A l�origine de ce qui est convenu d�appeler �l�affaire Clearstream�, il y a l�enqu�te confi�e au juge Renaud Van Ruymbeke sur la vente des fr�gates de Ta�wan pour 2,5 milliards de dollars qui aurait donn� lieu au versement de 500 millions de dollars de commission effectu�e sur des comptes transitant ou g�r�s par Clearstream. Cette super-banque cr��e en 1970 par les grandes banques mondiales, bas�e au Luxembourg, est un �tablissement pratiquant la compensation internationale que Denis Robert, journaliste d�investigation qualifie de �lessiveuse d�argent sale�. Elle compte plus de 3000 soci�t�s clientes (grandes entreprises, banques, soci�t�s offshore�). Elle permet � ses clients d��changer de l�argent et d�effectuer des transferts physiques de fonds. Dans son enqu�te sur cette institution, Denis Robert a d�couvert que Clearstream avait mis au point d�s 1992 un logiciel permettant d�effacer de la m�moire des ordinateurs certaines transactions louches. Echappant � tout contr�le public, Clearstream brasserait pr�s de 50 fois le budget d�un pays comme la France. Les livres publi�s en 2002 sur cette entreprise par Denis Robert, La bo�te noire et R�v�lation$ aux �ditions les Ar�nes, montrent comment l�internationalisation et la multiplication des �changes ont conduit � la mise en place d�un syst�me financier international opaque, consistant, entre autres, �� dissimuler les transactions bancaires les plus troubles, par le biais de comptes cach�s�, d�voilant les �coulisses du blanchiment de l�argent sale�. Le journaliste a �t� plusieurs fois poursuivi en justice par l�Etat du Luxembourg, les soci�t�s et les clients mis en cause par ses enqu�tes : il a gagn� tous ses proc�s. C�est le bruit fait autour de ses r�v�lations qui est � l�origine de la crise politique actuelle en France. En 2004, le juge Renaud Van Ruymbeke re�oit plusieurs lettres anonymes impliquant des personnalit�s politiques fran�aises disposant de comptes chez Clearstream, parmi lesquelles Nicolas Sarkozy, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn� Or, en mars 2003, Imad Lahoud, fran�ais d�origine libanaise, brillant informaticien et sp�cialiste des hautes finances, recrut� par la DGSE (services secrets fran�ais), enqu�tant sur le financement de l�islamisme, avait contact� le journaliste Denis Robert et s��tait fait remettre un CD-Rom, portant la trace de 30 000 op�rations bancaires enregistr�es � Clearstream. Et en novembre 2003, Jean-Louis Gergorin, vice-pr�sident de l�EADS (groupe d�a�ronautique et de d�fense), remettait de son c�t� au g�n�ral Rondot, membre de la DGSE, des listings de comptes Clearstream comportant des noms d�hommes politiques. Dominique de Villepin entre en sc�ne et charge le g�n�ral d�enqu�ter. Il se trouve que le journaliste n�a aucun mal � reconna�tre dans les lettres anonymes adress�es au juge Van Ruymbeke, des �l�ments �voqu�s lors de ses discussions avec Lahoud et constate que les listings re�us par ce juge sont faux parce que truqu�s. Denis Robert soup�onne alors Lahoud d��tre le corbeau, l�auteur de ces lettres anonymes et des fausses listes de comptes adress�es au juge. L�affaire �clabousse la droite fran�aise. Nicolas Sarkozy, candidat d�clar� � l��lection pr�sidentielle de 2007, mis faussement en cause, tente de retourner la situation � son profit. De Villepin se d�fend d�avoir essay� de le salir. A coups d�accusations, de d�mentis, la droite fran�aise se d�chire, tandis qu�une presse consentante pratique une censure invisible. Ainsi que l�expliquait Pierre Bourdieu, elle pratique l�art de cacher en montrant autre chose que ce qu�il faudrait montrer. Ainsi, rares sont les m�dias qui analysent cette affaire comme un r�v�lateur du fonctionnement pervers de la mondialisation n�o-lib�rale, avec ses m�canismes de domination et d�exploitation, de gestion financi�re occulte, de paradis fiscaux et de comptes cach�s, avec pour corollaire une g�n�ralisation de la pauvret� et de la pr�carisation � l��chelle plan�taire.