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SYST�ME ET BUREAUCRATIE
Comment un monstre en couve un autre (2e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 12 - 2012


Par Kamel Khelifa
Une autre caract�ristique du syst�me est le manque de gratitude � son �gard. D�s qu'un personnage politique a �t� d�mis de son statut, d�fait de son personnage et cong�di� de son r�le, il retourne la veste et tombera � bras raccourcis (en sourdine) sur un syst�me qui le pousse � d�r�aliser.
Combien de d�sillusions a-t-il cr��es autour de lui ? M�me lui l�ignore, en d�pit de ses multiples ramifications. Mais, reconnaissons-lui tout de m�me qu'il a cr�� la rente qu'il distribue g�n�reusement de mani�re � ce que chacun (m�me remerci�) lui restera attach�, par le fait m�me qu�il en soit d�biteur. Il se m�fie en revanche de ceux qui tentent de lui �chapper, en vivant en dehors de ses pr�bendes et de la pr�dation, pour se mettre en conformit� avec la loi, en harmonie avec le droit, en phase avec la morale... Le syst�me est sans foi, ni loi. Il est sans concession pour ceux qui se mettent en travers de sa route. Corrupteur, il sait fabriquer, rep�rer, d�nicher les corrompus potentiels pour en faire des alli�s et de solides piliers. Dans le syst�me, l'impunit� est totale, sauf si ses auxiliaires et leurs int�r�ts sont remis en cause. Dans ce cas, on d�signe � la vindicte populaire un �coupable �, un lampiste, un responsable parfois cr�� de toutes pi�ces... Si le peuple est mis hors jeu, hors temps, hors espace, hors tout, il est loin d'�tre hors de port�e du syst�me et de ses chausse-trappes, savamment tendues, dans un dessein de d�sint�grer l�individu, le d�shumaniser et le r�duire � l'insignifiance. Cet �tat personnel et cette impuissance collective vont se traduire par une d�mission g�n�rale et une abdication individuelle avec des co�ts sociaux �normes subis par la collectivit� nationale, en soins m�dicaux, en perte de productivit� industrielle et manque de production intellectuelle, culturelle, � moins de fuir � l��tranger. Le �vivre-ensemble� est devenu probl�matique, sans consultation et encore moins de participation � un projet de soci�t�, donc sans espoir de cultiver au moins l'id�e de construction citoyenne d'une destin�e historique commune. Cette r�alit� politique a conduit l�Alg�rien � dissoudre son �je� singulier dans la masse informe. La vertu premi�re du syst�me est de distribuer grassement ce qui ne lui appartient pas : les postes de responsabilit� ; les nominations � des postes � l��tranger ; les logements et terrains � construire ; les prises en charge pour des soins dans des h�pitaux prestigieux en France, Belgique et autrefois � Bratislava pour des cures de jouvence ; l'octroi � un moment donn� des bons d'acquisitions de voitures, y compris l�obtention de pi�ces d�tach�es; de t�l�phones portables (quand cet objet n��tait alors qu�un gadget) ; la d�livrance du registre du commerce, lorsque l�obtention de celui-ci relevait du parcours du combattant et n�cessitait des interventions. Le syst�me d�tient, entre ses puissantes mains, les clefs de l��cluse du pays qu�il ouvre et ferme � sa guise, en �chappant � tout contr�le, y compris celui des gouvernants qui pr�sident � un moment donn� de l�histoire de l�Alg�rie. Les exemples de scandales �tal�s dans la presse, notamment de Sonatrach, de l�autoroute Est-Ouest, etc., d�autant que les ministres mis en cause dans ces affaires narguent la collectivit� nationale dans son ensemble, ne confortent-ils pas ainsi la th�se selon laquelle celui qui vole une baguette de pain aura affaire au syst�me et ceux qui s�en mettent plein les poches sont �pargn�s ? Quand Omar Ghoul, le ministre des Travaux publics, mis en cause par la presse, d�clare �clos le dossier de l�autoroute Est- Ouest�, se comporte-t-il en justiciable, ou comme un �magistrat�, convaincu d��tre au-dessus de la loi ? Le syst�me est devenu un v�ritable monstre qui �chappe � tout contr�le, � l�image de celui fabriqu� par Victor Frankenstein, personnage n� dans l�imaginaire de la romanci�re britannique Mary Shelley, et qui finira par �chapper � l�auteur de ses jours. Des membres du gouvernement, des magistrats, des agents de l'ordre, des partis politiques, des organisations de �masse�, la soci�t� civile, les organisations professionnelles, les associations culturelles et de quartier, enfin tout le monde, vous, moi et tous les autres, nul n'�chappe au syst�me car son pouvoir est sans limite. Dans des pays o� le syst�me s�empare des leviers de commandes, rien ne fonctionne correctement : rien n�est d�, tout est �donn�, �accord�, �distribu�, �attribu�, �octroy� parcimonieusement et parfois par le plus haut niveau de la hi�rarchie, de mani�re � rendre inaccessible les avantages offerts par ce pays au commun des mortels. Il faut sans cesse faire appel aux relations et connaissances, y compris pour l�obtention d�un juste droit. L�intervention d�un proche, d�un parent, d�un ami, d�un voisin et parfois le recours au concitoyen ( oulid el bled) ou l�enfant du quartier ( oulid el haouma) est parfois suffisante pour servir et faire valoir de droit une d�marche� M�me ces interventions ob�issent � loi du �donnant-donnant�, sans quoi il faut mettre la main � la poche pour l�obtention du service rendu. �L�interventionnisme� (fond� sur les interventions), ph�nom�ne de soci�t� en Alg�rie, est devenu la r�gle, sans laquelle un juste droit ne peut �tre obtenu, sans devoir montrer patte blanche, g�n�ralement en argent sonnant et tr�buchant. Mais � qui profite ce vaste business, sinon � des bureaucrates v�reux ? La vraie force du syst�me, c�est de laisser-faire puis soudain, il entreprend un vaste chantier de r�gularisation de milliers de dossiers en attente pendant des mois, des semestres, des ann�es�, cr�ant ainsi des attentes pouvant durer des mois, au point de pousser �les contrevenants� � faire appel � la formule pr�cit�e des trois PPP (piston, pognon, pote). Le meilleur exemple est illustr� par la d�livrance des certificats de conformit� des maisons construites, dont les autoconstructeurs attendent des ann�es (avec des risques de voir son dossier �gar�, sans possibilit� de recours aucun !!!), sous des formes bureaucratiques assez pernicieuses� A cet effet, les exemples pullulent.
La bureaucratie (pouvoir des bureaux) en question
�Nous n'avons pas d'Etat, mais des administrations. Ce que nous appelons la raison d'Etat, c'est la raison des bureaux qui permet � l'administration de cacher ses fautes et de les aggraver� Anatole France, l'Anneau d'am�thyste. Entre le peuple alg�rien et ses gouvernants se dresse une cha�ne de montagne immense, qui traverse de part en part le pays. Cette montagne ne s'appelle pas l'administration, comme le disait Anatole France (car elle est en voie de disparition en Alg�rie), mais la bureaucratie. Je fais une nette distinction entre l�administration, r�put�e �tre au service du citoyen et la bureaucratie dont l�administr� devient son auxiliaire, pour faire une grande partie de son travail, comme le b�uf est l�auxiliaire du laboureur� La bureaucratie est une institution froide, dirig�e par des ronds de cuir en partie sadique, cupide, v�reux, pr�tentieux. Les �l�ments de cette institution informelle poss�dent d'autres caract�ristiques communes d'avoir peu de formation, sans trop de caract�re et encore moins d'humanit�... Il importe que ses objectifs et ses int�r�ts soient satisfaits. Une bureaucratie charg�e de dossiers contenant autant de paperasses satur�es d'encre, de cachets humides multicolores et de signatures aussi inutiles que la d�forestation de l'Amazonie, sinon de satisfaire les besoins d'une b�tise monumentale : la soif de pouvoir et la cupidit�, g�n�ralement motiv�s par la satisfaction d�un �go monumental, comme seuls les M�diterran�ens en g�n�ral en poss�dent et certains de nos compatriotes en particulier.
