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EXCLUSIF
MENSONGES ET CALOMNIES D'UN TORTIONNAIRE DEVENU G�N�RAL DE L'ARM�E FRAN�AISE
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 10 - 2005

Nous publions ci-dessus quelques bonnes feuilles d�un ouvrage intitul� Mensonges et calomnies d�un tortionnaire devenu g�n�ral de l�arm�e fran�aise, �crit par notre confr�re d� El Moudjahid, Mouloud Benmohamed, et publi� par les �ditions AFIC. Prochainement mis sur les �tals, ce livre est quelques aspects de La Bataille d�Alger � travers une enqu�te journalistique se rapportant au contenu de Alger - �t� 1957.
Une victoire sur le terrorisme, l�ouvrage �crit par l�ex-lieutenant Maurice Schmitt, tortionnaire c�l�brissime notamment � l�ex-�cole Sarrouy, dans La Casbah, devenu g�n�ral, chef d��tat-major des arm�es fran�aises. Dans ce livre publi� aux �ditions l�Harmattan, Schmitt cultive � outrance les mensonges, les calomnies et les contrev�rit�s � l��gard des militants de l�ind�pendance qui ont eu le courage de r�sister et de ne pas succomber aux exactions et tortures ordonn�es par Schmitt et appliqu�es par des parachutistes tortionnaires du 3e R�giment de parachutistes coloniaux dirig�s par l�ex-lieutenant colonel Bigeard (mont� en grade lui aussi). Pr�s de cinquante ans apr�s, Schmitt n�a pas encore dig�r� l�affront admonest� par ses victimes qui ont su se jouer de lui et des autres tortionnaires en usant seulement de leur intelligence et de leur courage. Un exemple parmi tant d�autres, celui du martyr Sa�d Bakel. Une fois arr�t� dans la nuit du 5 au 6 ao�t 1957, il a �t� soumis, des jours durant, aux pires s�vices, aux s�ances r�currentes de torture dirig�es par les ex-lieutenants Schmitt et Fleutiot qui n�ont pas r�ussi � lui arracher le moindre aveu ou renseignement. Quelques jours plus tard, apr�s avoir �t� �retap�, Bakel, accompagn� d�autres responsables de la lutte arm�e, a �t� mis face � des journalistes pour d�clarer � ce que ses tortionnaires lui ont exig� de d�clarer � qu�il �tait pr�t � combattre le FLN. Mais Sa�d Bakel r�ussissait peu apr�s � s��vader du caf� El Hammam apr�s plusieurs heures de torture. Un sacr� coup port� au moral des parachutistes et de ses tortionnaires qui, � ce jour encore, continuent d�arguer que Bakel avait pris la poudre d�escampette au cours d�un transfert. Couverts de ridicule, ils continuent � ceux encore en vie � � persister dans le mensonge, notamment face � la justice fran�aise. Ceci �videmment dans le but de prot�ger le moral des troupes. Sa�d Bakel, malgr� l'effet des tortures, arrivait � se jouer du 3e RPC. Dans son ouvrage, Schmitt use de sa plume pour ternir l�engagement, le courage la d�termination de ses victimes. Ali Moulay, Habib R�da, Sa�d Bakel, Rachid Ferrahi, Malika Koriche, Malika Ighilahriz (s�ur de Louiza), etc., sont vou�s aux g�monies par l�ex-chef des arm�es fran�aises, ivre de haine. La vengeance habite cet �intellectuel� tortionnaire montr� du doigt par des dizaines de victimes rescap�es de l�ex�cole Sarrouy. Lors de son enqu�te, notre confr�re Benmohamed a assist� aux deux proc�s opposant Louiza Ighilahriz (dont il a �t� t�moin en premi�re instance) au g�n�ral Schmitt. Il a aussi rencontr� plusieurs t�moins des affres qui ont eu lieu dans l��cole Sarrouy o� officiait Schmitt, des victimes aussi, et des ex-parachutistes aujourd'hui repentis. Il en revient avec un ouvrage dans lequel les tortionnaires sont mis � nu, notamment par leurs propres compagnons. En mars 2001, Louiza Ighilahriz, une militante effroyablement tortur�e en 1957, durant 3 mois, par le capitaine Graziani, confie son t�moignage dans Alg�rienne, un livre dans lequel elle raconte les s�vices, les exactions et les tortures qu�elle a subies dans les locaux de la 10e division de parachutistes. Elle jette la consternation dans l�opinion publique en d�voilant le comportement horrible des parachutistes tortionnaires du 3e RPC mais sans citer une seule fois Schmitt auquel elle n�a jamais �t� confront�e au cours de sa d�tention. Mais, ce dernier, exc�d� et irrit�, prend la d�fense du capitaine Graziani