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ENTRETIEN AVEC BRAHIM TAZAGHART, MILITANT DU MCB ET �CRIVAIN D'EXPRESSION AMAZIGH :
"Tamazight ne doit pas �tre une culture � c�l�brer mais plut�t une culture � travailler, � d�velopper, � vivre au quotidien !"
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 04 - 2008

Po�te, �crivain d�expression amazigh et �diteur, Brahim Tazaghart est connu �galement comme �tant l�une des figures incontournables du mouvement culturel berb�re. Auteur de plusieurs recueils de po�sie et romans en tamazight, Brahim Tazaghart g�re actuellement les �ditions Tira � B�ja�a qui ont servi d�espace de rencontre avec leurs lecteurs � l�occasion d�une vente d�dicace de leurs ouvrages � de nombreuses plumes rebelles � l�image de Mohamed Benchicou, le Fumeur de th�, Hakim La�lam, Amari Chawki et Ma�mar Farah. A l�occasion de la comm�moration du 28e anniversaire du Printemps berb�re, Brahim Tazaghart, qui vient de traduire un recueil de po�mes de la po�tesse syrienne Maram Al Masri de l�arabe vers la langue amazigh, revient � travers cet entretien sur la situation de la culture amazigh et de la langue amazigh, 28 ans apr�s la premi�re r�volte d�avril 1980.
Le Soir d�Alg�rie : A la veille de la c�l�bration du Printemps amazigh, vous avez publi� une traduction d�un recueil de po�sie de la syrienne Maram Al Masri de l�arabe vers tamazight. Est-ce un choix ou un hasard de calendrier ?
Brahim Tazaghart : Honn�tement, il y a les deux � la fois. Pour ce qui est du choix, j�ai presque toujours �dit� en avril, que ce soit Ljerrat (les traces) qui est un recueil de nouvelles publi� en 2003, Salas dNuja qui est un roman d�amour en 2004 ou encore Akkin i tira, un recueil de po�sie �dit� chez Azur �ditions en 2006. Publier et enrichir la biblioth�que amazigh a toujours constitu� pour moi, et cela depuis des ann�es, ma fa�on de c�l�brer le 20 avril 1980. Je veille � ne pas perdre de vue qu�� l�origine des �v�nements du Printemps amazigh, il y a un livre, celui de Mouloud Mammeri qui traite des po�mes kabyles anciens. Fort de cette v�rit�, je crois que placer le livre au c�ur du combat pour tamazight, c�est donner un sens in�puisable � ce mouvement qui a toujours privil�gi� la raison et l�intelligence, malgr� des moments d��garement passagers. Placer le livre comme outil de combat, c�est insister sur l��vidence qu�il n�y a pas de savoir ni de connaissance sans l��crit et sans la lecture, et au-del�, il n�y a pas de progr�s possible s�il ne s�appuie pas sur un projet culturel ambitieux. Pour ce qui est du hasard, c�est la venue de la po�tesse syrienne Maram Al Masri en Alg�rie, � l�occasion du printemps des po�tes organis� par le CCF.
Pourquoi ce choix de traduire de la langue arabe vers tamazight ?
Je suis tent� de r�pondre pourquoi pas ! Mais passons ! Chacun sait qu�aucune langue ne peut vivre isol�e. Il y a l�absolue n�cessit� d��changer pour �voluer, l��change de cultures, c'est l'enrichissement de la culture. S�ouvrir sur d�autres langues ne peut que nous faire �voluer. Il en va de m�me pour les peuples ; la connaissance et la reconnaissance d�autres cultures les font �voluer. Les langues s�enrichissent entre elles. Chaque langue donne et re�oit en m�me temps dans ces �changes. Dans cette relation, tamazight a cultiv� un complexe d�inf�riorit� par rapport � la langue arabe. D�ailleurs, les anciens po�tes kabyles, pour signifier qu�ils �taient lettr�s et cultiv�s, pla�aient d�lib�r�ment des mots de la langue arabe dans leurs po�mes. Par la suite, et comme r�sultat des efforts des pouvoirs successifs d�utiliser la langue arabe pour �touffer tamazight, la population amazigh a cultiv�, avec le temps, un sentiment de haine et de rejet de cette langue. En gros, c�est pour d�passer ces complexes et cette situation de dualisme linguistique st�rile, improductive et permettre une relation normale et saine que j�ai r�alis� cette traduction. Je l�ai r�alis�e aussi, parce que la po�sie de Maram Al Masri est tr�s belle, pleine de beaut� mais surtout de nouveaut� dans l��criture et dans l�approche des choses de l��me et de la vie.
En plus de votre librairie qui est devenue un vrai espace de rencontres o� sont pass�s Benchicou, Hakim La�lam, Amari Chawki, Ma�mar Farah pour ne citer que ceux-l�, vous avez cr�� une petite maison d��dition. Comment vous en est venue l�id�e ?
Je crois que l�homme est perp�tuellement � la recherche du bonheur. Et faire ce qu�on aime, ce qui r�pond � nos aptitudes, c�est garantir une part de ce bonheur. J�ai quitt� la fonction publique, pour me lancer dans cette aventure parce que je ne voulais plus vivre d�chir� entre des exigences froides et des inspirations qui nous font toucher la douceur de l�existence. En plus de ces questions d�ordre intime, je crois que j�ai le devoir, en tant que producteur et animateur culturel, de contribuer � la structuration du champ de l��dition amazigh. Et pourquoi pas, aider au r�veil, qui se confirme d�ailleurs, de l��dition nationale.
A la veille du 28e anniversaire de la r�volte du 20 Avril 1980, comment appr�ciez-vous la situation de tamazight ?
