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Les trois morts de Mohamed Boudiaf
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 01 - 2013

Si on avait pr�dit � Mohamed Boudiaf, lorsqu�il fut �lu coordinateur du groupe des 22, qu�il pr�sidera, moins de quarante ans plus tard, aux destin�es d�une Alg�rie m�connaissable, � la t�te d�une institution extraconstitutionnelle � le HCE � cr��e par le Haut Conseil de s�curit� et qu�il serait assassin�, six mois apr�s son investiture, il se serait, incr�dule, franchement, esclaff� de rire, n�e�t �t� son naturel trop s�rieux et tant l��ventualit� d�une aussi tragique issue aurait paru �norme et impensable aux yeux d�un homme de sa trempe qui investissait, avec ses compagnons de lutte, le plus clair de ses forces et de sa pens�e dans la r�surrection du mouvement national et de la pr�paration de la R�volution arm�e.
Ce furent, sans doute, parmi bien d�autres, les trois temps les plus forts de sa vie qui marqu�rent la singuli�re destin�e de ce fis des Hauts-Plateaux de M�sila, � la silhouette longiligne et au visage burin� par les vents de la steppe de son enfance, le verbe haut et clair, ponctu� par une gestuelle ex�cut�e, avec une certaine distinction, par d�interminables mains, toujours ouvertes. Tout le monde sait, pour l�avoir lu ou appris, directement � la source ou � la lumi�re de t�moignages, que, d��u par la r�ponse brutale que la France r�serva aux revendications ind�pendantistes du peuple alg�rien, au lendemain de la d�faite des puissances de l�Axe, � laquelle il contribua, sur le front italien, en qualit� de sous-officier, ce militant pr�coce a toujours occup� la position de cheville ouvri�re au sein du PPA-MTLD et de l�OS dont il fut l�un des premiers adh�rents et animateurs les plus en vue. Ses vieux amis, encore en vie, rapportent qu�il avait pour habitude de se poster, sur le seuil de la Grande Mosqu�e des Mouwahidine, situ�e sur l�ex-avenue Georges-Clemenceau de Constantine, d�guis� en mendiant, couvert de haillons, la panoplie du parfait clandestin, distribuant, sur une s�bile en zinc, consignes et messages cod�s, aux militants du premier carr� qu�il retrouvait, ensuite, aux rendez-vous convenus, � Hamma-Plaisance ou sur le promontoire de Djebel El-Ouahch o� il encadrait avec Larbi Ben M�hidi, Rabah Bitat, Mohamed Belouizdad, Hocine A�t Ahmed, Ahmed Ben Bella et Mostefa Ben Boula�d, les s�ances d�entra�nements militaires destin�es aux membres du bras arm� du parti. Il avait, d�j�, l��toffe d�un conducteur d�hommes et d�un chef intransigeant, dou� d�un sens de l�organisation, unanimement reconnu. Il allait droit au but sans s�embarrasser de circonvolutions ou de litotes dans lesquelles certains amateurs de discours l�nifiants diluaient le sens et la port�e de la cause nationale. Il est vrai que la ville de Constantine, en particulier, la Souika, Aouinet El-Foul et Roud Ouled Braham o� activaient, entre autres, des hommes tels que Abdelhafid Boussouf, employ� au �M�decin du V�tement� de l�avenue du 11 Novembre, Abderahmane Guerras, Mohamed Mechati, Sa�d Bouali, Salim Zertit, Amar Zertit, Abdelmalek Kitouni, Salah Boubnider, Ramdane Benabdelmalek, Brahim Aouati, Kamel Bentalha, Djamel Derdour, Kamel Ali Khodja, Salim Hamou, Hac�ne Boudjenana, Abdeslam Habachi et les Kerouaze, se pr�tait, par sa base sociale pl�b�ienne et la conscience �lev�e de ses �lites nationalistes, � l�entretien et � l�essor d�une activit� militante remarquablement mobilisatrice et efficace qui d�routait la police et