et d�clare, en mars 2002, au cours d�une �mission t�l�vis�e (et plus tard dans la presse fran�aise) que le livre de Louiza Ighilahriz �tait un �tissu d�affabulations et de contrev�rit�s�. Aussit�t, la militante engage une proc�dure judiciaire pour diffamation devant la justice fran�aise qui condamnera Schmitt, en premi�re instance, le 10 octobre 2003, � verser un euro symbolique de dommages-int�r�ts. Lors de ce premier proc�s devant le tribunal correctionnel de Paris, l�ex-lieutenant ordonnateur de tortures (selon des dizaines de t�moignages) donnera de lui une pi�tre image : celle d�un officier sup�rieur que ni le poids des ans, ni celui des grades n�ont r�ussi � faire �vacuer de lui la mentalit� et la d�marche du lieutenant tortionnaire qu�il est demeur�. Aucune �volution, aucun remords, aucun regret. Plut�t le contraire. Que de la haine, suintant de ses yeux braqu�s sur sa victime et les t�moins qui l�accablaient rien que par leur pr�sence. Quelques jours apr�s le premier verdict, il interjettera appel. Devant la 11e chambre de la cour d�appel de Paris, il reviendra le 8 septembre dernier, accompagn� de �t�moins� dont l�un (le g�n�ral Fleutiot) �tait son principal acolyte � l��cole Sarrouy (!!!). Il croira utile de renforcer sa d�fense par de nouveaux avocats pour tenter de convaincre � �de tromper� diront d�autres � des magistrats. Dans la salle d�audience pleine � craquer, des rescap�s de la torture n�ont pas manqu� de fixer dans les yeux le g�n�ral Fleutiot dont ils gardent en m�moire �la cicatrice qu�il porte sur son �paule�. Au cours de cette audience en appel, un fait a permis de d�celer la v�ritable nature du g�n�ral Schmitt, lorsqu�il n�a pas pu se retenir de lancer des diatribes � l��gard du d�fenseur de Louiza Ighilahriz. C�est ce jeudi 20 octobre que le verdict sera rendu par la cour d�appel de Paris. Dans Mensonges et calomnies d�un tortionnaire... notre confr�re revient sur l�affaire Schmitt et ses dessous. Notamment sur la correspondance d�un ex-parachutiste du 3e RPC dont le t�moignage �tait attendu. Mais celui-ci a pr�f�r� s�abstenir �� la suite de pressions des partisans de l�Alg�rie fran�aise� et de ses ex-compagnons parachutistes tortionnaires. Notre confr�re a r�ussi � le retrouver. L�adjudant Raymond Cloarec a accept� de se livrer � lui au cours d�une interview reproduite dans son ouvrage. Une interview remarquable au cours de laquelle cet ex-parachutiste ne choisit pas les mots pour se livrer, pour se d�livrer des remords qui l�habitent, et des regrets qui le consument. Ce n�est pas un t�moignage mais des r�v�lations que nous proposons � la lecture avec l�aimable accord des �ditions AFIC et de l�auteur.
CONFESSION D'UN EX-PARACHUTISTE A ALGER (1955 A 1961)
Raymond Cloarec : �J�ai tu� 75 Alg�riens�
Comment faire pour retrouver Raymond Cloarec ? Comment trouver son adresse ? Je m�assois � c�t� du g�n�ral Fleutiot, cet autre tortionnaire � l�ex-�cole Sarrouy notamment. Sa main gauche lui sert d�appui sur la banquette, l�autre se repose sur sa canne. Il me regarde et marmonne. Certainement qu�il me prend pour un des leurs en tentant de m�associer � ses r�flexions assassines � l��gard de Louiza. Je crois bien faire en lui tendant l�oreille afin de gagner sa sympathie en vue de lui soutirer les coordonn�es de Cloarec. Mais Tiger � celui qui a arr�t� Sa�d Bakel et ses compagnons, dans la nuit du 5 au 6 ao�t 1957, � Bouzar�ah, dans la villa �La petite Mascotte� � veille au grain. Il est partout : ses yeux braqu�s sur les t�moins, les proches, les amis de Louiza, ses oreilles branch�es en leur direction, il s�assoit m�me entre eux dans l�espoir de glaner une quelconque information pour son chef de g�n�ral Schmitt. M�me des militants de l�ex-Zone autonome d�Alger ne le reconnaissent pas. Svelte, jean d�lav�, grosse ceinture, il joue m�me des �paules entre ses compagnons de la guerre d�Alg�rie. Aujourd�hui, il est colonel de r�serve. La retraite ne concerne jamais ces gens-l�. A tout moment, la hi�rarchie militaire peut leur faire appel. Qu�on se rappelle Aussaresses : septuag�naire, il a �enseign� le