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CHRONIQUES D�UN TERRIEN
Touche pas � l�honneur de ma tribu ! Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 05 - 2007

Est-ce par confort intellectuel ou par ignorance que certains confr�res, s�rement bien intentionn�s, mettent les 40 derni�res ann�es de notre histoire dans le m�me sac d�une dictature honnie, produit d�un syst�me de pens�e �unique� qu�ils veulent indivisible et invariable ! Le raccourci est tentant. Pourtant, on ne se d�barrasse pas d�une �poque comme on le ferait d�une chemise sale. L�histoire ne s��crit pas en abr�g�.
Elle n�est pas une petite histoire que l�on raconte � ses petits-enfants autour du feu. Elle est trop fi�re pour enlacer le zigzag des phrases sibyllines ; trop juste pour se laisser corrompre. L�histoire est certes un tout, mais mettre sur le m�me pied d��galit� l��poque lumineuse du renouveau alg�rien, la grande �re du r�ve qui a nourri nos espoirs et nos �uvres, et le grand d�clin, l�in�narrable d�route politique, sociale et culturelle des ann�es 2000, est un exercice pour le moins mortel. Chaque mot port� � l�honneur des braves est une insulte � la m�moire d�un peuple et de son �lite qui ont cr�� le miracle des ann�es 70 ! Nous n�avions rien, la voiture �tait le r�ve inaccessible et, souvent, les p�nuries �taient notre lot quotidien. Les flics nous tabassaient pour un oui, pour un non et nos jeunes copines en minijupe se faisaient badigeonner les jambes par les agents ! Pourchass�s par les hommes en bleu, nous avions couru dans les rues de 1969, arrachant notre part du r�ve de 1968� Papillons d�un printemps nouveau, nous virevoltions, remplis du bonheur de porter, en notre �tre profonde, les id�es de progr�s et de justice qui traversaient l��poque comme un grand courant d�air salvateur ! Nous �tions heureux ! Comment expliquer � ces jeunes qui nous insultent aujourd�hui, et qui sont devenus des machines mat�rialistes (la villa - la grosse bagnole - les voyages), que nous �tions heureux sans tout cela ! Comment dire aux harraga que, sans avoir les moyens dont ils disposent aujourd�hui, nous n�avions pas besoin d�aller ailleurs pour vivre notre r�ve ! Il n�y avait pas encore de visas et le billet d�avion vers Paris co�tait moins de 1000 DA. Quant � l�autorisation de sortie, il ne faut pas exag�rer, non plus. N�importe quel jeune qui pouvait se d�brouiller un h�bergement envoy� par un �migr�, obtenait son autorisation. Et pourtant, les voyages � l��tranger ne nous disaient rien ! Souvent, des jeunes lecteurs m��crivent pour me dire qu�ils ne comprennent pas comment des journalistes se permettent de dire que la p�riode de Boumediene �tait la plus sombre ! Pourquoi cette r�action ? Parce que, simplement, me disent-ils, nos parents pensent le contraire. �Mon p�re et ma m�re me racontent qu�ils vivaient bien, mangeaient bien, sortaient au restaurant, allaient au cin�ma, se rendaient au dancing, voyageaient partout en Alg�rie. Les journalistes �crivent autre chose. Mes parents me disent que l�Alg�rie �tait belle et qu�ils �taient les plus heureux ici !�
Est-ce faire mal � la v�rit� et � l�histoire que de dire cela, de reconna�tre qu�une g�n�ration, la mienne, celle qui a �t� nourrie � la lutte r�volutionnaire des moudjahidine et aux id�es de progr�s de notre monde, a cru le r�ve possible ici ? Non seulement cru, mais agi, �crit, lutt�, pour que, plus jamais, l�Alg�rie des colons et de l�injustice ne revienne : plus jamais, l�in�galit�, l�exploitation, les khamm�s, l�esclavage ne se reproduisent sous le r�gne des Alg�riens ind�pendants ? En mettant entre parenth�ses les inestimables r�alisations de ma g�n�ration, en les m�langeant aux d�chets douteux qui dorment au fond du sac d�embrouille r�serv� par les �l�gantes plumes d�aujourd�hui � la �dictature�, n�essaye- t-on pas de nous reprogrammer, apr�s un formatage en bonne et due forme qui nous fera oublier ce qui a livr� un sens � notre vie, cette part de r�ve et d�espoir qui nous a donn� envie de rester ici, de b�tir l�avenir de nos enfants et de croire que le paradis terrestre allait avoir pour nom Alg�rie ? Souvent, lorsque je rencontre des Alg�riens de ma g�n�ration, je ne manque pas de les �couter et c�est le bonheur qui s�installe dans ma t�te, sevr�e de plaisirs par le r�gne actuel de la m�diocrit� ! Ils me racontent, � leur mani�re, ce qu�ils ont fait