La Maison de la culture de Tizi-Ouzou a organis�, en collaboration avec les troupes th��trales Imsebriden et Tachemlit, des activit�s en hommage au po�te et dramaturge kabyle hors pair Mohia, disparu il y a deux ans. Les visiteurs ont eu � d�couvrir l��uvre et le parcours du militant de longue date de la cause berb�re � travers une exposition permanente de photos et d�articles de presse, dont la plupart parus apr�s sa mort, lui qui n�a accord� qu�une seule interview durant toute sa vie, et ce, � la revue Thafsut du temps de la clandestinit�. Certains ont pu se rendre compte pour la premi�re fois de l�importance et la dimension de l��uvre et de l�homme, celui qui a toujours fait de la production qualitative son credo et qui a toujours pr�n� ce moyen pour la promotion de la culture et de la langue amazighes, de celui, �galement, qui a toujours �t� contre toute forme d�exhibitionnisme ou de la r�duction de la lutte pour cette composante de la personnalit� alg�rienne au seul usage de quelques mots et symboles �en vogue�. On a pu en plus appr�cier, � sa juste valeur, avec quel g�nie cet auteur prolifique a r�ussi des adaptations de beaucoup d��uvres universelles, leur donnant une �me kabyle, jusqu�� �croire que ce sont d�authentiques �uvres kabyles dont les auteurs �trangers nous ont spoli�s�, comme a tenu � le remarquer un autre grand po�te. La giara de Luigi Pirandello, Tartufe et M�decin malgr� lui de Moli�re, En attendant Godot, de Samuel Beckett, La v�ritable histoire de d�Ah Q de Lu Xun� deviennent Tachbalit, Si partuf, Si Lahlu, Am win itsrajun rebbi, Taqsit N�mouh terri exactement Aken thella sous la f�rule de Mohia. Ce sont autant, entre autres, de chefs-d��uvre que le public a �t� invit� � prendre comme exemple pour hisser plus haut notre culture. Le torrent po�tique qu�il �tait et dont le d�bit a �irrigu� toute une g�n�ration de chanteurs engag�s, � l�instar de Ferhat, Idir, Debza, pour ne citer que quelquesuns, est aussi mis en exergue. Dans la foul�e des activit�s, la troupe Tachemlit de l�association culturelle Youcef- Oukaci a pr�sent� dans l�enceinte du petit th��tre, qui avait du mal � contenir toute l�affluence venue rendre hommage au militant d�termin� et au dramaturge de g�nie que fut Mohia, un r�galant montage po�tique qui a �bloui l�assistance. Toute la po�sie du d�funt, allant de 1975 � 1985, est repr�sent�e en parfaite illustration de la situation g�n�rale du pays durant toute cette d�cennie. La m�me journ�e a vu la pr�sentation de la pi�ce Thachvailit qui est une adaptation de l��uvre La jarre du prix Nobel Luigi Pirandello. Cette derni�re a �t� jou�e de mani�re tout aussi admirable par la troupe Imsebriden. L�universitaire Mohand Ouamar Ousalem a eu quant � lui � animer une conf�rence-d�bat autour de la vie et l��uvre du disparu. La comm�moration a pris fin vendredi avec un recueillement sur la tombe de Mohia au cimeti�re de son village natal, Ath Frah, dans la commune d�Iboudraren. Ainsi tomba le rideau sur une manifestation culturelle � r�pertorier dans le registre de l�utilit�, non par son aspect �d�hommage post-mortem�, comme c�est devenu l�gion de nos jours, ou de �recherche du salut dans les tombes�, pour paraphraser un autre grand po�te, Lounis A�t Menguellet en l�occurrence, et dont le d�funt n�en voudra jamais en tout cas, mais qui tire son importance de la n�cessit� de faire conna�tre la monumentale �uvre d�un homme qui reste m�connu, il faut le dire, des grandes masses, notamment des g�n�rations montantes. Une �uvre qui devrait servir de pi�destal et d�exemple pour op�rer un saut qualitatif dans le cheminement vers la cons�cration de la cause qui lui a toujours �t� ch�re. N�a-ton pas entendu dire un autre �g�ant�, Kateb Yacine, dire : �L�un de mes plus grands regrets dans ma vie est de n�avoir pas connu Mohia plus t�t.� Donc c�est de la n�cessit� et non de la nostalgie que cette comm�moration devrait tirer toute sa grandeur. IMPRESSIONS RECUEILLIES Mouloud Mouhia (fr�re du d�funt) �Je suis tout content de cet hommage et je crois que m�me lui �a lui plairait bien, car ce qui y est fait est utile. Il mettait toujours l�accent sur le s�rieux et l�utilit� du travail. Je suis tr�s �mu de constater toute cette affluence de la composante juv�nile qui �tait tr�s attentive � ses �uvres, car elles ne sont pas bien connues de celle-ci. Ce n��tait pas un �misanthrope�, il aimait beaucoup son peuple et je constate qu�on le lui rend bien et c�est la preuve qu�il n�est pas mort. Ceci dit je suis tr�s d��u par la commercialisation ill�gale, anarchique et grossi�re de ses produits � des fins mercantilistes, lui qui n�a jamais tir� un sou de ses productions, car il disait toujours pour se justifier que �le Chinois survit gr�ce � un bol de riz�. Les consciences et l�ONDA sont interpell�es pour pr�server ses �uvres, dont une grande partie est in�dite. C�est son fils et sa famille, les h�ritiers naturels, qui doivent s�en occuper. La diffusion doit se faire dans les normes et dans l�esprit voulus par mon d�funt fr�re.� EL HASSEN METREF (pr�sident de la Ligue des arts cin�matographiques et dramatiques de Tizi-Ouzou) �Cette manifestation est tr�s importante de par son utilit�. Mohia est un grand po�te et dramaturge dont il faut tirer grand profit pour les nouvelles g�n�rations. Il faut se r�approprier son �uvre dont beaucoup est actuellement en France ou in�dite.� ALI BENBOUABDELLAH (com�dien de la troupe Imsebriden, connu par son r�le de �Jeddi Yevrahim�) �Cet hommage est tr�s b�n�fique pour sauver de l�oubli l�homme, quoique Mohia ne soit pas quelqu�un qui risque �a. Je le dit parce que c�est une fois mort que les gens commencent � le d�couvrir. Moi qui ai eu � le rencontrer deux ou trois fois, je garde de lui une image de simple, de rigoureux dans le travail et de s�rieux. Aussi, il est malheureux de constater que ses �uvres, 6 cassettes et 2 pi�ces, sont grav�es dans un seul CD et se commercialisent de mani�re anarchique. L�ONDA doit intervenir et consulter son fils et sa famille, qui, je le pr�sume bien, ne seront pas contre une diffusion s�rieuse et honn�te.