contre-terrorisme aux soldats US. Tiger est un militaire imbu de sa personne ; il ne se rappelle pas que nous nous sommes connus dans la salle r�serv�e aux t�moins, lors du proc�s en premi�re instance, au tribunal correctionnel de Paris. Ce jour-l�, nous �tions quatre t�moins pour Louiza, et ils �taient cinq pour Schmitt. Forc�ment, on ne pouvait pas rester 12 heures dans une salle sans s��changer quelques propos. Sans savoir � qui il s�adressait avec pr�cision, il m�avait fait le r�cit tr�s d�taill� de l�arrestation de Sa�d Bakel, Hac�ne Ghandriche (qui se mettra au service des parachutistes et sera � l�origine du d�mant�lement de la Z.A.A et de la mort de plusieurs militants), de la d�funte Zahia Taglit, et de Ghania Belka�d. Un r�cit en totale contradiction avec les all�gations �crites par Schmitt dans son ouvrage. Tiger m�a indiqu� que l�adresse de la �Petite Mascotte� leur a �t� fournie par un jeune militant FLN (apr�s insistance de son p�re tortur� � mort) qui les avait accompagn�s au refuge. La version de Schmitt est tout autre : il accable le d�funt Ali Moulay, responsable militaire � la Z.A.A, sur lequel il jette le discr�dit dans Alger- Et� 1957. En v�rit�, Schmitt a un compte � r�gler avec Moulay qui l�a trait� de nazi, � plusieurs occasions. Ce militant a su r�sister aux s�ances de tortures dirig�es contre lui par le lieutenant Schmitt, ce dernier ne s�est plus relev� de la le�on administr�e par Moulay. Ce n�est pas que celui-ci n�a pas livr� des noms ou des adresses de militants � la r�sistance aux tortures ayant ses limites que ne connaissent que ceux qui ont eu les plantes des pieds sur le brasier �, non ; mais c�est que ce sacr� Ali Moulay s�est non seulement jou� de son tortionnaire en lui donnant des petits calibres de collecteurs de fonds, de guetteurs dont certains aujourd�hui b�n�ficient du statut d�ancien moudjahid sans s��tre jamais impliqu�s. Au lieu d��tre reconnaissant, ils arborent leur langue fourchue. Jamais Schmitt ne s�est remis de la malice de Ali Moulay. Lorsqu�on saura que ce dernier, depuis son arrestation le 14 juillet 1957 jusqu�au 10 ao�t 1957, s�est fait passer pour un simple militant sans importance (alors qu�il assumait les responsabilit�s militaires et politique au sein de la Z.A.A), il est ais� de deviner le ressentiment, l�esprit de vengeance, la haine des parachutistes et des officiers tortionnaires dont il s�est jou�. Et dire que, durant trois semaines, les officiers du 3e RPC ignoraient que Ali Moulay �tait entre leurs mains, si proche d�eux mais sous une fausse identit�. Sacr� Moulay. En 1997, il en riait encore au si�ge de l�association �11 D�cembre�, au cours d�une interview qu�il m�avait accord�e (lire pages suivantes). Tiger qui, je crois n�e m�a pas reconnu, prend la main de Fleutiot et l�attire � l�ext�rieur de la salle d�audience. Peut-�tre craignait-il que son a�n� d�acolyte ne s��panche � l�inconnu que je suis. Ce n�est pas par sa bouche que j�obtiendrais les coordonn�es de Cloarec dont le nom retentit une deuxi�me fois. Me Ma�rat, un des d�fenseurs de Louiza, l��voque en soulignant que son t�moignage est �important� car il permet de confondre le g � n � r a l Schmitt qui a exig� d e Cloarec qu�il signe un document selon lequel le 3e RPC avait d�j� quitt� Alger le jour de l�arrestation de Louiza Ighilahriz. Or, Cloarec dans son cahier journal, certifi� conforme par le commandement militaire, soutient tout le contraire. Le 3e RPC a quitt� Alger le 22 octobre 1957. Donc Bigeard, Schmitt et consorts �taient bel et bien � Alger. Et Louiza n�a pas menti. 