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CHRONIQUE DES TEMPS SORDIDES
Beaucoup d'�pouses s'appellent Sandra
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 04 - 2005


Par Ma�mar FARAH http://farahblog.ift.cx
Adieu �Les mots du jeudi�. Tout a une fin. Notre �poque change du tout au tout. L'Alg�rie des ann�es 2003/2004 n'est pas celle de 2005. Les r�ves ont �t� remis�s comme les vieux manteaux de l'hiver. Une autre Alg�rie s'offre � nous, celle de la r�ussite fulgurante des uns, de la descente aux enfers des autres. L'Alg�rie des voitures neuves, des logements en grande quantit�, des autoroutes �bouchonn�es� et des �bips� des mobiles devenus les nouveaux compagnons des jeunes. Cette autre Alg�rie est aussi celle des h�pitaux mouroirs, de la tuberculose et de la gale, de la pauvret� et des suicides, celle du grand d�senchantement… Elle servira de cadre aux nouvelles �Chroniques des temps sordides�.
Au d�but, elle n'y croyait pas trop. Sa tante, qui a presque son �ge et qu'elle consid�rait, � l'�poque, beaucoup plus comme une amie intime, lui avait r�p�t� : �L'amour viendra apr�s… Le mariage, la vie commune, les enfants cr�eront des liens si puissants que le sentiment qui en na�tra sera semblable � l'amour�. Il fallait donner du temps au temps et laisser faire la course des jours et la farandole des saisons. Il fallait supporter cette pr�sence �trang�re, la subir avant de s'y habituer. Se dire, qu'apr�s tout, c'est �a la vie des femmes dans notre pays. Celle de l'immense majorit�, ces millions d'�pouses soumises qui ne connaissent pas encore la lumi�re de l'�mancipation. Au d�but, elle n'y croyait pas trop mais essayait quand m�me. Elle ne pouvait pas refuser l'offre de se marier avec un homme bien plac�, choix qui enchantait ses parents. Un vieux couple sans histoires, retir� dans une maisonnette de la banlieue et dont la vie est un long moment de silence interrompu, le week-end, par les visites bruyantes de Sandra et de ses petits qui s�ment un peu de joie dans ce milieu �plor�. Depuis, les enfants ont grandi et les visites se font de plus en plus rares. Tout a chang� d'ailleurs dans cette banlieue livr�e � l'affairisme et � la gabegie et la vieille demeure romantique est aujourd'hui submerg�e par les gros cubes gris et sans �me, masses difformes de b�ton hideux… Au d�but, elle n'y croyait pas trop mais donnait l'impression de vivre une vie normale, c'est-�-dire qu'elle essayait de faire semblant, tout en accomplissant les t�ches m�nag�res avec s�rieux et d�vouement. L'homme, qui la d�passait d'une bonne dizaine d'ann�es, �tait affable et lui offrait tout ce que pouvait d�sirer une femme de notre �poque : la luxueuse villa avec piscine, les bijoux les plus �blouissants, les voyages vers les destinations de r�ve… Elle s'�tait laiss�e couler sans probl�me dans cette vie facile et avait oubli� que l'homme avec lequel elle vivait n'�tait pas l'homme qu'elle aimait… Cependant, cela ne l'a pas emp�ch�e d'�tre une �pouse parfaite sur tous les plans. Il est vrai que de temps � autre, le souvenir de l'autre amour, le vrai, l'unique, venait comme un vent d'�t�, vigoureux et plein de sensations, lib�rer ses senteurs au pied de sa chambre et raviver cette flamme qu'elle pensait �teinte. Alors tout son �tre s'enflammait et ses sens s'�veillaient � un nouveau printemps qui d�vorait chaque parcelle de son corps. Un amour de jeunesse, habill� de rires et de larmes, tendre et savoureux comme le soleil des plages, comme les d�clins vermeils des jours heureux quand le cœur r�pond au cœur et que les mains s'entrelacent avant d'aller dessiner des b�guins fl�ch�s sur le sable… Elle se surprenait � �tre heureuse, elle qui sait au plus profond de son �tre que le bonheur n'est pas synonyme de richesse et de belles demeures, ni de voitures somptueuses et de bijoux rares ! Non, elle n'aimait pas l'homme avec lequel elle vivait. Elle s'�tait mentie � ellem�me tout au long de ces ann�es o� elle essayait d'apprendre la vie de couple, d'�tre gentille, douce et pr�sentable… Pas de scandales, s'�taitelle jur� devant la grande glace du salon, un jour que le spleen l'avait envahie, le jour o�, tr�s pr�cis�ment, elle venait de r�aliser que non seulement elle n'�tait pas heureuse, mais qu'elle �tait malheureuse… Les enfants, le bel alibi ! Oui, ils m�ritent tous les sacrifices, toutes les privations, tous les cin�mas pour faire semblant. Mais, au fond, elle n'a jamais aim� cet �tranger trop poli pour ne pas fumer dans la chambre, trop propre, trop silencieux et qui �teint la lumi�re lorsqu'il veut exercer son �droit� de mari… Un gars ordinaire qui s'est enrichi trop vite dans les affaires louches du nouveau capitalisme alg�rien. Un homme p�tri par la fabrique du syst�me qui produit des milliardaires en s�rie dont les richesses fabuleuses s'�talent sans pudeur au milieu de la