l�administration coloniales. Certains de ses confidents de l��poque racontent qu�il se plaisait � dire que celui qui n�avait pas entam� son initiation politique dans le Constantinois, pourvoyeur de la plupart des 22, tra�nera, toujours, un d�ficit difficile � combler. C�est dans la capitale de l�Est alg�rien, plaque tournante du mouvement national, qu�il connut, donc, Larbi Ben M�hidi et Rabah Bitat, des hommes qu�il reverra plus tard, apr�s le d�mant�lement, en 1950, de l�Organisation Secr�te et un passage en France et en Suisse o� il �tendit, pendant deux ann�es, les r�seaux du MTLD. C�est avec eux, Didouche Mourad et d�autres responsables �c�ur�s par les d�chirements du parti, qu�il constitua le CRUA, le Comit� r�volutionnaire pour l�unit� et l�action, le premier jalon lanc� sur la voie qui m�nera au 1er Novembre 1954 d�o� s�exclurent, de leur propre chef, les messalistes, accroch�s aux vieux poncifs d�miurgiques et l�galistes de leur leader, obstin� � diriger le parti � coups d�encycliques excommunicatoires. Titulaire de la carte num�ro 1 du Front de Lib�ration nationale, Tayeb El Watani pr�sida � la direction de la R�volution � laquelle il apporta le souffle de l�unit� des rangs et l�esprit de rassemblement qui permettra, ult�rieurement, avec le concours de Abane Ramdane, le ralliement des Ul�mistes, des Udmistes et des communistes dont certains furent admis, en ao�t 1956 au sein du CNRA, le Conseil national de la R�volution, � l�issue du Congr�s de la Soummam. Premier coup du sort, l�arraisonnement, le 22 octobre 1956, par l�arm�e fran�aise de l�avion marocain qui le transportait avec les membres de la d�l�gation ext�rieure du Front, � destination de Tunis, l��loignera du devant de la sc�ne pour de nombreuses ann�es, quand bien m�me il continua, � partir du ch�teau d�Aulnoy, � inspirer les activit�s de la F�d�ration de France qu�il connaissait parfaitement pour en avoir install� les premi�res structures. Sa nomination, en 1958, en tant que membre du GPRA, le Gouvernement provisoire de la R�volution alg�rienne, puis en 1961, au poste de vice-pr�sident de l�ex�cutif, ne rem�dia, en rien, � son relatif isolement, d�autant que, non seulement la composante humaine, politique et militaire du FLN-ALN connut, du fait de l�atrocit� de la guerre et de ses cort�ges de morts et de d�portations, de grandes modifications, mais encore l�entente entre les �Cinq� �tait loin d��tre parfaite, pour des raisons qui tenaient, � en croire certains, � des incompatibilit�s d�humeur provoqu�es par l�enfermement et pour d�autres, plus s�rieusement, � de profondes divergences sur le cours qu�avait emprunt� ou emprunterait, � l�avenir, l�action politique, diplomatique et militaire sur le terrain, plusieurs correspondances publi�es, apr�s l�ind�pendance, par les historiens, en faisant foi. La v�rit� est que ces divergences �clat�rent, au grand jour, lorsque Ahmed Ben Bella, sollicit� par l��tat-major g�n�ral de l�ALN command� par Houari Boumedi�ne, se d�solidarisa de ses cod�tenus qui refus�rent, � commencer par Mohamed Boudiaf, la proposition des chefs de l�arm�e des fronti�res de se rallier � leur cause contre le GPRA et le CNRA. La course au pouvoir, engag�e, sur fond de dissensions av�r�es, au Congr�s du Front r�uni, en juin 1962, � Tripoli, accentua ces divergences, au point que les groupes de Tizi Ouzou et de Tlemcen o� fut constitu� un bureau politique se d�clarant d�tenteur de la l�gitimit� r�volutionnaire, se livr�rent un combat fratricide qui laissera, parmi les moudjahidine