9 septembre 2005, 10 heures. Je me pr�sente aux archives de Vincennes. Je demande � consulter le Fonds priv�. Aucun emp�chement. Ni obstacle, ni barrage. Quelques instants apr�s, le fonds Cloarec est mis � ma disposition. La carte de presse est un inestimable laissez-passer. Une grande valise cartonn�e. A l�int�rieur : 4 gros volumes de cahiers-journal reli�s, des dossiers, des organigrammes, un journal. Je feuillette. Je lis et je relis. Beaucoup de lettres. Des missives de soutien � Schmitt. Je ne comprends pas. Plut�t que je ne comprends plus. Cloarec soutient-il Schmitt ? Ne le soutient-il plus ? Une lettre de Cloarec dat�e du 18 juin 2001 destin�e � Alain Richard, ministre de la D�fense, dans laquelle il fait l��loge du tortionnaire Schmitt : �Je porte � votre connaissance que je ne peux laisser accabler le g�n�ral de corps d�arm�e, ex-chef d��tat-major des arm�es, le g�n�ral Schmitt, par des accusations mensong�res �voqu�es par l�ex-poseuse de bombes � Alger, madame Malika Koriche. Ces accusations diffamantes sont de pures inventions (�) une menteuse, une affabulatrice visant � d�truire l�honorabilit� de cet officier sup�rieur et � d�truire l�image de l�arm�e fran�aise en g�n�ral. Une machination d�affabulations bien orchestr�e�. Je suis �bahi. Autre lettre. Louiza Ighilahriz n�est pas du reste. M�me s�il �admira son courage� il soutient que ses �interrogatoires n�ont jamais �t� pouss�s� et qu� �elle n�a fait que son devoir�. Il pr�cise que �nous aussi aux ordres de notre gouvernement, nous n�avons fait que le n�tre�. Quelle gal�re. Mais de quel c�t� Cloarec se place ? Son adresse est l�. Aussit�t j�envisage de lui �crire. Mais sans grand espoir qu�il me r�ponde et qu�il accepte de m�accorder une interview. Il habite dans le sud de la France. L� o� le soleil, la mer rappellent l�Alg�rie d�en face. Pas tr�s loin de Marseille. Justement je dois y aller. Des questions me triturent l�esprit. Quand m�me je dois y aller. Quand m�me je me d�cide � lui �crire une lettre. Sait-on jamais. Je la r�dige dans le TGV. Sans trop croire � une r�ponse je la poste � Marseille. Peut-�tre m�me qu�� la suite des �pressions�, il a chang� d�adresse. Sur le site de France T�l�com, les Cloarec ne manquent pas. Une dizaine. A tous, je donne un coup de fil. Les uns raccrochent carr�ment croyant � une plaisanterie. D�autres r�pondent poliment. �Je suis une Cloarec. Je suis pied-noir. De Bab El-Oued. Je regrette, je ne connais pas de Raymond parachutiste� me r�torque une des personnes contact�es. Le lendemain. 8h15. La sonnerie du t�l�phone me r�veille. Je d�croche. Une voix inconnue :�Bonjour. C�est Raymond Cloarec�� Je saute du lit, et m�accroche au combin� comme pour retenir Cloarec. �Je suis dispos� � vous rencontrer. Je suis pr�t � tout d�baller. Je vis l�enfer�. Il ne me laisse pas placer un mot. Finalement, il accepte un rendez-vous pour le lendemain � 10 h devant la gare. Je suis en extase � Mais les moyens p�cuniaires me font d�faut, ils sont insuffisants � Je d�cide d�en parler � Mustapha Zeroual, un ex-d�put�, un passionn� de l�Amicale. Je lui demande de me financer le billet aller-retour mais � condition qu�il accepte que je le cite dans mon ouvrage � titre de modeste sponsor. �D�accord. C�est mon argent personnel avec lequel je t�ach�te un billet au nom de l�Amicale�, me pr�cise-t-il. Ce sera ainsi soulign�. 15h30. Cloarec rappelle. Il m�annonce qu�il pr�f�re �viter d��tre interview�. Un coup de massue. Mais pourquoi donc ? �On m�a conseill� de ne pas parler tant que le verdict n�a pas �t� rendu par la cour d�appel. On se verra apr�s le 20 octobre, me r�pond-il. J�insiste. Je tente de le convaincre. Arriv� � la fontaine sans boire de son eau ! Quel g�chis ! Je m�engage � ne rien publier avant le prononc� du verdict. Il revient � de meilleurs sentiments. �Nous parlerons de la guerre d�Alg�rie. Mais en ce qui concerne votre relation avec le g�n�ral Schmitt, soyez confiant en mon engagement (�)� lui dis-je. Il accepte. Le rendez-vous est maintenu. Cette fois, il me donne son num�ro de portable. Il est en compagnie de Abdelhamid Razzouk, le pr�sident d�une association culturelle qui a beaucoup de d�boires avec la mairie locale. Cloarec en est le m�diateur. Une revanche sur son sort. �C�est Allah qui nous l�a envoy�, me confiera Razzouk dans la soir�e en ne tarissant pas d��loges � l��gard de cet ex-parachutiste qui a �d�missionn� de l�arm�e fran�aise�. Nous n�avons pas march� 20 m�tres que Cloarec succombe. Je m�en rends compte au son de sa voix qui s��touffe. Il tente de se ressaisir. Trop tard, les larmes le trahissent. [�]
Nous entamons l�interview.