Les interdits et l�impunit�, sources de la corruption
Comme �voqu�, la corruption est un fl�au qui s'est gliss� depuis les d�buts de l'ind�pendance dans le corps politique (avec notamment l�instauration de l�autorisation de sortie du territoire, instaur�e en 1967), puis a progressivement touch� tout le corps social. Ceux qui se sont d�fendus de ce mal incommensurable, et il en existe beaucoup, ont, certes, conserv� leur honneur et leur dignit� intacts, mais ils ont rejoint d�finitivement les rangs des bannis, m�me s�il fut un personnage de haut rang ou de premier plan. La bureaucratie a tout le temps pour elle, mais le citoyen n�en dispose pas d�autant. Du coup, pris en faute, � laquelle il a �t� souvent accul�, il consent � se plier aux exigences du syst�me et se livrer � des compromissions contraires � sa conscience, tant de fois chatouill�e qu�elle finit par �tre immunis�e ; en cause l�absence de tous les attributs d�un Etat v�ritable, en l�esp�ce : la force de la loi, la puissance publique, la manifestation de la v�rit� et l�application de la justice, en cas de n�cessit� ; autant d�arl�siennes absentes de la pratique de tous les jours. Et lorsqu�on daigne afficher des lois, elles sont interpr�tables � loisir, selon les poids sp�cifiques et l�importance de chacun, auxquels les plus faibles ne peuvent y recourir, m�me lorsqu�ils sont dans leur bon droit. Les sbires et autres petits bureaucrates, profitant de lois et r�glements ineptes, pour se donner un peu de consid�ration et pas mal d�argent, sont, certes, condamnables, mais ceux qu�ils faut criminaliser surtout ce sont certainement leurs responsables et audessus d�eux le l�gislateur, d�tenteur de ce pouvoir insens� de faire des lois et r�glements dont personne n�en conna�t l�existence parce qu�il arrive parfois qu�un d�cret d�application n�est pas paru ou qu�une circulaire �non publiable� a pris � contre-pied le contenu de la loi... C�est-�-dire que ces textes contenant des directives sont pondus pour le seul usage du bureaucrate, lequel en fera l�usage qu�il veut, parfois davantage conforme aux int�r�ts sordides des agents que ceux des citoyens. Si, sous d�autres cieux, celui qui n'est pas touch� par la corruption est consid�r� comme incorruptible, en Alg�rie cela devient une tare et le sujet est catalogu� de tous les noms : �mauvais caract�re�, �infr�quentable�, �rebelle�, quand il n�est pas trait� de contre-r�volutionnaire, de r�actionnaire, etc., selon un lexique officiel appr�t�. Frapp� d'un tel malheur, parce que le syst�me n�est pas arriv� � l��enr�ler� ou le mettre au pas, il sera mis au ban avec in�vitablement une �tiquette coll�e au dos, comme autrefois dans la Rome antique �taient proscrits sans jugement les opposants au r�gime du Triumvirat. Son mode op�ratoire : les interdits avec pouvoirs discr�tionnaires accord�s aux bureaucrates d'interpr�ter librement et en toute impunit� la loi... Pris au pi�ge et sans recours aucun, il ne reste � l�individu qu'� implorer le ciel ou faire appel � la formule des trois P (piston, pognon, pote), d�j� �voqu�e. Le probl�me sans cesse pos� par la bureaucratie a donn� lieu � la constitution de plusieurs commissions et d�cisions molles des d�cideurs pour venir � bout de ce v�ritable fl�au social.
