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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
Dans le brouillard de Lalla Setti Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 11 - 2007

Une bien curieuse aventure que ce voyage en train effectu� par un mois de juin des ann�es soixante-dix. Un d�part de Tlemcen vers Oued Tl�lat pour prendre la correspondance sur Alger. Mais, il se passera beaucoup de choses avant d�atteindre cette gare� C��tait � l�occasion d�un voyage du pr�sident Boumediene � Tlemcen. Durant deux journ�es bien remplies, nous avions cravach� dur, su� et rarement connu quelques instants de repos.
M�me la bouffe �tait al�atoire, car le confort d�aujourd�hui n�existait pas. Quand je vois toutes ces inventions modernes comme le fax et l�e-mail, j�envie parfois les journalistes de la nouvelle g�n�ration, car ils ont tout � leur port�e ! A notre �poque, l�envoi d�un article vers la r�daction centrale �tait la pire des punitions. Passe encore pour son �criture : un stylo Bic et quelques feuilles de brouillon, un coin de comptoir dans un bar mal fam� ou une table de chambre d�h�tel� Pas d�ordinateur, ni de logiciel de traitement de texte pour vous aider � aller vite, corriger les fautes et chercher le bon synonyme� Et au bout, l�in�narrable aventure du t�l�phone. C��tait souvent d�un village perdu o� le seul combin� se trouvait � la mairie ou chez l��picier du coin. Pour avoir Alger, il fallait passer par le standard local et attendre parfois des heures. Et le plus dur, c��tait le moment de passer � la dict�e des articles. A l�autre bout du fil, des secr�taires st�nodactylographes aguerries, mais la mauvaise qualit� de la communication rendait la mission pratiquement impossible. Parfois, on passait des heures � dicter quelques paragraphes ! Au troisi�me jour de notre s�jour, nous avions enfin quartier libre. Toute l��quipe de notre journal avait d�cid� de faire un d�tour par Oran afin d�y passer le week-end, histoire de se reposer un peu apr�s cette couverture �reintante. Quant � moi qui lorgnais vers la petite gare romantique, visible du balcon de ma chambre d�h�tel, j�avais mon id�e quant au voyage du retour. Malgr� l�insistance de mes coll�gues pour les accompagner dans leur balade oranaise, je choisissais le train. J��chouais dans un wagon o� avaient pris place une dizaine de voyageurs qui semblaient mal r�veill�s. La moiti� d�entre eux sombrera d�ailleurs dans les bras de Morph�e, bien avant le coup de sifflet du chef de gare. Un chef de tribu, tra�nant sa famille nombreuse derri�re lui, avan�ait p�niblement vers le wagon de Troisi�me, classe qui a �t� supprim�e depuis� Enfin, le d�part. Nous attaquions les pentes abruptes de la cha�ne de montagne qui enserre la capitale des Zyanides au sud-est. Le petit train grimpait les hauteurs de Lalla Setti, immense plateau dominant la ville la plus andalouse d�Alg�rie, pour finir sur les cimes, longeant dangereusement d�abruptes falaises. Nous enjambions le fameux pont m�tallique qui surplombe la belle terrasse du centre de loisirs d�El Ourit, du nom de la magnifique cascade qui coule du ventre de la montagne. Apr�s les altitudes o� il roulait comme une tortue, notre convoi filait un peu plus vite � travers les espaces plats et nus des champs de bl�. Ce n��tait pas le TGV mais c��tait un peu mieux que sur les hauteurs. Les premi�res r�coltes avaient d�but� et le paysage �tait barbouill� de ce jaune accrocheur ins�parable des images de l��t�. Cette saison venait de s�installer partout, avec son soleil qui va calciner les terres, son ciel bleu et lumineux, ses cigales chantonnantes et ses plages accueillantes. Dans ce train qui filait vers Sidi-Bel-Abb�s, il y avait quelqu�un qui �tait � mille lieues d�appr�cier la beaut� de ce spectacle. L�homme qui venait de monter d�un petit village domin� par la kouba d�un marabout local n�avait pas l�air d��tre dans son assiette. Il s�installa pr�s de moi et sombra dans un �trange silence. Sa face, ravag�e par le soleil, virait au violet. Il avait les yeux hagards comme s�il venait de rencontrer le diable en personne sur les quais de cette gare perdue de la plaine belab�sienne. Il s�agitait dans tous les sens et se retournait sans cesse, comme s�il avait peur d��tre poursuivi. Il sortit de