Le Soir d�Alg�rie : Je voudrais vous demander de vous pr�senter au lecteur et expliquer dans quelles circonstances vous avez int�gr� l�arm�e fran�aise.
Raymond Cloaerc : Je suis n� le 16 janvier 1936, exactement au �Petit Breton� le v�lodrome de Nantes. Sans doute c�est l� qu�est n�e avec moi ma passion pour le v�lo. Je suis n� le jour de l�arriv�e du crit�rium Paris-Nantes au cours de laquelle mon p�re �tait class� 3e. On lui a dit d�aller vite � la conciergerie du v�lodrome o� je venais de na�tre. Mon p�re �tait coureur et donc ma m�re �tait pr�sente � toutes ses courses. Nous �tions 6 fr�res et s�urs. Aujourd�hui nous ne sommes plus que trois. Je suis le troisi�me fr�re. J�avais un fr�re militaire qui avait fait la guerre d�Indochine avant la guerre d�Alg�rie vers la fin. Il n��tait pas parachutiste en Alg�rie.
L. S. : Comment �tes-vous devenu parachutiste ?
R. C. : C�est � la suite d�un d�fi que m�avait lanc� mon fr�re. Il me disait que jamais je ne serais capable de faire comme lui, que j��tais un froussard. A son retour d�Indochine, il �tait gonfl� � mort. J�avais 18 ans... et je lui ai dit que j��tais capable de faire autant que lui... Alors, il m�a d�fi� en me disant : �Pourquoi tu n�irais pas faire la guerre en Alg�rie ?�. Je l�ai pris au mot. Au lieu de faire le m�canicien dans un garage, je lui ai r�pondu que j��tais d�cid� � faire comme lui. �Chiche�, m�a-t-il r�torqu�. Le lendemain, je me suis pr�sent� au bureau de recrutement. A l��poque Robert Lacoste, Guy Mollet et tous les autres sollicitaient les jeunes Fran�ais � s�engager pour d�fendre, nous disait-on, le territoire fran�ais. Ainsi, je me suis retrouv� dans la guerre d�Alg�rie. Je suis arriv� � B�ne le 8 ao�t 1955. J��tais affect� au 3e R�giment de parachutistes coloniaux, qui est devenu par la suite le 3e RPIMA. C�est � Mont de Marsan, dans les Landes, et dans la ville de Bayonne que j�ai �t� form� parachutiste avant d��tre mut� en Alg�rie. J�avais demand� � �tre int�gr� dans les unit�s combattantes. Notre r�giment a d�barqu� � B�ne et le lendemain nous avons �t� dirig�s vers Constantine, � exactement Ouled-Rahmoune. Nous avons �t� mis dans un champ au bord de la route o� nous avons install� notre cantonnement. Ouled-Rahmoune �tait notre premier PC. Aussit�t nous avons commenc� les op�rations. J��tais affect� � la C.A., la compagnie d�appui, qui �tait command�e par le capitaine Chabane et ensuite par le lieutenant Schmitt apr�s son arriv�e. (Il consulte un de ses cahiers-journal pour retrouver les dates exactes). Toute ma vie militaire est consign�e dans ces cahiers ... (il lit) �1955 : Cr�ation du 3e RPC
� Le 1er juin 55 : bataillon parachutistes coloniaux � Mont de Marsan
� Du 1er au 10 juillet 1955 : man�uvre � Ogen Les Bains dans la Creuse
� Le 14 juillet 1955 : nous d�filons � Paris sur les Champs Elys�es
� Le 5 ao�t 1955 : man�uvre sur Marseille
� Le 7 ao�t 1955 : embarquement sur le Kairouan
� Le 8 ao�t 1955 : d�barquement sur les quais de B�ne (Tabacoop, Tomato Coop)
� Du 8 au 11 ao�t 55 : en train. Direction Constantine et installation du cantonnement de toile 25 km plus loin au sud � Ouled Rahmoune dans les champs et au bord d�une route et rivi�re. Aussit�t 1�re op�ration le 12 � Djebel Fortas secteur Constantine, bilan 7 rebelles tu�s et 5 armes r�cup�r�es (chez nous un tu� 2 bless�s. �a commence bien ...!) Aussit�t on continue Djebel Gernouin et Canrobert.�
L. S. : Le 20 ao�t 1955, il y a eu dans la r�gion une vaste offensive alg�rienne
(il poursuit la lecture). Le 20 ao�t 1955 ? Je vais vous le dire.
