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De quelle constitution avons-nous besoin ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 06 - 2013

Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire.» (1984, roman de George Orwell).
L'émergence des constitutions a ouvert des brèches dans la citadelle des Pouvoirs de droit divin (monarchie). Les constitutions modernes ont fait du peuple la source unique de la souveraineté. Mais cela n'a pas mis fin pour autant aux confrontations entre ceux qui font du surplace et les «rêveurs» qui eux ne sont pas effrayés par les turbulences de la vie. L'arme du Rêve a été utilisée par nos aînés pour se préparer à libérer le pays. Leur idéal s'est matérialisé et aujourd'hui encore leur épopée hante notre présent. Cette mémoire et ces souvenirs ne doivent pas cependant nous empêcher de concevoir autrement les rêves d'aujourd'hui. Il faut se rappeler ce que dit le philosophe Héraclite (cet ancêtre de la dialectique), à savoir que les faits (le réel) d'hier et d'aujourd'hui ne flottent plus dans la même eau. Car la frontière du temps n'est plus gardée par les mêmes sentinelles.
Hier c'était l'épopée de la guerre de Libération avec ses héroïnes et ses héros... Djamilia Boupacha, Djamila Bouhired, Larbi Ben M'hidi, Zighoud Youcef, Abane Ramdane et tous ces anonymes de l'armée de l'ombre, morts pour que le pays retrouve ses couleurs. Cette époque (devrait) doit servir de boussole pour évaluer les montagnes de problèmes à résoudre face à des forces hibernant dans leurs médiocres certitudes. Que nous dit cette boussole ? A mesure que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve devient nécessaire (l'artiste-philosophe Guy Debord). Hier c'était la nécessité de combattre le colonialisme, aujourd'hui cette boussole nous invite à ne jamais croire que l'injustice est invincible. Je sais qu'il est facile d'énoncer pareille formule comme je sais que la lutte contre cette maladie sociale implique de l'intelligence, du courage et un idéal. Je sais aussi que c'est la conjugaison du possible et du nécessaire qui devrait servir de socle sur lequel doit reposer la constitution dont nous avons besoin. Pour l'heure, le présent est encombré par un discours qui se résume en une litanie de slogans indigestes. Mais les mots creux ne font plus recette dans une société qui a appris à se méfier des somnifères de la démagogie. Il existe heureusement un autre son de cloche dans le pays. C'est cette confrontation entre les discours de la fatalité et ceux de la vérité des choses qui ont permis au pays de rester debout en dépit des cyclones qu'il a subis. La tempête qui continue finira par imposer une constitution qui protégera le pays et garantira les droits des citoyens. Car la constitution n'est point une affaire de spécialistes. Elle est par essence un acte politique, qui regarde donc le peuple. Sans celui-ci, elle n'est qu'une coquille vide.
A quoi avons-nous assisté jusqu'à présent dans l'attente d'une prochaine et hypothétique constitution ? A une convocation des partis et personnalités politiques pour qu'ils remettent leurs copies à un délégué qui les transmettra à qui de droit. Le peuple pendant ce temps a été cantonné dans l'ignorance des idées des uns et des autres. Quelques bribes de ces idées sont distillées dans la presse de temps à autre pour entretenir un semblant de vie politique. Le temps passant accouche d'une souris. Un groupe d'experts est désigné pour habiller juridiquement les avis et suggestions préalablement travaillés, nettoyés par des conseillers des affaires politiques. Où sont ces débats publics où la société montrerait et démontrerait sa vitalité, son intérêt et son plaisir à infléchir le cours des événements ? Dans un débat public, le peuple aurait bien aimé connaître les attraits, les secrets et les difficultés de tel ou tel régime politique. Régime présidentiel, semi-présidentiel ou régime parlementaire. Ces régimes existent ailleurs, ils répondent à une histoire et sont nourris par une culture.
Le régime présidentiel par excellence est celui des USA. Régi par une constitution issue d'une révolution anticoloniale, ce pays jouit d'un système savamment élaboré. Un président doté d'un immense pouvoir mais qui ne peut en abuser grâce à un Congrès qui peut contrecarrer lesdits abus. Ceci dit, cette architecture est loin d'être d'une divine harmonie. N'oublions pas que ce pays a connu une guerre civile avant d'interdire l'esclavage et l'inscription «interdit aux Noirs» ornait les cafés-restaurants, les bus et les bancs publics il y a à peine une quarantaine d'années. Ayant aussi à l'esprit les innombrables guerres d'agression menées contre des pays pour assouvir les besoins d'une économie prédatrice. La grandeur de la Constitution de Georges Washington n'a pas empêché un autre George (Bush) de mentir et de permettre à une prison américaine (Guantanamo) d'échapper aux lois américaines. Et cerise sur le gâteau, un ex-agent de la CIA a révélé ces jours-ci la surveillance policière de la planète tout entière par un service gouvernemental sorti du fameux roman de Orwell, 1984.