la poche de son veston un vieux portefeuille en piteux �tat, en tira une photo jaunie et �corch�e qu�il contempla longuement, puis il �clata en sanglots. Fichtre alors, il ne manquait que lui pour compl�ter le tableau obscur de ce train vide qui roulait dans la nudit� de la plaine �cras�e par le soleil matinal� Quelques instants pass�rent avant que le contr�leur des chemins de fer ne vienne interrompre les lamentations du pauvre bougre qui pleurait � chaudes larmes. Et comme il n�avait pas de billet, ni d�argent d�ailleurs, l�agent de la SNTF le pria de d�cliner son identit�. Le gars n�avait m�me pas de carte d�identit�, ni aucun papier d�ailleurs. Toute sa vie semblait se r�sumer � cette photo chiffonn�e qu�il serrait entre ses doigts. L�affaire tournait au vinaigre quand j�eus l�id�e d�intervenir pour r�gler la note du voyage. Encore fallait-il que nous sachions la destination du bonhomme. Rien. Silence radio. Le gars ne nous �coutait m�me pas. Il n�avait d�yeux que pour la photo� Le contr�leur accepta de nous d�livrer un billet pour Oued Tl�lat. Ensuite, on verra� Apr�s le d�part de l�agent, le voyageur excentrique se leva et commen�a � se taper la poitrine, avec de plus en plus de force, comme s�il voulait s�autod�truire. Il faisait cela en s�agitant dans tous les sens et, pour la premi�re fois, nous entend�mes le son de sa voix : �Kheiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiira !� cria-t-il avec un �clat si puissant qu�il couvrit le bruit du train, pourtant assourdissant. Comme il risquait de se faire mal, quelques voyageurs m�aid�rent � le ceinturer. Une vieille dame nous proposa de l�eau de Cologne, une autre nous remit sa bouteille de Sa�da. Quelques instants apr�s, le gars se calma mais ne voulut pas l�cher la fameuse photo� A quelques kilom�tres de Sidi-Bel-Abb�s, le train s�arr�ta pour ne plus red�marrer. Une panne technique. Dans le wagon, transform� en v�ritable fournaise, le voyageur agit� dormait paisiblement. La photo lui glissa des mains. Nous nous pench�mes tous ensemble, dans un geste machinal nourri par notre curiosit� d�en savoir plus sur ce document pr�cieux. Il repr�sentait une jeune fille de moins de vingt ans, belle comme une aurore, qui se tenait debout devant une 504 flambant neuf. Elle portait une minijupe bleue et un chemisier blanc, s�par�s par une large ceinture rouge qui �tait de la m�me couleur que ses bottes qui montaient tr�s haut. Elle souriait au photographe. Etait-ce Kheira ? Son amoureuse ? Sa femme ? Nous n�en saurons rien. Et d�ailleurs, jusqu�� aujourd�hui, je ne suis pas plus avanc� Le gars s��tait lev� p�niblement et, comme un automate, avan�a vers la porti�re ouverte. Quelques voyageurs avaient choisi de descendre du train en panne. Mais comme il n�y avait pas l�ombre d�un arbre � l�horizon, ils remont�rent tr�s vite. Le �fou de Kheira� descendit du train et s�en alla � travers champs. Bient�t, il ne fut plus qu�un point minuscule dans la blondeur des champs� Et ce train qui refusait toujours de partir ! Au bout de quelques heures d�attente, je suivis le chemin du d�s�quilibr� pour me retrouver au beau milieu d�une belle route goudronn�e. Un taxi collectif me d�posera dans un village. B�tement, je venais de faire le chemin inverse, c�est-�-dire vers Tlemcen. Je repris un autre taxi mais comme ce dernier ne partait pas vers Sidi-Bel-Abb�s, il me fit descendre dans un autre hameau. Plus de taxi, ni de cars� Au bout d�une demiheure, je vis appara�tre une carriole. Je me suis rapidement retrouv� sur une charrette tir�e par un pauvre mulet qui n�en pouvait plus. La cravache de son propri�taire ne donnera pas de meilleur r�sultat et c�est ainsi que je fis le voyage jusqu�aux faubourgs de Sidi-Bel- Abb�s. L�appareil photo qui m�accompagnait partout servira � immortaliser ces instants. J�irai chez des amis. Avant de voir comment continuer ce voyage. J�aurais d� partir � Oran. Oui, les copains doivent �tre du c�t� de A�n Turk, en train de passer du bon temps. Les veinards. Tiens ! Peut-�tre m�me que le voyageur au visage aubergine avait fini sa course l�-bas et qu�une bonne bouteille de Mascara l�aidait � oublier cette �nigmatique Kheira�
M. F.
P. S. : Ce texte est tir� du livre Express de nuit


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