R. C. : �Le 20 ao�t 1955 : nous faisons mouvement sur A�n-Be�d... Op�ration appel�e Tourbillon. Nous sommes aussit�t arriv�s rappel sur Constantine dans la r�gion de Collo Djebel Filfila, col de Ferbas.� Le mieux serait que je vous fasse cadeau de ce cahier dont l�original est d�pos� aux archives militaires de Vincennes.
R. C. : J�ai ici une correspondance de la direction des archives de Vincennes qui atteste que j�ai bien voulu donner une copie de mon journal manuscrit tenu du 8 f�vrier 1955 au 8 f�vrier 1961. (Il lit la correspondance Revue dont il me remet une photocopie. Il est �crit dans cette correspondance que �ce t�moignage tr�s int�ressant compl�te utilement les archives publiques et a �t� joint � votre fonds priv� ...)�
L. S. : A quelle date exacte �tes-vous arriv� � Alger ?
R. C. : J�ai fait les deux batailles d�Alger ...
(il poursuit la lecture de son cahier-journal. Arriv� � la date du 2 janvier 1957, il lit � haute voix : �2 janvier 1957. Installation � Sidi Ferruch. Du 20 janvier au 20 mars 1957. Bataille d�Alger aux ordres de la 10e DP. Nous reprenons ce travail de policiers. Quelle sale besogne ! Nous devenons des tortionnaires, des brutes. Cela n�a pas de nom, encore moins de m�tier de militaires. Du 28 mars au 18 avril 1957. Ouf. Enfin le djebel. Cela nous manquait. C�est cela notre vraie mission. Rien � voir avec cette bataille d�Alger. Je crois que je ne serai jamais fier d�en parler plus tard.� J��crivais cela le 28 mars 1957... Voici la liste de tous les chefs que j�ai eus : le premier, le commandant Lenoir de janvier 1955 � octobre 1955, apr�s j�ai eu Bigeard de novembre 55 � avril 58, puis Trinquier d�avril 1958 � mars 1959, et Bonnegal d�avril 1959 � janvier 1961. Ils m�ont tous command�... Enfin Leborne de janvier 1961 au 8 f�vrier 1961, date de mon retour � la vie civile. A cette date (il lit son cahier journal la date du 8 f�vrier 1961). � Nous totalisons 118 morts officiers, sousofficiers et soldats pour 2288 rebelles tu�s. D�mobilis�s � Alger. Pour �tre embarqu�s aussit�t. A�rodrome de Maison Blanche. A la grande satisfaction de mon �pouse et de ses parents. Une autre vie m�attend.�
L. S. : Revenons si vous le permettez � votre arriv�e � Alger.
(il reste concentr� sur son cahier journal puis il lit :
�� 2 janvier 1957. Arriv�e � Alger. Installation � Sidi Ferruch
� 20 janvier au 20 mars 1957 : Bataille d�Alger aux ordres de la 10e DP.
� 28 mars au 18 avril 1957 : Mise � la disposition du g�n�ral commandant le secteur de Blida. Nous d�truisons la bande rebelle de l�Atlas blid�en. Bilan total : 130 hors-la-loi tu�s, 77 armes r�cup�r�es.
� 28 mars au 2 avril 1957 : R�gion Mouza�a 2e fois r�gion de Tamezguida. 3e fois r�gion de Beni Misra et Beni Bouyacoub et r�gion Amchech. Le 19 avril 1957 : regroupement g�n�ral � Sidi Ferruch. Alerte 6 heures.
� 22 mai 1957 : Nous faisons mouvement sur Champlein
� 23 au 30 mai 1957 : nous sommes sur une op�ration d�envergure appel�e Agounenda. Bilan : 96 rebelles tu�s, ils �taient 300 rebelles d�apr�s les prisonniers. Que 53 armes r�cup�r�es. Beaucoup pour la plupart nous ont fil� entre les pattes la nuit ...
� 1er juin 1957 : retour � Sidi Ferruch. Repos mais en alerte. Nous sommes tous tr�s fatigu�s. Dur, dur.