Quant au système semi-présidentiel français, il est le produit de la débandade militaire et politique durant la Seconde Guerre mondiale. De Gaulle profitant de son retour au pouvoir en 1958 en pleine guerre d'Algérie annonça une nouvelle et future Constitution dont il avait tracé les traits en 1946 à Bayeux. De Gaulle trouva donc une astuce pour à la fois respecter le rôle des partis et garder la main sur la politique étrangère et les forces armées pour que son pays demeure à la hauteur de son statut de puissance membre du Conseil de sécurité de l'ONU. Il laissera avec une sorte de dédain les affaires intérieures au Premier ministre. «L'intendance suivra», disait-il. Ce régime à la française peut supporter une cohabitation entre un président et un Premier ministre. Comme dans le cas des USA, la Constitution française n'a pas empêché moult scandales dans tous les domaines. Le dernier en date concerne le détournement par Sarkozy du «Non» au référendum sur le traité européen. Pareil exemple fait penser à la phrase de Bertolt Brecht qui ironisait sur ceux qui ont peur du peuple : «Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple.»
Quelles leçons tirer des Constitutions de ces deux pays ? Que toutes les constitutions sont soumises aux idées dominantes de leur époque (cas de l'esclavage aux Etats-Unis et guerres coloniales de la France). Que toutes les constitutions sont soumises au temps qui passe et ne résistent pas aux dynamiques de l'Histoire (politique, économie, science, culture). Les pays ont trouvé comme parade à ces dynamiques des amendements à la constitution, encore faut-il que le peuple reste l'unique source de la souveraineté nationale.
Revenons à l'Algérie. Le pays n'a connu qu'un régime hyper-présidentiel sans aucun contre-poids. On connaît le résultat. Quant au régime semi-présidentiel qui suppose une cohabitation entre un président et un Premier ministre de bords politiques opposés, cela ne va pas de soi. Imagine-t-on chez nous un tel régime, en l'absence d'institutions étatiques et politiques dignes de ce nom ? On aimerait connaître les recettes ou les ruses qu'inventeraient «nos» partis politiques pour faire cohabiter l'eau et le feu.
Du reste, le pays a failli expérimenter cette cohabitation avec un Chadli à la présidence et un Abbas Madani éventuel Premier ministre en 1992. On sait ce qu'il est advenu de cette hypothèse. Les historiens, un jour, cerneront certainement les considérations politiques et rapports de force du moment ainsi que la psychologie des acteurs politiques. Ils n'omettront pas aussi de décrypter la culture politique du pays héritée de la guerre de Libération dans laquelle ils ont baigné. Une culture qui met sur un piédestal la force des armes et méprise les armes de la critique propres aux règles contraignantes de la démocratie. C'est la somme de tous ces facteurs qui a empêché l'hypothétique aventure de la cohabitation en 1992 que les deux camps opposés ne voulaient pas du reste expérimenter. A travers les expériences des autres pays et celle du nôtre, on s'aperçoit qu'une constitution est le produit de paramètres de natures différentes qui s'enchevêtrent et que seul une intelligence politique et un peuple souverain peuvent démêler pour résister aux secousses politiques inévitables des sociétés et d'un monde qui anticipe plutôt la guerre que de se bercer des joies de la paix.
