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C'est ma vie
Un œil sur mon école
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 06 - 2015

Un «C'est ma vie» pas uniquement dédié à un seul destin mais qui va conter plusieurs tranches de vie ; celles des «petits» employés d'une école primaire sur les hauteurs d'un petit village de Kabylie.
Moi, je suis une enseignante, simple fonctionnaire au service de l'Etat. Je me rends quatre jours sur sept à mon lieu de travail pour «instruire» et «éduquer» trois classes d'enfants âgés de sept à treize ans. J'ai commencé ce travail que certains qualifient d'«honorable» et d'autres de «médiocre» il y a de cela quatre années ; peu de temps durant lequel j'ai fréquenté pas moins de trois établissements. Des écoles ayant toujours un point commun, leur éloignement des villes et surtout la marginalisation dans laquelle leurs «usagers et employés» sont plongés. En effet, dans chacune de ces trois écoles primaires, je me suis formée à l'enseignement des petits mais aussi, et surtout, je me suis rempli la tête et l'âme des malheurs et des souffrances de personnes de différents âges, conditions et niveaux. J'ai vu des enfants qui regagnaient l'école à sept heures du matin pour ne la quitter qu'à seize heures, des employés d'APC qui travaillaient plus de vingt-cinq heures par semaine pour un salaire, non, un pourboire, de six mille dinars. J'ai aussi vu des employés du pré-emploi qui passaient près de sept heures par jour dans les bureaux des directeurs ou dans les salles de classe ; secrétaires ou professeurs remplaçants, contre mille deux cents dinars mensuels, au meilleur des cas. Enfin, j'ai vu des enseignants de tous bords et de tous horizons, anciens maîtres en pré-retraite qui s'occupaient des classes de préscolaire parce que fatigués d'enseigner, d'autres au contraire ayant cette passion de transmettre s'occupent de leurs classes durant cinq années d'affilée, des professeurs en fonction depuis une décennie mais qui ne savent toujours pas faire leur travail sans tabasser les enfants des autres et enfin, des «frais émoulus» qui sortent à peine des écoles et universités qui travaillent sans orientation ni formation suffisante pour se sentir à leur aise devant ces ribambelles d'écoliers installés derrière leurs pupitres pour capter le savoir. C'est ma vie ! A travers elle, je fais connaître les coulisses de l'école primaire algérienne, celle dont seuls ses habitués connaissent les rouages et les secrets et dont les responsables feignent d'ignorer, s'entêtant à croire que les réformes passent par la forme des cours et non pas par leur contenu. La parole sera ainsi donnée à quelques représentants de ce cher et adorable système scolaire auquel nous confions nos petits anges et le jugement de chacun se fera selon sa compréhension personnelle. Sana et Nedjma sont cousines : «On est devant le portail de l'école à sept heures et quart. Nous habitons dans la même maison, moi, Sana, je vais souffler ma onzième bougie en juin alors que Nedjma a fêté son anniversaire en janvier, elle a eu douze ans. Pour venir à l'école, nous devons nous lever à six heures et demie, ma mère me réveille pour que je mange quelque chose et très vite, je me retrouve dehors, le cartable sur le dos à attendre le bus scolaire qui passe à sept heures pile. C'est notre rituel matinal, rejointes par quelques autres enfants des environs. On se retrouve devant le portail de l'école à sept heures et quart et nous y passons le reste du temps à jouer ou à parler. Heureusement qu'il y a ‘notre olivier' qui nous protège lorsque la pluie tombe mais pour le froid, il n'y a rien d'autre à faire que de supporter, et on supporte. En classe, ce n'est pas toujours agréable, je ne veux pas dire que je n'aime pas l'école ; j'adore les mathématiques et le français, mais j'ai parfois tellement froid que mes dents claquent. Oui, c'est vrai, comme nous l'a dit la directrice une fois, la classe qui nous accueille est belle et propre mais comme elle est très grande, elle demeure toujours glacée. En plus, le chauffage n'est pas toujours allumé ; je sais que parfois, il n'y a pas de mazout, alors, je m'assois sur mes mains, je garde mon manteau et mon bonnet même mouillés et j'essaye de suivre les explications de la maîtresse pour avoir de bonnes notes, car oui, moi autant que ma cousine Nedjma, sommes toujours parmi les premiers de la classe. Ce que je déteste par contre, c'est la fin de la journée, lorsque la cloche retentit et que l'on doit ramasser nos affaires et rentrer chez nous ; je ne dis pas que je n'aime pas rentrer à la maison, oh non ! Je dis juste que pour rentrer chez moi, moi, Nedjma, et nos camarades devons parcourir une très longue distance. Nous marchons près d'une heure, et même quand les bus passent devant nous, chargés comme des mulets de nos cartables trop lourds, rares sont ceux qui s'arrêtent pour nous emmener. Heureusement pour nous que notre village est peuplé de papillons et parsemé de fleurs ; on s'amuse à en cueillir, à jouer et à papoter en chemin. L'année prochaine, j'irai Nedjma et moi au collège, je sais qu'on prendra le bus scolaire pour y aller mais je sais aussi, je le tiens de ma grande sœur, que le retour est encore plus difficile car on devra parcourir le double du trajet pour arriver à la maison.»
