Apr�s plus d'une ann�e de silence �sot�rique, l'ex-chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, sort de ses r�serves et dresse un tableau noir de la situation �conomique en Alg�rie en pariant sur l'�chec des r�formes engag�es. "L'Alg�rie n'est pas en condition d'entamer sa longue marche vers une �conomie de march� concurrentielle ni de d�verrouiller la croissance", a-t-il soulign� hier au club des cadres tout en affirmant que "le pays a g�ch� sa r�forme interne". Ilhem Tir - Alger - (Le Soir) - "La privatisation, un pr�alable ou une cons�quence de la mondialisation" est le th�me choisi par Mouloud Hamrouche pour sa conf�rence-d�bat qu'il a anim�e hier au si�ge de la conf�d�ration des cadres de la finance. Un r�quisitoire dress� par celui qui a engag� les r�formes �conomiques en 1989 faisant de ces r�formes, quinze ans apr�s, "une situation de blocage total" o� l'Alg�rie "a pr�f�r� rester dans l'univers de l'�conomie ferm�e et administr�e" car "beaucoup d'int�r�ts inavou�s se sont l�gu�s contre toute r�forme et tout changement". Les recommandations des �conomistes et experts visant la cr�ation d'un entourage propice pour encourager l'investissement en Alg�rie sont rest�es sans �cho selon, l'ex-chef de gouvernement car "notre syst�me financier et commercial fonctionne en sens unique en pompant l'�pargne nationale et les recettes p�troli�res", a-t-il argument�. Cet �tat de fait est la cons�quence d'une incomp�tence, d'une peur, d'un refus ou d'une paresse, selon toujours sa vision o� il accusera la bureaucratie politique qui "a choisi de s'enfermer dans des lectures et des certitudes absurdes, et au motif de prot�ger les acquis, l'ouverture a �t� pervertie". Toujours sur sa lanc�e, Mouloud Hamrouche lie cette aisance "financi�re" dont jouit le pays aux "al�as climatiques et aux conjonctures p�troli�res". Il faudrait alors trouver une autre d�marche, serait-ce la privatisation ? "Certes, il est admis que la privatisation peut renforcer l'efficacit� et la performance des entreprises, mais ces objectifs d�pendent des conditions �conomiques", a soulign� le conf�rencier car "pour que la privatisation soit une opportunit�, il faudrait la mettre � l'abri des incursions des puissants int�r�ts ill�gitimes". Lors de son expos�, M. Hamrouche n'a pas manqu� d'�voquer les pr�alables d'une privatisation r�ussie qui ne peuvent �tre entre autres qu'une l�gitimation des positions �conomiques et sociales, des situations de droit et de l�galit�, des autorit�s ind�pendantes de contr�le, des gestionnaires identifi�s et responsabilit�s, des organes de v�rification (commissariat aux comptes, notariats, cadastres….). "L'ultime objectif de la privatisation n'est pas seulement de sauver des entreprises mais de les rendre concurrentielles et dynamiques sur le march� ", s'est-il exprim� avant d'ajouter : "L'op�ration de privatisation conna�t une situation de flottement o� certains parlent m�me d'impasse" car l'on parle de d�ficits, d'abus et de passe-droits qui �rodent le champ des garanties et agrandissent l'espace de l'informel et le pays a g�ch� sa r�forme interne et a �chou� � assumer les r�formes demand�es de l'ext�rieur par le biais de la Banque mondiale et du FMI". Les raisons de ces blocages ont �t� �num�r�es par Mouloud Hamrouche tant sur le plan politique, �conomique que juridico-technique. Politiquement, la faute est attribu�e � l'absence d'un consensus ferme et clair "d�faut d'appui et d'expertise d'accompagnement sur la base d'ing�nieries qui fixent et contr�lent le mode d'emploi". Sur le plan �conomique, c'est le manque d'instruments socio-�conomiques de r�gulation, d'insuffisance de contrepouvoir �conomique et financier � d�faut d'un contr�le institutionnel et le manque de comp�titivit� et de souplesse structurelle. Quant au plan juridico- technique, c'est la carence de s�ret� des droits de propri�t� publique ou priv�e, l'extension des privil�ges, l'abus de passe-droits et les interf�rences dans les conditions vente et octroi de pr�ts. Peuton dans ces conditions privatiser y compris par des voies autoritaires ? s'est interrog� Mouloud Hamrouche en fin d'expos� "alors que le champ �conomique est ferm�, l'injonction administrative est de mise, l'arbitraire remplace la protection l�gale et l'abus fait office de r�gulation sociale". "L'Alg�rie n'a pas r�uni les pr�alables d'un vrai projet de privatisation, elle ne poss�de pas non plus un projet alternatif et elle ne peut pr�tendre � un partenariat industriel cr�dible " , conclut-il.