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LETTRE DE PROVINCE
Esth�tique des mosqu�es et vieilles pierres perdues Par Boubakeur Hamidechi [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 07 - 2009

Par une sorte d�autocensure, impos�e uniquement par le caract�re violent de notre relation avec la religion, il est rare que l�on s�aventure dans la critique des lieux du culte. Sacralis�s � l�exc�s malgr� leur hideuse esth�tique, ils essaiment � travers nos villes et villages par la seule pression de groupuscules de faux d�vots organis�s en associations caritatives.
C�est d�ailleurs ainsi que s��difie, dans l�anarchie urbaine, une mosqu�e chaque jour et qu�au pied des immeubles de nos cit�s, le moindre espace vert est r�cup�r� gr�ce � la complicit� de la puissance publique. Indiff�renci�s par leur architecture, ces temples destin�s au divin demeurent pour la plupart � l��tat de carcasses au moment o� ils ouvrent leurs portes aux pri�res des croyants. Or, il ne s�agit pas de voir dans cette absence de somptuosit� esth�tique un signe d�humilit� dans la foi. Bien au contraire, une telle indigence de la beaut� signifierait plut�t que l�int�r�t primordial dans chaque lieu de culte demeure l�embrigadement par la religiosit�. Loin et m�me en totale contradiction avec l�Islam tranquille de nos a�eux, les r�centes mosqu�es finissent toujours par devenir des officines pour impr�cateurs � l�oppos� de la pr�dication p�dagogique du pass�. C�est justement � partir de ce constat amer qu�il nous a sembl� utile de revisiter les vieilles pierres religieuses de Constantine afin de mettre en exergue ce que nous avons le plus perdu dans le domaine du sacr�. Celui du sens du beau indiscutablement attach� � la d�finition de tout ce qui est divin spirituellement. Retour donc sur les lieux d�une certaine foi paisible� S�il l�on admet que la ferveur religieuse se mesure, entre autres, au nombre de minarets �rig�s, alors Constantine occuperait une place privil�gi�e. Qualifi�e dans les chroniques d�il y a deux si�cles de �ville aux cent mosqu�es�, son nom est depuis rest� associ� � un certain rigorisme religieux. Souvent abusivement. M�me si l�on fait abstraction de l��tat actuel de la pratique religieuse, identique un peu partout avec ses h�r�sies et ses tartufferies, il reste que par le pass�, Constantine avait connu un �panouissement tr�s grand de la diffusion de la religion. Il suffit pour cela de faire le recensement de g�n�ration en g�n�ration de grands b�tisseurs de mosqu�es. A la gloire de Dieu ou pour leur post�rit� personnelle, les beys de la cit� se sont, chacun � sa fa�on, illustr�s durant leur r�gne en parrainant un ouvrage. Plusieurs de ces mosqu�es, aujourd�hui disparues, portaient la marque d�un go�t artistique s�r, affirment les m�morialistes. Leur disparition fut essentiellement le fait de la barbarie des Fran�ais qui saccag�rent les lieux de culte avec souvent l�onction de l�Eglise. Il est vrai que la conqu�te coloniale ne fut pas seulement l�apanage des soudards. Plac�e sous le signe du �sabre et du goupillon�, elle s�inscrivait dans l�esprit des croisades avec son cort�ge de profanations. Constantine et ses mosqu�es en subirent tous les outrages de cette intol�rance. Et si une infime partie du patrimoine cultuel en a �chapp�, cela ne fut d� qu�� la r�sistance des population locales exc�d�es. De Djama�-el-Kebir � la mosqu�e de Souq-el-Ghezal en passant par Sidi-Kettani, Sidi- Lakhdar ou Sidi-Abderrahmaneel- Qaraoui, la ville garde encore de cet �ge d�or quelques �difices pour t�moigner de l�art musulman dans la r�gion. Mais ce patrimoine se trouve aujourd�hui en piteux �tat, subissant r�guli�rement des �outrances� architecturales sugg�r�es par des gestionnaires des habous, remarquables surtout par leur ignorance crasse en la mati�re. Cependant, � c�t� de ces mosqu�es patin�es ayant surv�cu au temps, combien d�autres ont-elles d�finitivement �t� ras�es ? Constantine � la veille de la colonisation en comptait des dizaines. Au hasard de la lecture des archives, nous avons retrouv� les traces de leur implantation. La �carte du culte� de la cit� ayant �t� profond�ment modifi�e sous l�incessante pression des urbanistes europ�ens, il ne restait qu�� imaginer� Constantine, deuxi�me ville du pays en 1830 et capitale d�une province non encore soumise, sera d�s 1837, date