Invité du forum El Moudjahid jeudi, le ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels a estimé qu'optimaliser l'adéquation des spécialités délivrées par son département avec les besoins réels du marché est entre les mains de la formation par apprentissage. Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Avant d'aborder le sujet qui «nous préoccupe», dit-il, Mohamed Mebarki a précisé que la rationalisation des moyens humains et équipements face à la hausse de la demande sur la formation et l'enseignement professionnels n'est pas «une restriction». Selon lui, il s'agirait d'un mode de gestion efficient de ces derniers. Revenant au sujet, le ministre a assuré que la politique menée actuellement, à généraliser la formation par apprentissage, n'est pas uniquement une question de «faire comme tout le monde». Si ce mode a fait ses preuves partout ailleurs, cela n'est pas le fruit du hasard, a-t-il estimé. Effectivement, cette façon de faire admet bon nombre d'avantages pour toutes ses parties prenantes. Elle est non seulement basée sur «un poste réel de travail», pour la grande majorité des cas, mais elle permet aussi d'offrir des diplômes complètement «fonctionnels» à la fin de leur formation. Puisque, rappelle-t-il, 80% de la durée de celle-ci est passée en entreprise. La rationalisation des moyens sort également comme un atout non négligeable de cette équation ; car permettant la «libération des postes d'accueil» au niveau des centres de formation. Il est vrai que la formation par apprentissage est la formule qui coûte le moins cher à l'Etat, cependant elle est la plus «efficiente» vu qu'elle répond exactement aux besoins du marché du travail. Elle délivre, en plus des connaissances théoriques, de véritables «compétences et savoir-faire». C'est pourquoi le ministère de tutelle «œuvre à promouvoir» ce type de formation qui ne représente que 39% de la plateforme globale actuellement. Néanmoins, M. Mebarki dit qu'un pourcentage supérieur à 60% est ce qui est visé désormais. Hormis les quinze conférences régionales consacrées à ce principe, cet objectif n'a pas encore bénéficié d'un délai de réalisation concret. Des pôles d'excellence en réflexion ? Il est vrai que les pôles d'excellences déjà existants pour le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels se comptent sur les doigts d'une seule main aujourd'hui, a avoué le ministre. Toutefois, des centres d'excellence spécialisés ou thématiques et un éventuel enseignement supérieur de la formation professionnelle sont le plan qui est en étude au niveau du ministère, à l'heure actuelle, selon M.Mebarki. Un plan qui doit se faire en collaboration avec les différents ministères concernés : agriculture, tourisme, TIC, enseignement supérieur sont, entre autres, les concernés. Ceci en précisant que son ministère n'est pas chargé de fournir une main-d'œuvre qualifiée pour la Fonction publique uniquement mais pour «l'ensemble de l'économie nationale». Etant donné que le secteur privé est «complémentaire», selon lui. Par ailleurs, la problématique qui demeure relativement «complexe» à gérer est cet écart conséquent entre les «sans niveau scolaire» et ceux ayant atteint le BEM ou le bac lors de leur cursus scolaire. La difficulté ne réside pas dans le diplôme en soi. Mais dans le fait que la première catégorie est susceptible d'ignorer certaines notions fondamentales que comprendrait probablement la formation à laquelle elle s'inscrit. D'où les 110 000 postes qui sont mis à sa disposition pour «une formation pédagogique courte», d'à peine six mois, a-t-il rajouté. Mais cela ne pallie pas toutes les lacunes accumulées. Parmi les 100 inscrits en primaire, seulement 4 ont leur bac, selon la ministre de l'Education. C'est, effectivement, à ce stade qu'est fortement ressentie «l'inquiétante déperdition scolaire». Cette donnée est d'autant plus redoutable puisqu'elle n'est qu'une estimation et non une étude de l'ampleur de ce phénomène.