� Du 2 juin au 11 juin 1957 : alerte. Nous partons la nuit pour djebel kerfoufa. Le r�giment est h�liport�.
� Soir du 26 juin au 1er juillet 1957. Op�ration d�envergure r�gional de champlein. Nous sommes rest�s autour de la c�te 1193. Le soir du 1er juillet nous rentrons en convoi � Sidi Ferruch pour repos et remise en condition physique. Nous sommes tous ext�nu�s et c�est peu dire.
� 10 juillet 1957 : je suis d�sign� pour partir en d�tachement au d�fil� du 14 Juillet � Paris pour la deuxi�me fois depuis mon arriv�e en Alg�rie en ao�t 1955. Nous avons �t� tr�s acclam�s par les Parisiens. D�part d�Alger le 12 juillet et retour le 16 juillet.
� Rebelotte : bataille d�Alger, la deuxi�me de l�ann�e. Nous n�en voyons plus la fin. Un travail d�gueulasse.�
L.S. Excusez-moi, j�ai des questions � vous poser ...
R. C. : Je vous en prie, laissez-moi vous lire. Vous comprendrez pourquoi apr�s : (Il n�a pas tort. Chaque ligne de son cahier est un d�tail important et pr�cieux sur ce qui est appel� la bataille d�Alger. Je pr�f�re �crire le texte original dans son style et avec ses fautes d�orthographe et de syntaxe).�Nous pr�f�rons tous �les pitons�, le crapahut dans les montagnes, les Aur�s ou les Nememchas. C�est plus dur mais c�est plus propre car en face de nous, nous n�avons que des combattants comme nous qui nous tirent dessus. Beaucoup plus honorable pour un militaire digne de ce nom par rapport � ce travail de policiers qui n�est pas fait pour nous et pour lequel nous n�avons eu aucune formation pour ce sale boulot d�une autre �poque. Funeste... que nos parents ont subi et qui n�a pas servi de le�on � nos politiques qui nous donnent ces ordres. (Il lit avec une grande tension. Je pr�f�re ne pas l�interrompre :
� Juillet-ao�t 1957 : interrogatoires. Les hurlements. Tirer sur des cadavres apr�s les avoir jet�s des camions, en plein Alger ou en banlieue, de nuit pour dire : �Il a voulu se sauver�. Chaque soir, en mon �me et conscience, je repense aux Allemands et je me dis bien souvent que je reste convaincu que nous sommes tr�s capables dans ce contexte de faire comme eux. Tout homme est un assassin en puissance qui sommeille. J�en suis persuad�. Mais si nous continuons cette escalade de la torture pour obtenir des renseignements du fait que nos politiques nous obligent � faire vite pour avoir des r�sultats co�te que co�t.
� Septembre 1957. Avec des pincettes, il veut que nous soyons les meilleurs et pour l�instant le 1er REP r�ussit les meilleurs coups que nous pour l�instant. �Battez-vous�, �Il nous faut des r�sultats�, �La France nous regarde. Elle est fi�re de vous�, �nous allons repartir pour continuer le combat�, �nous vaincrons�. C�est le leitmotiv de Bigeard � chaque retour en base arri�re. Nous y croyons. Moi, je commence � douter car j�entends cela depuis 1955. J�entends le m�me discours et je constate aujourd�hui que nous nous enlisons dans ce conflit dont je ne vois pas la fin. Mais il faut y croire bon gr� mal gr�. Bigeard nous r�p�tait cela sans arr�t...
� Le 29 septembre 1957. Retour en base arri�re, Bigeard nous parle. Le r�giment au carr�. M�mes refrains habituels (...) je doute toujours sans rien laisser transpara�tre aux gars de mon groupe. Les gus. On appelait nos gars les gus. M�me Ren� Sentenai, je sens qu�il n�y croit pas. De temps en temps, � moi seul, il dit : �Cette guerre, je sens que cela va finir comme en Indo. Mais ne dis rien � tes gars�.
� Le 8 octobre 1957 : alerte permanente, etc. etc.� Je vous offre cette copie de mes cahiers journal. Je voudrais vous pr�ciser que j�ai donn� beaucoup de d�tails. Beaucoup de d�tails sur la journ�e du 29 septembre 1957. Je d�cris ce que j�ai v�cu...
L. S. : Justement je souhaite que vous me parliez de votre v�cu. Les d�tails que vous fournissez sont tr�s importants mais votre quotidien l�est aussi. En cours de route, vous m�affirmiez que vous �tiez un assassin. Pourquoi ?