Nous sommes dans un pays qui fonctionne � deux vitesses. Le pays avance pour mieux reculer. Un pays qui offre la libert� personnelle sans la libert� collective. Un pays o� l�on reconna�t constitutionnellement tamazight comme langue nationale mais o� on refuse d�inscrire des pr�noms amazighs � l��tat civil. Certes, la n�gation n�est plus au chapitre, mais la reconnaissance effective n�est pas non plus � l�ordre du jour.
On parle de la cr�ation d�une acad�mie de la langue amazigh, d�un haut-conseil � la langue�
Cr�er une acad�mie de langue amazigh ou un conseil charg� de la promotion de celle-ci est certes louable. Mais avant de proc�der � la cr�ation de ces cadres, ne fallait- il pas faire le bilan des institutions �tatiques existantes charg�es de la r�habilitation et de la promotion de tamazight ? Voyons sur le terrain o� en est la situation des d�partements de langue et de la culture amazigh, du Haut-commissariat � l�amazighit�, de l�enseignement dans les trois paliers de l��ducation nationale ? A ce jour, et malgr� des efforts m�ritoires des enseignants et des cadres des d�partements de Tizi-Ouzou et de B�ja�a, ceux-ci font face � de multiples probl�mes qui ne trouvent toujours pas de solutions . Si � l�int�rieur de l�universit�, on tarde � les faire acc�der aux statuts d�instituts dont il �tait question au d�part, � l�ext�rieur, on fait comme si ces d�partements n�existent pas. Je citerai � titre d�exemple le prix Apul�e de la biblioth�que nationale qui n�a m�me pas pens� � faire appel � toutes ces comp�tences. Savez-vous que le service charg� par l�ENTV du doublage des films et documentaires vers tamazight ignore magistralement l�apport des deux d�partements de langue tamazight ? Cette situation est dangereuse non seulement pour tamazight, mais pour le pays et l�Etat. Dans le cas de la langue tamazight, il s�agit de dire qu�en l�absence d�une acad�mie, l�universit� et ces d�partements font figure d�autorit� scientifique. Nous n�avons qu�� revisiter l�histoire de la langue fran�aise et comprendre que toute revitalisation d�une langue doit s�appuyer sur une autorit� scientifique � respecter dans tous les cas, m�me si le droit � la critique restera l�essence m�me du savoir. Quant au HCA, il reste sans pr�sident depuis plus de 5 ans, la majorit� de ses instances sont gel�es, et seule l�administration fonctionne. Cette institution n�a plus, � vrai dire, de fonction que celle de remplir un cahier des charges sans ambition. Pire, elle est plus utilis�e que rentabilis�e au profit de tamazight. Quant � l�enseignement, il est en train de tourner en rond en consommant l�engouement des �l�ves et des parents.
Vous paraissez tr�s pessimiste quant au devenir de la langue amazigh ?
Ni pessimiste, ni optimiste, je suis seulement r�aliste. Quand on d�cide de r�habiliter une langue, nous devons mettre les moyens, mais aussi adopter des strat�gies et des approches ad�quates. A quand la g�n�ralisation de l�enseignement de tamazight ? Comment va-t-elle �tre r�alis�e ? C�est l� des questions auxquelles nous devons r�pondre dans les plus brefs d�lais. Me concernant, j�ai d�j� appel� � l��laboration d�un calendrier portant g�n�ralisation de l�enseignement de cette langue. Comme premi�re �tape, nous avons la Kabylie , une r�gion o� la g�n�ralisation pourra se faire rapidement et de la meilleure mani�re. En deuxi�me lieu, il y a les autres r�gions amazighophones. Dans les r�gions arabophones, nous allons cr�er des classes pilotes. Pour ce faire, il s�agira d��laborer un calendrier et sa mise en pratique. Savez-vous, qu�actuellement, il y a des licenci�s en tamazight en ch�mage au moment m�me o� l�on parle de manque de comp�tences et d�encadrement ! L�intelligence veut que le seul crit�re acceptable pour l�ouverture des postes budg�taires soit le nombre des dipl�m�s de l�universit�. Les gar�ons, pour mieux les rentabiliser, doivent b�n�ficier d�un service militaire de forme civile.
A quoi sont dues ces insuffisances ?
Beaucoup de choses � souligner sont li�es � des attitudes de m�pris de soi, leurs origines et leurs d�veloppements. Si nous analysons la question de tamazight entre le discours politique et la pratique institutionnelle, nous serons surpris par les grands d�calages entre la parole et l�acte , le projet et sa r�alisation, l�intention d�clar�e et le fait av�r�. Il y a, en effet, une grave crise dans notre culture de l�Etat. La constitution reconna�t dans son article 03 bis tamazight comme langue nationale, mais � ce jour, les textes d�application ne suivent pas, le d�cret 81/36 du 14.03.1981 relatif � l��tat civil est toujours en vigueur, le d�cret 81/28 du 7/3/1981 relatif � l�arabisation de l�environnement ou la loi 91/05 du 1/1/1991 relative � la g�n�ralisation de l�utilisation de la langue arabe sont toujours l�. D�un autre c�t�, on peut observer un militant de tamazight, sinc�re et engag�, ne rien faire pour cette culture durant 5 ans de mandat � la t�te d�une assembl�e communale, et ne reprendre ses esprits qu�une fois �lib�r� de ce pouvoir. C�est impressionnant.
Le mot de la fin...
Ma conviction est que tamazight ne doit pas �tre une culture � c�l�brer mais plut�t une culture � travailler, � d�velopper, � vivre au quotidien. Sans culture, la vie cesse d�avoir un sens.


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