d�occupation de la ville, �rig�e en place forte. Les remparts seront renforc�s et pourvus d�un chemin de ronde, et toutes les constructions de La Casbah seront enti�rement d�molies pour faire place � une forteresse comprenant des casernes d�infanterie et d�artillerie ainsi que la prison militaire. Certaines demeures spacieuses telles Dar-Ben-Baba (actuellement Hammam- Bencharif) et Dar-Bouba�ya, encore existantes � ce jour, seront r�quisitionn�es et serviront de casernement aux zouaves. Dans une r�gion hostile o� l�insurrection faisait partie du quotidien, les colonisateurs ne voulurent pas construire la ville coloniale en dehors des remparts, � l�instar de beaucoup de villes du Maghreb. Et pour des raisons �videntes, ils l��difi�rent � l�int�rieur m�me des murs. D�s 1837, ils d�cid�rent la d�molition totale de la ville, c�est-�-dire tous les quartiers de la partie haute (La Casbah et Tabia) pour la construction de la ville europ�enne. Seuls le palais du bey Ahmed, qui servira de r�sidence au g�n�ral de division, et la mosqu�e Hassan-Bey, reconvertie en cath�drale, en �chapperont. Tout le tissu urbain (maisons, r�sidences, administrations) dispara�tra, et zaouias et mosqu�es par dizaines ne seront pas �pargn�es �galement. C�est ainsi que l�on peut citer de nombreux lieux de culte qui ont disparu � jamais et dont quelques-uns font encore partie des vagues r�miniscences des vieux Constantinois. Un peu plus d�un quart de si�cle plus tard, vers les ann�es 1860-1870, la colonie europ�enne, devenue plus importante et toujours cantonn�e � l�int�rieur des murs de la ville, se mit en qu�te de nouveaux espaces. Elle proc�dera alors � une deuxi�me s�rie de d�molitions, dont la plus importante sera le percement de la rue qui porte aujourd�hui le nom de Ben M�hidi : un rude coup au Vieux- Constantine. Cette voie, la plus importante de la vieille ville, partant de Bab- El-Oued pour rejoindre Bab-el- Kentra, coupant la grande mosqu�e (Djem�a-el-Kebir dont il a fallu refaire la fa�ade) et traversant la ville de part en part, n�cessitera la d�molition du quart de la cit� et la population autochtone sera encore une fois refoul�e vers ce qui reste ainsi de la vieille ville. D�autres quartiers, d�autres maisons, d�autres rues et d�autres mosqu�es et zaouias dispara�tront � tout jamais. C�est ainsi que Sidi-Abdelhadi (� l�entr�e de l�exrue Nationale), Sidi-el-Khezri (pr�s de la porte d�El-Kantara) et Sidi Hidane (pr�s d�Ech-Chatt) laisseront la place � des b�timents europ�ens. Ernest Mercier, un ethnologue local, poussera le cynisme jusqu�� �crire que des �h�tels � trois �toiles ont remplac� les mosqu�es d�labr�es�. Ainsi, la d�molition de dizaines de mosqu�es n��tait pas �purement mercantile� mais s�inscrivait dans une strat�gie d�acculturation et de d�racinement de la population. D�autres mosqu�es situ�es en dehors des quartiers d�molis n�ont pas �chapp�, elles aussi, � la destruction. Il en fut ainsi de Djama�- Rahbet Es-Souf o� l�on �tudiait le droit et la th�ologie, d�molie pour �tre reconvertie en h�pital civil puis en couvent de religieuses chr�tiennes. Sidi M�hamed El-Djeliss sera transform�e en �cole primaire (ex-�cole Jules-Ferry), ainsi que Djama�-El-Djouza ( ex-�cole Condorcet) et Sidi-Chegfa (ex-�cole Arago). Sidi-Remah et Sidi-Saffar seront transform�es en �coles de filles. Sidi-Sebaini et Sidi-Ali El Quafci subiront le m�me sort. Sidi-Yasmine fera place au service m�dico-social et zaouiet Sidi Telm�ani servira de couvent aux s�urs du �bon secours�. Pr�s de la moiti� des lieux de culte ont disparu � tout jamais en un laps de temps tr�s court. Mais plus d�une cinquantaine ont surv�cu jusqu�� nos jours. Or l��tat dans lequel ils se trouvent pose avec acuit� la gestion du patrimoine et sa pr�servation.
B. H.
NB : cet inventaire comment� n�a pas pu �tre possible sans le conseil et l��rudition de M. Mohamed Bensegueni, un vieil universitaire constantinois dont la connaissance des lieux de cette ville est notoirement reconnue. Qu�il trouve ici l�expression de notre gratitude.
A nos lecteurs
La �Lettre de province� prendra � partir d�aujourd�hui quelques semaines de vacances et ne para�tra pas les trois samedis prochains. Nous vous donnons rendez-vous donc au d�but du mois d�ao�t. Merci de votre fid�lit� et bonnes vacances.


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