousse peut aggraver son cas. Sept heures apr�s l�AVC, on arrive au service neurochirurgie du CHU Ibn Badis de Constantine. L� encore, des r�sidentes prennent en charge ma m�re et confirment que c�est un AVC mais ne peuvent pas lui administrer de traitement car ils doivent d�abord faire un scanner pour voir si c�est un AVC isch�mique ou h�morragique, et devinez quoi ? Le scanner du CHU de Ibn Badis de Constantine est en panne et tous les centres d�imagerie priv�s de Constantine ferment � 22h30. Le lendemain � 8h du matin, nous arrivons enfin � faire un scanner dans un centre d�imagerie priv� et ma m�re �tait admise au CHU, vous allez croire que l�aventure se termine l� mais non, c�est juste le d�but de l�aventure... L�admission : le m�decin ausculte ma m�re et confirme mon diagnostic de l�AVC et me dit qu�elle doit rester � l�h�pital sous surveillance et me demande si je suis venue seule ou accompagn�e car je vais avoir besoin d�aide pour l�emmener dans la chambre. Sur le moment, je n�ai pas compris. Alors le m�decin m�explique qu�il fallait que je me d�brouille pour trouver une chaise roulante pour faire monter ma m�re deux �tages plus haut sans ascenseur. J�ai cherch� dans les �tages une chaise roulante ; j�en ai trouv� une � moiti� cass�e. Mon p�re et mon beau-fr�re ont mont� ma m�re, et ensuite je suis redescendue pour faire signer au m�decin un document que l�infirmi�re d��tage m�avait remis. En remontant, une infirmi�re s�est mise � me crier dessus avec un langage de rue. Sur le coup, je me suis dit �laisse courir, il ne faut pas lui r�pondre elle devait s�rement �tre fatigu�e car c��tait le premier jour du Ramadan� ; mais elle m�a bouscul�e pour que je lui r�ponde. Elle voulait absolument que je descende la chaise roulante que j'ai pourtant trouv�e en haut. Bref, apr�s avoir d�sinfect� le lit, j�ai install� ma m�re � qui on devait prendre la tension art�rielle chaque deux heures. Quatre heures ont pass� et toujours pas d�infirmi�re. Je suis all�e la chercher je ne l�ai pas trouv�e mais j�ai trouv� un monitor pour prendre la tension, je l�ai pris dans la chambre o� �tait install�e ma m�re et je lui ai pris sa tension r�guli�rement jusqu�� ce que l�infirmi�re pointe son nez et elle n��tait m�me pas �tonn�e de voir que le monitor �tait � c�t� de ma m�re. J�attire son attention sur le fait que ma m�re n�a rien mang� depuis deux jours vu qu�elle a un probl�me de d�glutition ; ils lui mettent une sonde pour qu�ils puissent lui faire ce qu�ils appellent le gavage. Apr�s que le m�decin soit parti, l�infirmi�re m�appelle pour m�expliquer comment je dois faire le gavage et comment je dois laver � l�eau de Javel la seringue qui est jetable car je ne peux en avoir qu�une seule. Pendant cinq jours, nous sommes devenus infirmi�res ma s�ur et moi, l�une le jour et l�autre la nuit. Quant � la vraie infirmi�re, elle ne venait que quand on lui rappelait de venir pour uniquement l�injection. Les autres m�dicaments, on les lui administrait par sonde de gavage, sachant que ce geste aurait pu tuer notre m�re � plusieurs reprises quand la sonde ressortait. Et pour couronner le tout, l�h�pital �tait sans eau au robinet, je vous laisse imaginer les odeurs et les cafards qui grouillaient ainsi que les chats qui se baladaient et urinaient partout. Dernier jour ; je voulais filmer l��tat de cet h�pital mais l�infirmi�re en chef m�a arrach� mon portable des mains en me disant que si votre m�re �tait en vie, c�est gr�ce � cet h�pital (c�est plut�t gr�ce � ses filles) ; moi qui d�habitude suis de nature calme, je ne sais toujours pas comment je me suis jet�e sur elle et si on ne m�en a pas emp�ch�e, je l�aurais tabass�e. C�est honteux d�avoir des h�pitaux dans cet �tat dans un pays comme le n�tre o� l'on peut construire une mosqu�e � coups de milliards. Le meilleur cadeau d�anniversaire pour la 50e ann�e de l�Ind�pendance aurait �t� d�offrir un h�pital flambant neuf � chaque wilaya avec un personnel qualifi�.