des wilayas II, III et IV, des stigmates durables et m�me des fractures dont l�Histoire post-ind�pendance de l�Alg�rie se ressentira longtemps. Mohamed Boudiaf, fid�le � sa nature de battant et � sa capacit� � rebondir, n�eut d�autres ressources que de cr�er, en automne 1962, le PRS, le Parti de la r�volution socialiste qui tenta, dans l�opposition, de d�fendre des th�ses de gauche pr�sent�es comme la r�elle alternative �� la fatalit� du pronunciamiento� et �au populisme d�un pouvoir usurp� et personnel �. En accomplissant ce saut dans l�inconnu d�une probl�matique mais courageuse h�t�rodoxie, il rompit avec la sacro-sainte unicit� du parti inscrite, dans la capitale libyenne, sur les tablettes du gouvernement de l�Etat par le FLN et d�clara de fa�on ouverte la fin de mission de ce dernier qu�il vouera, quelques ann�es plus tard, au mus�e de l�Histoire, apr�s avoir subi les affres de la d�portation au Sahara, une premi�re mort pour celui qui mit la R�volution sur ses rails. La rupture consomm�e avec ce qui lui semblait �tre plus un moyen qu�une fin, devait ouvrir, d�apr�s ses analyses d�velopp�es dans �O� va l�Alg�rie ?� un ouvrage-cl� dans la connaissance de la crise de l��t� 1962, une nouvelle �re caract�ris�e par le pluralisme, la confrontation des id�es et des choix, dans une totale libert� d�expression et de vote, un syst�me qui ne pouvait �marger � une autre gouvernance que celle de la d�mocratie. Son combat solitaire de pionnier et d��claireur politique ne tarda pas � �tre suivi par deux personnalit�s de premier plan, Hocine A�t- Ahmed et Ferhat Abbas, l�un cr�ant le FFS, le Front des forces socialistes, qui poussa l�opposition jusqu'� la confrontation arm�e, l�autre d�missionnant, avec �clat, de l�Assembl�e constituante, publiant une s�rie d�ouvrages iconoclastes dont �L�ind�pendance confisqu�e� avant que les communistes, �chaud�s par l��chec du socialisme autogestionnaire et le coup d�Etat du 19 Juin, ne se r�solvent, de leur c�t�, � recr�er le PCA sous l�appellation de PAGS, le Parti de l�avant-garde socialiste, successeur de l��ph�m�re ORP, l�Organisation de la r�sistance populaire, un rassemblement de marxistes et de repr�sentants de la gauche du FLN, d�capit�e par le nouveau pouvoir, proclam� �r�volutionnaire�. Cette nouvelle configuration politique qui sera compl�t�e par la constitution, au sein de l�Universit� d�Alger, des premiers noyaux de l�islamisme, signa, d�une certaine fa�on la volont� des courants de l�ancien mouvement national, agglom�r�s au FLN, en 1956, au nom de l�ind�pendance, de reprendre leur libert� d�action et de militer pour la restauration du pluralisme en vigueur sous l�occupation. Une revendication frapp�e d�ostracisme, jusqu�� 1988, par les tenants de la ligne monolithique, �d�positaires du nationalisme des origines�. L�exil en France puis au Maroc conjugu� � l�amertume de l�ingratitude, suite � sa condamnation � mort, en 1964, par un de ses anciens compagnons de lutte, le contraignirent, faute d��chos � ses appels, � abandonner, en 1976, toute action politique, tout au moins dans ses formes partisanes et � se retirer � Kenitra o� il se consacrera � sa famille et � la gestion d�une petite entreprise de mat�riaux de construction. Eu �gard � ce long parcours, jalonn� par l�attachement � la primaut� du politique sur le militaire, par sa d�nonciation du viol de la l�gitimit� des institutions �lues de la R�volution, par sa remise en cause du parti et de la pens�e uniques, son retour impromptu et impr�visible au pays, le 16 janvier 1992, pour diriger une institution coopt�e, � l�appel de l�arm�e et d�un de ses anciens adjoints de la F�d�ration de France, Ali Haroun, ne fut, au d�part, pas tout � fait, compris et ne correspondait pas, a priori, selon les observateurs, au profil du personnage tel que, longtemps, d�crit par El Djarida,
