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Tendances
L'écrivain algérien, ce mal-aimé !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 07 - 2016


Youcef Merahi
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J'ai été intrigué par le titre d'un essai, Kamel Daoud : Cologne contre-enquête, paru aux Editions Frantz Fanon, cette année, dans la collection «Mise au point», sous la signature d'Ahmed Bensaâda, titulaire d'un doctorat en physique de l'Université de Montréal. Sur la couverture, il y est indiqué «essai» ; j'ai mis mes livres du moment de côté et j'ai entamé la lecture de ce qui m'avait semblé, au préalable, être une étude critique du roman de Kamel Daoud. Plus j'avançais dans ma découverte, plus je suffoquais devant la virulence de l'attaque frontale, tranchante, dérangeante, sans circonstance atténuante et sans appel. Ce ne me semble pas être un essai, mais plus un pamphlet contre cet écrivain. Une attaque en règle. Plus je tournais les pages, plus je trouvais que l'écrivain algérien reste l'éternel mal-aimé. Remontons le temps, pour voir !
En son temps, Mouloud Feraoun a été vilipendé, parce qu'il a osé écrire, et surtout publié, Le fils du pauvre. Il a été tour à tour écrivain régionaliste, écrivaillon, instituteur égaré dans la littérature, écrivain assimilationniste et, le plus grave, écrivain «tiède» face à la Révolution de 1954. Des nationalistes, dont le nationalisme dépasse les cent pour cent, il est inutile de citer des noms, ont ordonné, à cette époque, qu'il fallait écrire des romans où la réalité dépasserait le mythe. Cela n'a pas suffi ! Malgré qu'il ait été assassiné, la veille du cessez-le-feu, par la pire des violences, celle de l'OAS, Mouloud Feraoun n'a pas cessé de déranger des consciences, dont le nationalisme me nargue, me perturbe et m'inquiète, car il s'apparente à un totalitarisme à la soviétique. Puisque jusqu'à aujourd'hui, il se trouve des écrivains qui ne cessent de le martyriser, au-delà de la mort.
Je ne dirai rien d'Assia Djebar, ni de Taos Marguerite Amrouche. L'une a écrit La soif, en 1958, donc au moment où la guerre battait les blés de l'injustice coloniale ; et la seconde est chrétienne, donc non admise en terre d'Islam. Si Taos est restée proscrite en son pays, ainsi que son frère Jean El Mouhoub, à ce jour aucune décision officielle n'est tombée pour mettre son nom sur le fronton de la maison de la culture de Béjaïa ; Assia Djebar, elle, illustre inconnue en terre algérienne, n'a reçu le bouquet de fleurs que le jour de son enterrement. Comble de l'ironie ! Alors qu'en France, elle a été admise parmi les «Eternels». S'il est vrai que «la lumière ne se fait que sur les tombes», il m'est permis de dire que chez nous, même les tombes sont difficiles à trouver.
Tahar Djaout a ouvert la liste macabre des intellectuels assassinés dans les années 1990. Journaliste de grand talent, écrivain racé, poète des grands chants, il a dominé – dans une humilité désarmante – la scène intellectuelle de notre pays. Attachant, Djaout a pris le risque de rester, tout comme Feraoun, ici, à côté de sa famille, malgré les menaces de mort écrites. Il en riait, disaient certains de ses proches. Il avait un journal, Ruptures, à faire sortir. Un roman à terminer, Le dernier été de la raison. Il y avait la maman à qui il rendait visite régulièrement en ce village d'Oulkhou. Il n'empêche, il fut assassiné. Parce qu'il était «communiste», déclare un de ses assassins. Laissez-moi rire ! Pire encore : «Il influait négativement sur les musulmans.» Rien que ça ! Le stylo provoque-t-il les mêmes dégâts qu'un pistolet automatique ? Le drame dans tout cela, il s'est trouvé un écrivain qui déclara : «Il est mort pour la France.» ça ne vous rappelle pas l'anathème (l'insulte ?) lancé à l'encontre de Feraoun ?
Puis, Mouloud Mammeri a commis «la colline du reniement», selon ses juges. Parce qu'il a dit son village. Sa colline. L'oubliée. Parce qu'il a été encensé par des plumes françaises, il devient suspect aux yeux de ses compatriotes qui, eux, ont la nation chevillée au corps. Je suis tenté de rappeler le cri du cœur de Feraoun dans son Journal. Ce n'est ni le lieu ni le moment. Bien que ! Ainsi, Mammeri est bouté hors de sa «société et (de sa) nation». Puis, Kateb Yacine, le bien nommé, le Keblout, est venu déranger l'ordre établi de la pensée géométriquement admise par le pouvoir de l'époque. Il a fallu qu'il écrive et joue sa pièce, Mohamed, prends ta valise, pour que la bigoterie de cette époque le cloue au pilori. J'ai souvenir de Kateb Yacine, encadré par deux policiers, et éjecté de la maison de la culture de Tizi, parce qu'il a pensé tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. C'est vrai que nous étions en 1980 !
Ah, cet essai ! Oui, préfacé par Jacques-Marie Bourge qui marque le pas dès les premières lignes, cet essai prend pour cible Kamel Daoud qui a l'outrecuidance d'ausculter sa société, en montrant ses travers, ses grossièretés, ses errements, sa bigoterie de façade, sa misère sexuelle, sa volonté de fuir le pays et profiter d'un ciel plus clément ailleurs, et sa fuite en avant vers un avenir bouché. De ce fait, Kamel Daoud n'est plus ni moins qu'un écrivain néocolonialiste, un islamophobe, un écrivain parvenu, apostat, ami de BHL et autres intellectuels juifs et anti-palestiniens. Ce n'est plus un essai, c'est une fatwa ; c'est vrai, une fatwa commise déjà par le préfacier de l'ouvrage. Pire encore, il n'y a pas que Daoud qui est en cause, il y a Boualem Sansal, Amin Zaoui... Et d'autres affidés ! J'ai peur de ce genre de livre. Qui n'amène que le malheur. J'ai peur de ce livre. Qui n'amène rien à la cause qu'il est censé défendre. Bien au contraire !


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