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6e Festival international du film engagé
Guzman, artiste de l'infime et de l'infini
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 12 - 2015

A deux jours de la clôture, la compétition documentaire de ce 6e Festival du film engagé s'est vu propulsée sur des hauteurs assez intimidantes pour les autres films en lice. Le bouton de nacre, dernier film de Patricio Guzman, est une œuvre d'orfèvre !
C'est devant une salle comble que le documentaire Le bouton de nacre du réalisateur chilien Patricio Guzman a été projeté mercredi soir à Alger. D'une goutte d'eau emprisonnée depuis trois mille ans dans un bloc de quartz aux profondeurs océaniques où git le souvenir des suppliciés de Pinochet, nous entamerons un voyage qui défie le temps et la tyrannie du rationnel avec comme seul fil conducteur, la ligne invisible de l'eau qui transcende les époques et les lieux et crée un récit historique sans nul autre pareil.
Tout est sorti de l'esprit d'un conteur hors-normes qui manie aussi bien la magie des légendes amérindiennes que le sens du romanesque cher aux chroniqueurs anciens. Bouton de nacre est à la fois rigoureux, évanescent et charnel à l'image de ses trois parti-pris thématiques partant d'une même source : l'eau. D'abord, la littérature cosmique qui peut paraître gonflante en ces temps où l'écologisme bon marché se gave d'alibis esthétisants venus de l'espace ! Mais ce serait sans compter le génie narratif de Guzman qui prend son point d'ancrage dans l'immensité de l'univers pour nous transporter, subtilement, vers l'infime et l'infiniment humain.
On dit que l'eau nous est venue d'une comète qui aurait transpercé l'atmosphère il y a des millions d'années mais ce sont les hommes qui décideront de la suite. Ici, il s'agit d'abord des Indiens de Patagonie, au sud du Chili, qui durant des millénaires vivront en totale symbiose avec l'océan parce qu'ils le considèrent justement comme un pont métaphysique avec les étoiles. Ensuite, les premières expéditions, la colonisation européenne, les génocides et la perversion des cultures et de la nature.
L'eau gardera en mémoire les maladies dévastatrices inoculées par les Blancs aux autochtones, les chasseurs d'Indiens aux meurtres tarifés, le verrouillage de la mer et la mise en cage des nomades. Comme la minuscule goutte tremblante sur une feuille d'arbre, les glaciers bleus frémissent et miment un volcan de colère tandis que l'être humain continue ce qu'il sait faire de mieux : créer la laideur et l'ériger en lois universelles ! Or, le film ne sera jamais une litanie plaintive devant la cruauté et la bêtise de l'espèce humaine ni d'ailleurs un chant mièvre sanctuarisant la nature ; il gardera constamment ce regard tendre sur les hommes et ne cessera de questionner leur aptitude paradoxale à créer la vie et la mort, le beau et le difforme... Et ce sont ces mêmes yeux interrogateurs qu'il posera sur l'époque Pinochet et notamment les corps lestés avec des rails et jetés à l'océan du haut d'un hélicoptère.
Le réalisateur mène sa barque avec une apparente envie de se laisser dériver au fil des vagues mais tout dans son film est minutieusement calibré et pesé de manière à ce que ces imbrications d'images, de voix et de sons ne soient plus un tour de passe-passe narratif mais l'évidence même.
Des «Patagons», il reste vingt survivants dont trois parleront à la caméra de Guzman, à l'instar de l'inoubliable Gabriela qui racontera sa dernière traversée en langue kawésqar (aujourd'hui pratiquement disparue), faite de claquements de langue et de ruissèlements de lettres.
Des détenus politiques de l'île de Dawson, on écoutera également quelques survivants qui relateront paisiblement ce que leurs corps ont subi tandis que Guzman s'incruste dans les fragments d'un arbre calciné pour mimer la torture. Et pendant ce temps-là, les télescopes géants installés dans le désert chilien poursuivent leur rêve fou de pénétrer le Cosmos qui, lui, a peut-être renfermé un jour une histoire semblable à celle de ce pays...
Entre une goutte charnue réfractant sensuellement la lumière et ce bouton de nacre retrouvé sur le rail qui a jadis lesté un militant politique au fond des eaux, en passant par ces petits points blancs qui ont serti les corps nus des autochtones, nous aurons traversé non pas une simple Histoire tourmentée mais une géographie viscéralement poétique constamment bercée par la magie chamanique de la métaphore et une harmonie globale qui n'est pas loin de l'état de grâce.


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