Gen�se des commissions de lutte contre la bureaucratie
D�j�, sous le r�gime de H. Boumedi�ne, un comit� de r�flexion avait �t� constitu� en 1976, charg� de se pencher sur ce fl�au social, suite, entre autres, aux scandales n�s du formalisme outrancier instaur� autour de la d�livrance des passeports et de l�autorisation de sortie du territoire national... Il semble que nos compatriotes aient la m�moire courte, mais pour ceux qui s�en rappellent encore, l�obtention de ces pi�ces de voyage �tait soumise � de tels tracas bureaucratiques que la pratique du pot-de-vin (chippa) s��tait impos�e pour se g�n�raliser suivant des bar�mes bien �tablis et selon le caract�re d�urgence de la demande de sortie d�Alg�rie. C��tait une arm�e d�interm�diaires de la bureaucratie qui manageait la d�livrance de ces documents : la d�livrance de l�autorisation de sortie se monnayait pour la bagatelle de 300 � 500 DA, selon l�urgence et le passeport entre 200 et 400 DA� Valeur � multiplier par mille pour trouver l��quivalent/dinar d�aujourd�hui. Au lendemain de sa d�signation � la t�te de l�Alg�rie, Chadli Bendjedid, alors secr�taire g�n�ral du Parti et chef de l�Etat, avait constitu� en 1981 une autre commission dont le r�le consistait � faire un �tat des lieux sur ce que l�on avait � l��poque qualifi� de �maux sociaux�. Ainsi, un diagnostic et des propositions de lutte contre la bureaucratie devaient r�sulter des travaux de cette commission qui avait �mis des suggestions� propres � �radiquer ce ph�nom�ne destructeur du destin commun et de ce qui restait comme vestiges d�administration. Au grand d�sespoir des bureaucrates, l�autorisation de sortie ayant �t� purement et simplement supprim�e et le formalisme entourant la d�livrance du passeport �tait nettement all�g�, avec en prime une allocation touristique accord�e une fois par an � tous les citoyens alg�riens d�sireux de se rendre � l��tranger. C��tait une avanc�e majeure � l��poque pour un peuple frustr� par les p�nuries de toutes sortes de produits et priv� en plus d�aller se �ventiler� un peu � l��tranger, s�il en avait envie� Par rapport � son pr�d�cesseur, le nouveau pr�sident avait fait une v�ritable r�volution par ce geste de bonne volont�, ce qui lui avait valu la sympathie des Alg�riens dont beaucoup avaient applaudi ces mesures ; vues d�un tr�s mauvais �il par les bureaucrates qui enregistraient autant de manques � gagner et par les barons des p�nuries qui perdaient gros avec l�instauration du PAP (programme anti-p�nurie)� A son tour, Mohamed Boudiaf, le premier pr�sident du Haut-Comit� de l�Etat, avait � l�esprit le ph�nom�ne bureaucratique auquel il entendait �livrer une lutte sans merci�, selon ses propres termes confi�s � un ami, le regrett� Mokhtar Boutaleb, ancien membre de la Ligue des droits de l�homme. Connaissant la d�termination de l�homme, qui a connu le sort que l�on sait, il �tait certain qu�il serait parvenu � un certain r�sultat, � d�faut d��radiquer totalement le mal dont souffrait la soci�t� alg�rienne et qui s�est amplifi� durant la d�cennie dite rouge, au point qu�il n��chappe plus aux Alg�riens que toute d�marche, m�me pour un juste droit, doit conduire n�cessairement � l�intervention de proches, des relations ou de connaissances, ce qui est appel� commun�ment �el m�arifa� (connaissances), �khait� (un fil conducteur, piston) ou bien �douzen� (flouss), quand il s�agit de mettre la main � la poche. A sa prise de fonction, en tant que chef de l�Etat, le g�n�ral Liamine Zeroual s��tait �galement pr�occup� du fl�au constitu� par la bureaucratie et en ce sens des m�diateurs de la R�publique furent nomm�s, comme recours social � tous les probl�mes v�cus par les citoyens dans leur quotidien affreux� Le travail fait par ces m�diateurs, m�me s�il n��tait pas parfait, a quand m�me produit un certain r�sultat, dans la mesure o� le pouvoir bureaucratique commen�ait � perdre de sa superbe, de crainte d��tre confront� � ce contrepouvoir naissant. A la surprise g�n�rale, cette institution n�a pas surv�cu � son initiateur, puisque le Macc profitera du premier changement venu pour faire oublier jusqu�� l�existence de ce corps institutionnel� En s�installant � la t�te de la pr�sidence de la R�publique, le pr�sident Abdelaziz Bouteflika avait institu� un autre groupe de travail, dans le cadre de la commission Sbih, et dont les conclusions rejoignaient celles pr�c�demment remises � ses pr�d�cesseurs. Mais depuis lors, non seulement le r�le protecteur du citoyen par l�Etat fut amoindri, mais celui de la bureaucratie amplifi� et l�impunit� de ses sbires g�n�ralis�e, � telle enseigne que