En clair, nous avons besoin et nous devons avoir un regard rigoureux sur le politique et un esprit imaginatif quant à la mise en pratique d'un projet politique qui fasse rêver les citoyens. Car, quand un peuple est nourri par un rêve qu'il a enfanté, ce peuple se fixe un horizon débarrassé des mirages. Ces mirages n'ont fait que naître le désespoir et sa traduction dans nos rues en violence et en émeutes. Cet abandon social, fruit du mépris des classes pauvres, pousse les gens à exprimer leur rage de la pire des manières. Ils ne demandent pourtant pas la lune mais un peu de soleil dans leur beau pays. Ils veulent se réveiller un matin en montrant fièrement une carte de citoyenneté. La même fierté que le jour de l'indépendance quand tous, nous arborions le drapeau algérien comme notre nouvelle et enfin carte d'identité. Oui nous étions heureux et fiers d'avoir eu la peau de la forme hideuse de la domination étrangère. Aujourd'hui on se dit avec raison, qu'en 2013, cette carte d'identité doit être complétée par le brevet de la citoyenneté. Celle-ci mesure le degré de liberté politique d'un pays ayant décrété hors-la-loi les actes arbitraires. Après 50 ans d'indépendance, ce n'est que justice et nécessité pour une jeunesse délaissée et empêchée de donner libre cours à ses possibilités et à ses envies. Libérée des pesanteurs du présent, elle serait un atout majeur dans la construction du pays. Cet objectif n'est pas impossible pour un pays immense, au sous-sol gorgé de richesses. Mais ce rêve ne se concrétisera qu'avec l'intelligence de la situation, l'obstination et la détermination sans lesquelles on ne peut être acteur de sa propre histoire. Alors soyons déterminés et obstinés et rêvons d'une société où les citoyens et les militants ont des têtes remplies des nourritures de l'esprit et d'un idéal autre que celui de lorgner vers un poste convoité. Car la beauté et le délice des saveurs de l'esprit aident à «guérir» de l'addiction du pouvoir à tout prix. L'histoire a accueilli et accueillera dans ses mausolées, beaucoup de femmes et d'hommes qui ont abdiqué ou démissionné. Ces femmes et hommes d'Etat (d'époques et de convictions politiques différentes) ont mis ainsi au-dessus de leur ego et vanités l'avenir, la gloire et l'histoire de leur pays. Sans remonter dans l'Antiquité, citons le cas du roi Charles Quint, plus près de nous, Edouard VIII d'Angleterre, de Gaulle, Fidel Castro, l'immense Mandela et dernièrement la reine Béatrix des Pays-Bas (la Hollande) et le pape Benoît XVI qui ont préféré s'effacer pour ne pas rater leur entrée dans l'Histoire. Toutes ces abdications et démissions nous renseignent sur la qualité et l'éthique des rapports des sociétés avec l'HISTOIRE et le POLITIQUE.
Aurons-nous un jour le droit et le plaisir d'assister à une transmission du pouvoir entre deux présidents de la République issus d'une élection fruit d'une véritable alternance. Le pays aura un meilleur moral quand il ne verra plus son président destitué par un coup d'Etat (Ben Bella), mourir de maladie (Boumediène), ou bien carrément assassiné (Boudiaf) devant les télés du monde entier, forcé de démissionner ouvertement (Chadli) ou bien encore poussé vers la sortie (Zéroual).
L'expérience de l'alternance qui ne souffrirait pas la moindre irrégularité signifiera que le peuple s'est approprié sa souveraineté. Que le pays est doté d'un véritable parlement dont le souci est de faire respecter cette souveraineté. C'est enfin un signe et un avertissement pour dire à la race des pickpockets qu'elle ne peut plus confondre ses comptes en banque avec les caisses du Trésor public.
Voilà la constitution dont nous avons besoin, dont je rêve en tout cas. Une constitution qui permet au peuple d'avoir le dernier mot contre des ennemis qui tentent d'entraver sa marche vers toujours plus de démocratie. Cet objectif est possible quand la pensée se fraie un chemin en 3 D, en trois dimensions pour saisir les multiples faces du réel en mouvement, c'est-à-dire l'Histoire, le présent et les aspirations du futur.
A. A.
* Réalisateur du film Un autre monde est en train de naître.
P. S. : le cinéma en 3D permet à l'œil d'appréhender l'espace dans ses différentes dimensions en donnant l'impression au spectateur d'être au milieu de cet espace (une illusion supplémentaire qui vient s'ajouter à d'autres grâce à la magie du cinéma où la fiction est confondue avec le réel comme dans «l'entrée du train dans la gare de la Ciotat» des frères Lumière). Je préfère cette incitation à être un acteur du réel à la 3 G, toujours plus de vitesse des ordinateurs et autres smartphones qui nous scotchent devant un écran jusqu'à perdre le sens du réel, une maladie qui commence à inquiéter parents et médecins.
De toutes façons, l'Histoire n'obéit pas aux mains magiques des ingénieurs de Syllicon-Valley (Californie).


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