le journal du PRS. Ayant pris soin, dans un premier temps, d�entrer, incognito, � Alger pour prendre la temp�rature des cercles dirigeants qui misaient sur son ancienne aura, en voyant, en lui, l�homme providentiel, il se garda, probablement, de faire conna�tre, d�embl�e, les solutions qui lui apparaissaient les plus appropri�es pour d�nouer une crise qui virait � la guerre civile et que l�Etat, bafou�, attaqu� de toutes parts, n�arrivait plus � ma�triser. Enhardi, d�un autre c�t�, par la reconnaissance du d�ni, certes tardif, dont il fut, par le pass�, la victime expiatoire, il tint � d�mentir, sans trop attendre, tous ceux qui le prenaient pour une marionnette facile � manipuler et il le fit savoir, � travers un programme dont l�inattaquable mot d�ordre fut �l�Alg�rie au-dessus de toutes consid�rations�. D�s lors, les d�cisions, parfois in�gales, se succ�d�rent les unes aux autres, dans une atmosph�re de retour de la confiance dans un discours qui semblait, pour une fois, r�ellement, franc et consensuel. Il mit en route le CCN, le Conseil consultatif national, notant, au passage, la difficult� de r�unir soixante membres honn�tes dans un pays ravag� par le terrorisme, la d�sob�issance civile, la corruption et menac�, dans son unit� et son int�grit�, par �les mafias�. L�id�e d�un RPN, le Rassemblement populaire national, substitut patriotique � un parti du FLN failli, � remiser dans les archives, fut lanc�e et le projet confi� � son vieil ami, membre des 22, Ahmed Boucha�b. A premi�re vue, en agissant ainsi, il donna l�impression de privil�gier une solution politique � la crise, au d�triment d�une solution socio�conomique, quasiment absente de son programme alors que le pays sombrait dans la banqueroute. Dans le m�me temps, il voulait donner � son gouvernement de cohabitation entre islamistes mod�r�s et la�ques, une assise l�gitime, tr�s � cheval qu�il �tait sur la question de la repr�sentativit� et de la l�galit�. Quoiqu�il se laissa acculer � user d�exp�dients auxquels il devait, certainement r�pugner, comme l�ouverture de camps de regroupement au Sud dont il eut, lui-m�me, � p�tir, sous le r�gime d�Ahmed Ben Bella. Changer tout, tout de suite, miser sur la jeunesse, partir en guerre contre la vie de ch�teau, la corruption et ses bunkers, donner un grand coup dans la fourmili�re et remplacer le gouvernement Ghozali, discr�dit�, suite � l��chec des �lections �propres et honn�tes� de d�cembre 1991, par un gouvernement, � la t�te duquel il ne voyait personne d�autre que Sa�d Sadi qui le s�duisit par sa vivacit� et ses formules assassines, tel �tait, au printemps 1992, l�essentiel de ses projections � terme. Sauf qu�il ne disposait, pratiquement, d�aucun pouvoir r�el, autrement que charismatique, celui d�un homme neuf, non impliqu� dans la gouvernance du pass�, ce qui pesait, au final, tr�s peu dans la balance des rapports de force, compte tenu de la complexit� des enjeux du moment, du nombre des intervenants dans la sph�re politique et de l�isolement total de l�Alg�rie sur la sc�ne internationale. De plus, ses conseillers, faiblement instruits des donn�es r�elles de la situation, ayant v�cu, longtemps, � l��tranger, peinaient � se mettre en phase avec