pour le pays ! Tout, pratiquement tout ! Les jeunes plumes qui, d�un trait souvent maladroit, regrettent presque la colonisation, ne savent pas ce qu�est la colonisation ! Ils ne peuvent imaginer la dure r�alit� v�cue par nos parents et nous-m�mes ! Ils ne peuvent pas imaginer la faim, la soif, la souffrance, la maladie, la privation, le d�nuement, les pieds nus, les poux, l�arri�ration, le d�sespoir, le racisme ! Ils ne peuvent imaginer qu�au lendemain de l�ind�pendance, les ing�nieurs n�existaient pratiquement pas, que l�ensemble des secteurs d�activit� �tait d�pourvu de cadres, que tous les services publics �taient abandonn�s par les Fran�ais et que l�Etat n�avait que quelques milliards en caisse ! Partir de z�ro, remettre la machine en branle, assurer la continuit� du service public, faire marcher les trains, les stations �lectriques et tout ce qui est essentiel � la vie ; toutes ces missions impossibles furent men�es avec succ�s par les nouveaux Alg�riens, ces femmes et ces hommes qui vont �tonner le monde par leur capacit� � ma�triser le destin de leur pays. Ils b�tiront quelques ann�es plus tard, le �Japon� de l�Afrique, au rythme d�une industrialisation massive et intr�pide dont le choix �tait la meilleure r�ponse aux sir�nes de l��conomie de march�. �Faites du tourisme et de l�agriculture�, conseillaient les mauvais conseillers. Comme si le Canada, l�Am�rique ou la Russie avaient b�ti leurs �conomies sur l�agriculture et le tourisme ! Ou encore, aux gens qui veulent nier certaines v�rit�s, l�Alg�rie des ann�es 70, une d�cade apr�s le d�part des colons, exportait, par navires entiers � ceux de l�OFLA � oranges et agrumes vers les ports de Hambourg et ceux du nord de l�Europe. C��tait l�agriculture socialiste, non ? Et vous, qu�avez-vous fait avec l�agriculture trabendiste et les milliards de dinars bouff�s dans des plans d�aide et de soutien qui vont dans les Mazda et le b�ton, et rarement � la vraie production de cultures essentielles ? La facture alimentaire a �t� multipli�e par trois depuis cette �poque, alors que la population n�a fait que doubler ! Mangeons-nous mieux ? A voir l��tat piteux de mes semblables, � causer avec eux, � visiter leurs gourbis, il ne me semble gu�re qu�ils soient mieux lotis ! Quant au tourisme, on ne vous dit pas que, malgr� les choix strat�giques de Boumediene, l�Alg�rie avait commenc� � se doter d�une infrastructure qui n�avait rien � envier � celle existant, � l��poque, en Tunisie et au Maroc. Faisant appel � des architectes de renom, le secteur public du tourisme a cr�� des stations de r�putation mondiale qui recevaient, grosso modo, le m�me nombre de touristes que ceux visitant les pays limitrophes. C��tait avant que l�on nous complexe, au point de nous ridiculiser ! Tiens, les Chinois travaillent mieux que les Alg�riens et, pour un chantier de pacotille, nos fr�res arabes sont plus cal�s que nous ! Des soci�t�s alg�riennes soumettent des offres : elles sont refus�es et ce sont les consortiums �trangers qui raflent les march�s. Mais, surprise, ces soci�t�s �trang�res c�dent le march� aux m�mes Alg�riens recal�s. �videmment, en gardant une bonne part des sous ! Il y a une politique d�lib�r�e de d�valorisation syst�matique de tout ce qui est alg�rien ! Voil� o� m�ne une logique qui a commenc� par nous dire qu�il fallait �voluer, s�ouvrir sur les autres, prendre de chez eux ce que nous n�avons pas ! Mais, pour le moment, ce sont les Libanais, les Tunisiens, les Saoudiens et d�autres fr�res qui ont le beurre et l�argent du beurre. Nous sommes victimes d�une politique antialg�rienne en Alg�rie ! Voil� qui prouve que la �d�mocratie� peut faire parfois pire que la �dictature� !
M. F.
(1) : L� o� vous allez dans le monde, si vous rencontrez un concitoyen qui impose le respect chez les autres et qui vous rend votre fiert� d�Alg�rien, sachez qu�il y a de fortes chances qu�il soit de ma g�n�ration ! Qu�il a commenc�, ici, � caresser les m�mes espoirs que moi et que les grandes distances qui le s�parent du pays de ses r�ves ne seront jamais un obstacle � son patriotisme ardent !
(2) Reconnaissons que, pour ce qui est des l�gumes et fruits, la situation est plut�t meilleure aujourd�hui. Mais il manque une strat�gie pour la r�duction de la facture alimentaire, v�ritable enjeu de toute agriculture nationale.


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