le syst�me, n�ayant jamais �t� autant puissant, a d�sormais la bride sur le cou. M�me si, il faut le reconna�tre, de nombreux �lus, hauts responsables, hommes portant l�uniforme, gens asserment�s, etc., sont mis en examen (petite partie visible de l'iceberg), pour diverses affaires judiciaires li�es � des abus d�autorit�, de corruption, de d�tournements et de dilapidation de deniers publics, etc., mais combien le syst�me compte de gens qui se tiennent par la barbichette ? Ils ne se comptent plus. Ce sont ces nombreuses questions qui posent toute la probl�matique de l�existence virtuelle de l�Etat, du r�le de l�informel initi� par le syst�me, de la dissolution de l�administration �touff�e par la bureaucratie, de l�effacement de la fonction de fonctionnaires au profit de celle de sbires, coopt�s parfois � des postes de d�cision strat�giques. D�s lors qu�aucune volont� politique ne peut s�exercer contre ces fl�aux socio�conomiques, destructeurs du destin commun, n�est-ce pas donner raison � toutes ces voix qui s��l�vent depuis toujours pour dire que l�Alg�rie n�a pas pu se doter d�un Etat digne de ce nom, avec des directions politiques en mesure de faire fonctionner convenablement l�administration ? Mais apparemment, ces organes et ressorts r�put�s �tre ceux d'un Etat r�publicain �taient destin�s beaucoup plus � servir la pseudo-r�volution (devenue au fil du temps un syst�me aux pouvoirs surnaturels et d�moniaques) et le pouvoir des bureaux (bourreaux) par elle instaur�. N��tait-ce pas le v�u des hommes forts de la R�publique alg�rienne d�mocratique et populaire naissante � l�ind�pendance, ces inspirateurs de la Charte d�Alger du parti FLN en 1964, de faire en sorte que les �militants�, les �masses laborieuses�, la justice, l�arm�e, les forces de l�ordre, etc., enfin toutes les forces vives soient au service exclusif de la �r�volution� ? Voil� comment l�Etat, cens� �tre r�publicain, le peuple suppos� �tre libre et son administration responsable de l�ex�cution de ses missions, se sont retrouv� ali�n�s au lendemain de l�ind�pendance par une �r�volution� d�vastatrice ; poussant ainsi des centaines de milliers d�Alg�riens � aller chercher sous d�autres cieux un peu d�ordre, une meilleure qualit� de vie et un statut de citoyen ayant un minimum de droits. Ces derniers temps, pour faire illusion devant la grogne contre la bureaucratie et les maux sociaux qui gangr�nent le pays, on a cru utile de cr�er des sites en ligne, comme le portail e-citoyen, elmouwatin.dz, lanc� en juin 2010, � l�instar de beaucoup d�autres comme e-commune ou e-sant�, pr�sent�s en grande pompe comme des sortes de �guichet unique�, avec pour principale mission de renseigner et d�informer les citoyens. Ainsi, de nombreux textes de r�glementation, �liens utiles� et autres annuaires et guides, en ligne et en �dition papier, guident la navigation du citoyen. Et chaque service renvoie directement vers la page du site concern� Or, sous d�autres cieux, l�int�r�t de tels sites n�est pas seulement d��num�rer les textes de loi, les droits et devoirs du citoyen, mais bien de lui permettre d�obtenir (si besoin est) ses documents (acte de naissance, certificat de r�sidence, redevances et factures), et d�une mani�re g�n�rale toutes la paperasse autant redondante qu�inutile (dont la bureaucratie gourmande en a fait sa raison d��tre et son pain b�ni), � partir de son ordinateur, sans devoir se d�placer� Mais nulle part sur ces sites, il n'est affich� la volont� politique et administrative de r�pondre aux questions lancinantes pos�es par des millions d'Alg�riens : en l�esp�ce, savoir comment ne plus se faire renvoyer d�un bureau � un autre ? Comment faire pour limiter la redondance de papiers � pr�senter, d�autant que les administrations les poss�dent � un titre ou un autre ? Quels sont les recours possibles, lorsqu�un citoyen est victime d�un abus de pouvoir ou n�est pas satisfait du service, en dehors de ces registres de dol�ances d�aucune utilit�, d�s lors qu�aucun contr�le citoyen ne s�exerce sur les suites � donner� La volont� politique alg�rienne rel�ve de la cryptozoologie, science s�occupant d�esp�ces animales n�ayant jamais exist� ou dans la r�alit� est sujette � caution, comme le serpent de mer dont tout le monde parle sans que personne ne l�ait vu, en dehors de t�moignages devenant � la longue des mythes. Les Alg�riens croiront � cette volont� le jour o� le �mythe� prendra une forme r�elle, mat�rialis� par l�instauration de v�ritables contre-pouvoirs susceptibles de lui apporter la contradiction politique !


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