mis�re et de la d�ch�ance humaines. Il �tait le plus fort appui des partis qui appelaient � tuer les terroristes et n'avait pas de mots assez durs pour fustiger les islamistes. Mais le vent a tourn� et les modes ont chang�. Il est toujours au m�me parti et soutient sans probl�me l'amnistie g�n�rale. Il trouve m�me que les islamistes ont leur c�t� positif. Il ne m�che pas ses mots quand il s'agit de qualifier les d�mocrates, les communistes, les opposants et tous �les chiens galeux� qui ne veulent pas voir le pays sortir de l'orni�re. Il est avec tous les gagnants. Choisissant toujours d'�tre du bon c�t� de la barri�re, il ne tient pas � se trouver avec les perdants. Elle ne l'aime pas parce qu'il repr�sente l'image la plus hideuse de cette nouvelle classe politico-affairiste qui bat tous les records d'opportunisme. Elle ne l'aime pas parce qu'elle sent que les fortunes qui s'amassent devant elle sont le produit des rapines et de la corruption et qu'elles ne valent pas une galette honn�tement gagn�e par un ouvrier du port. Elle ne l'aime pas parce qu'il est � mille lieues du beau jeune homme qu'elle a mis dans son cœur un soir de juin pour l'y enfermer � jamais. Ce beau t�n�breux qui a su la faire r�ver par la simplicit� de sa vie, sa droiture et son profond humanisme… Parti vers d'autres cieux, il a laiss� un grand vide sans sa vie, un immense d�sert qu'aucune accumulation mat�rielle ne saura combler. Le bonheur, c'est quoi, lui avait demand� un jour sa tante. Elle a r�pondu par un long silence, en scrutant l'immense jardin qui s'�tendait devant elle… Le bonheur, c'est de se sentir bien. Que l'on soit dans un palais ou dans une masure, c'est cette sensation de pl�nitude qui vous donne l'impression que vous n'avez besoin de rien d'autre que de la grandeur et la beaut� de cet instant. Le bonheur peut na�tre de la rencontre de deux �mes sous le soleil de juin, au milieu d'une for�t de parasols aux couleurs chatoyantes, tout pr�s des rochers o� viennent mourir les vagues. Voil� le bijou qu'elle gardera dans sa m�moire et dont l'�clat guidera ses jours et ses nuits, jusqu'au dernier souffle… Au d�but, elle n'y croyait pas trop et savait que cela se terminerait un beau jour sans regrets. Maintenant que ses enfants sont bien install�s � l'�tranger, elle n'a plus rien � faire dans cet immense palais o� les vents du large sifflent leur air lugubre du matin au soir. Maintenant que le gars, gonfl� par l'alcool et la pr�tention, s'est d�couvert un autre amour en la personne d'une jeune secr�taire et que ses sorties nocturnes se font plus r�guli�res et plus prolong�es, elle n'a que faire de ce paradis pourri. Un monde � l'�clat superficiel, au vernis qui vole en �clats d�s que vous y touchez, une esp�ce de grande illusion qui cache mal la sordidit� amoncel�e au fil des ans, plante affreuse et ignoble irrigu�e par des tonnes de mystifications, de malfaisance, de fausset� et d' ignominies. Maintenant qu'elle a fait sa valise, elle peut appeler un taxi. Et lorsqu'elle monte dans le v�hicule, elle n'a m�me pas le courage de se retourner pour voir une derni�re fois l'�le aux plaisirs cens�e avoir h�berg� son bonheur imaginaire durant trois longues d�cennies. Vite, il faut quitter rapidement ce monde de la laideur humaine pour aller rejoindre les siens dans la banlieue grossi�rement transform�e en nouveau ventre de la cit�, l� o� vivent les gens ordinaires qui prennent le bus, vont dans les h�pitaux publics et �conomisent pour acheter une Maruti. Vite, vers la vraie vie, vers le pays Alg�rie tel qu'il vit au quotidien, avec ses matins ballonn�s de b�b�s qui crient, ses vendeurs ambulants qui chantent, ses voisines qui se bagarrent, son Mouloudia crayonn� sur les murs et debout dans les cœurs…Sa tante, qui a presque son �ge et qu'elle consid�rait, � l'�poque, beaucoup plus comme une amie intime, lui avait dit un jour : �L'amour viendra apr�s… Le mariage, la vie commune, les enfants cr�eront des liens si puissants que le sentiment qui en na�tra sera semblable � l'amour.� Elle sait aujourd'hui que c'est faux. Elle sait que le seul, l'unique amour qui continuera de vivre �ternellement en elle est celui qui a r�sist� � toutes les temp�tes. Reviendra-t-il ? Une pluie fine se met � tomber au moment o� la voiture d�marre. Le reverra-t-elle un jour ? Des larmes ruissellent sur la vitre… Sandra ne pleure m�me pas. Elle laisse la pluie sangloter dans le soir d�go�tant qui s'abat comme un orage… M. F.
P.S. : Avril le capricieux a pris � l'hiver quelques bourrasques qui ont fait mal du c�t� de Jijel. Il s'est aussi gonfl� du souffle de ce sirocco propre aux �t�s alg�riens. Avril a chant� sa chanson capricieuse mais n'a pas mis fin au calvaire du journaliste Mohamed Benchicou qui continue de purger une peine de prison qu'il n'a pas m�rit�e.


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