DJAMEL, HOURIA ET LES AUTRES : LES GENS DE L'OMBRE
«Moi, c'est Houria, j'ai trente-cinq ans et je travaille dans cette école depuis cinq années déjà, j'ai suivi une formation en secrétariat et grâce à la chance et à quelques connaissances auprès des autorités de ma ville, j'ai réussi à décrocher un contrat d'emploi de jeunes renouvelable chaque année. Chaque jour, je viens à 8h et j'effectue nombre de tâches administratives, je fais parfois office d'adjoint au directeur puisqu'en son absence, je prends en charge les doléances et les demandes des professeurs, parfois aussi je deviens enseignante : quand un prof est absent, on me demande de m'occuper de sa classe, je donne des petits exercices ou je corrige ceux qui ont été entamés. J'aime bien ce travail mais ce qui me gêne, c'est l'incertitude du lendemain. Je travaille d'année en année sans être sûre d'avoir de la chance l'année d'après. Mon second problème est financier, je perçois 8000 DA par mois et je ne vous cache pas que cette somme ne sert qu'à couvrir les petites dépenses mineurs de transport, j'abats près de sept heures de travail par jour et en retour, je reçois juste de quoi survivre et aider mes pauvres parents.» «Moi, je m'appelle Djamel, père de deux enfants, je suis employé de cuisine dans cette école primaire depuis quelques années déjà. Mon travail à moi est comme qui dirait, polyvalent, c'est-à-dire que je travaille partout où on a besoin de moi. Dans la cuisine, je suis aide-cuisinier, j'épluche et je prépare les légumes qui serviront aux repas des enfants, je mets le couvert et je coupe parfois le pain. Cette tâche, je la partage avec une autre employée. Après le repas, je m'occupe de la vaisselle puis je nettoie les pièces de la cantine. En dehors de cela, je m'occupe des menus travaux de maintenance et de gardiennage avec un autre employé de l'école ; je nettoie la cour, je surveille le portail ou encore je lave les salles de classe. Ce travail, je le fais avec plaisir puisqu'avoir un emploi de nos jours est une vraie bénédiction, mais c'est aussi un travail difficile et contraignant surtout vu le maigre salaire que je perçois : 6000 DA, ni plus ni moins pour essayer de faire vivre ma petite famille, j'avoue que je n'y arrive pas du tout, je cumule les crédits auprès des commerçants qui finissent par effacer mon ardoise sachant que je ne pourrai pas rembourser, les enseignants aussi m'aident parfois en me donnant leurs vieux vêtements ou quelques aides financières. Avec cela, j'ai réussi à me faire accepter comme commis de café après mes heures de travail à l'école, je vais au village voisin où je finis ma longue journée. Mon seul espoir actuellement est que les autorités me signent un contrat à durée indéterminée et qu'on décide enfin de revoir mon salaire qui, pour certains Algériens, n'est que de l'argent de poche. Je veux pouvoir faire vivre mes proches dignement mais franchement, pour le moment, je vis grâce à la générosité des autres.» Ainsi, et si en façade, les sourires masquent les blessures du cœur, le regard, lui, n'est jamais trompeur, et révèle au monde une existence faite de privations et de difficultés mais aussi d'espoir et d'attente envers une vie qui n'a, pour l'instant, donné que très peu en retour !


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