les aspirations de la population en mati�re d�emploi et d��ducation. Ce n��tait pas, il est vrai, faute d�avoir essay�. Cependant, les passerelles entre El- Mouradia et le peuple, m�me acquis, �taient encore mal assur�es. Il fallait du temps mais le temps �tait compt�. La course-poursuite � laquelle il donna le coup de starter, six mois auparavant, avait atteint ses limites. Et c�est en pleine �lan vers la r�surrection tant esp�r�e qu�il tomba, le 29 juin 1992, sous les balles du sous-lieutenant Lembarek Bouma�rafi, alors que, de la tribune de la maison de la culture de Annaba, il exhortait le peuple, devant les cam�ras de l�ENTV, � la science et � la connaissance, valeurs fondamentales de l�Islam et v�ritables cl�s de la d�livrance pour sortir le pays de l�obscurantisme pr�n� par l�int�grisme. Le choc n�eut d��gal que la monstruosit� du parricide commis contre un vieux r�volutionnaire d�sarm� et sans d�fense. Le peuple fut sid�r� face � cette seconde mort imm�rit�e. Ses fun�railles populaires furent � la hauteur de sa grandeur, consacr�e par l�empathie et le fervent recueillement que lui manifest�rent les Alg�riens, notamment le petit peuple qui reconnaissait, en lui, son chef naturel. Slimane Amirat, l�ardent d�mocrate qui avait dit qu�� choisir entre l�Alg�rie et la d�mocratie, il choisirait l�Alg�rie, en fut tellement pein� qu�il d�c�da, frapp� par une crise cardiaque, alors qu�il se recueillait devant sa d�pouille mortelle. Quelle destin�e digne des grandes trag�dies grecques que celle de ce fils de l�Alg�rie qui n�avait d�autre motivation que de servir l�int�r�t de la patrie ! O� est pass� son exemple, en ces temps de concussion et de marchandages ? Il n�en reste que des fondations et un souvenir, graduellement, effac� par le temps qui fit passer ce crime par pertes et profits, la commission en charge de son �lucidation, pr�sid�e par Ahmed Boucha�b, d�c�d� en 2012, ayant �cart� la th�se de l�acte isol� sans avoir �t� au-del� de ce constat et sans avoir fait toute la lumi�re � laquelle le peuple alg�rien �tait en droit de s�attendre. Justice n�est, donc, toujours pas rendue. C�est, l�, la troisi�me mort de Mohamed Boudiaf. L�Alg�rie peut-elle �tre aussi ingrate envers ses enfants prodigues ? Aujourd�hui qu�elle a pans� ses blessures, sans avoir totalement fait son deuil d�une trag�die qui avait failli l�emporter et dont elle observe, avec circonspection, la reproduction dans un certain nombre de pays voisins, a-t-elle, r�ellement, en main, les moyens de se d�passer et de r�ussir � construire la r�publique sociale et d�mocratique sans avoir � compter, ind�finiment, sur l�homme providentiel ? Elle b�n�ficie, en tous les cas, d�atouts majeurs pour passer au stade d�une gouvernance d�barrass�e de l�esprit du Grand Fr�re, fond� sur le r�tablissement des valeurs politiques authentiques, le patriotisme et les comp�tences de sa jeunesse, la vari�t� de ses cultures et de ses langues, la libert� d�entreprendre et la justice sociale. Pour rendre au serment de Novembre une nouvelle vie. La vraie.
B. M.
P. S. : J�ai lu avec int�r�t l�ouvrage �dit�, r�cemment, chez Amalth�e � Paris, par Ma�tre Zohra Mahi et consacr� � la conqu�te et � l�occupation coloniales, sous le titre de �Alg�rie- France : 50 ans apr�s. Que reste-t-il de nos guerres ?�. Ecrit avec didactisme, il gagnerait � �tre mis � la disposition des jeunes Alg�riens, int�ress�s � prendre, utilement et de fa�on tr�s accessible, connaissance de leur pass�.


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