R. C. : Que voulez-vous ! ... J�avais 20 ans en 1956, � cet �ge je me suis retrouv� avec des militaires qui revenaient de la guerre d�Indochine... Ils avaient v�cu ce qu�ils nous ont demand� de faire � Alger.
L. S. : C�est-�-dire ?
R. C. : Les tortures, les pires tortures. Ils nous ont transform�s en b�tes humaines... J�ai tout �crit dans mon journal et dans mes archives. Mais le plus important, je le garde dans un coffre-fort au cas o� il m�arrive quelque chose ou qu�on m�en... Presque tout est dans mon journal� (il reprend son cahier journal et lit le passage suivant) �Je retourne � la vie civile. Vais-je m�adapter ? Soutenu par ma belle-famille pied-noir d�Alger, par mon �pouse et mon fils qui sera �g� d�un an dans 2 mois. Je vais me battre seul dans une nouvelle jungle : la vie civile. De l�arm�e je n�attends rien. Je lui ai tout donn�. Je lui avais m�me offert ma vie. Je pars avec des regrets et de bons et terribles souvenirs qui vont me hanter tout le reste de ma vie. H�las j�en suis s�r ...�
L. S. : De quels terribles souvenirs il s�agit ?
R. C. : (Cloarec tient sa t�te entre ses deux mains. Long silence. Reniflements. Pleurs �touff�s).
R. C. : Partout des souvenirs terribles. Dans les maquis, dans les villages, dans les villes. A Alger, � Guelma, � Souk-Ahras, � Collo, � la fronti�re tunisienne... Des enfants �g�s de 8 ans devenus des monstres, des visages d�form�s, des visages avec un �il, des corps sans jambes... Des personnes devenues des d�g�n�r�s, des fr�res qui s�accouplent avec leurs s�urs, une m�re avec son fils, des p�res avec leurs filles. Ainsi dans tous les villages retir�s... L��uvre des SAS, l�op�ration de Miliana dans les �gouts de l�h�pital, c��tait un refuge FLN. La c�te 1193 ... (Il semble divaguer) Djebel Debah, Kef Lakhder, Champlein ... Ecole des filles de fort l�Empereur... j�ai tu� 73 Alg�riens.
L. S. : ... 73 Alg�riens ?!
R. C. : ... Oui ... il reprend son cahier-journal) Je vous lis ce que j�ai �crit : �Ces exactions �taient dues � notre formation fanatique par des officiers et des sous-officiers tous issus de l�Indochine. Je vais garder des remords � vie � cause de ces souvenirs et ces tueries. Si je comptabilise tous ceux que j�ai tu�s, soit les armes � leurs mains, soit d�sarm�s, leur nombre est de 73 tu�s en 5 ans et demi de la guerre d�Alg�rie. Il suffit de compter les morts dans mes citations, soit 30 morts lors d�une op�ration et 37 morts dans un village... sans compter les exactions non d�clar�es sans ordre re�u ... Je suis meurtri, bless� � vie ...� C�est ce que j�ai �crit et d�pos� aux archives de Vincennes. Oui j�ai tu� 73 Alg�riens. J�ai tu� des personnes sans armes, je les ai mitraill�es ... C��taient les ordres ... J�ai tu� d�autres lors de combats loyaux mais c��tait pour rien ...
L. S. : Dans quelles circonstances avez-vous tu� ces 30 Alg�riens ?
R. C. : C��tait lors d�une op�ration les armes � la main, c�est-�-dire aussi bien nous que les rebelles, tous nous avions des armes. J�ai la citation qui le prouve. (Cloarec retira de ses documents la citation n�35 du 5 septembre 1958 qui comporte le paragraphe suivant) : �En qualit� d�adjoint au chef de section a manifest� de nouveau sa t�m�rit� et son sang-froid, le 4 avril 1958 au djebel Djedira (sud de Bir El Ater) en brisant � la t�te de ses hommes, apr�s plusieurs assauts, la r�sistance opini�tre de deux nids de mitrailleuses rebelles. Au cours de cette action, a an�anti 30 adversaires et a r�cup�r� deux mitrailleuses.�
L. S. : Et les autres personnes que vous avez tu�es ? Etaient-elles arm�es ?
R. C. : Non. Elles n��taient pas arm�es. C��tait en Kabylie, dans un petit village qui �tait un lieu de ravitaillement, de repos et de renseignements. Nous avions eu des informations selon lesquelles nous pouvions coincer les rebelles. Mais � notre arriv�e, toute la bande n�y �tait plus. Elle avait d�guerpi au petit jour car elle �tait certainement inform�e de notre venue. Au cours des interrogatoires, les ...


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