Le constat est certes charg� de col�re mais il est aussi un arr�t de mort adress� � ce syndicat officiel. Le fait qu�il ait pour auteurs les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba ne vaut-il pas son pesant de discr�dit ? Il paraphe, en quelque sorte, le sentiment qu��prouvaient en novembre dernier les fonctionnaires de l�enseignement quand ils d�cid�rent d�entamer une longue gr�ve de mani�re autonome. Pris � partie nomm�ment, le secr�taire g�n�ral de l�UGTA a m�me fait l�objet d�allusions d�shonorantes de la part des gr�vistes. Ne manquant pas de m�moire, ils n�eurent aucune peine � mettre en exergue certaines turpitudes du pass� et les �casseroles � que lui co�tent sa docilit� actuelle. Une terrible suspicion qui a, singuli�rement, chang� la perspective m�me de ce vaste d�brayage. En effet, tout en r�futant les d�cisions de la r�cente tripartite, les gr�vistes en veulent paradoxalement moins au pouvoir qu�ils ne s�en prennent au syndicat. Trait� de capitulard, celui-ci serait, selon eux, � l�origine de la d�gradation de leurs conditions socio-�conomiques. Ou tout au moins complice de la politique discriminatoire de l�Etat. Ainsi cette gr�ve, qui est en train de se durcir, exprime une double contestation. D�abord elle met en avant le rejet des nouvelles dispositions relatives aux droits � la retraite et aux r�mun�rations du travail, ensuite elle appelle au retrait de la confiance en l�UGTA en sa qualit� de n�gociateur. Lui reprochant d�avoir d�sert� sa vocation de d�fenseur des cat�gories de salari�s par inclination carri�riste, ils accusent ses instances de corruptibilit�. Reprenant les m�mes arguments utilis�s par les courants autonomes, les syndicats d�entreprise, agissant sous le sigle UGTA, commencent � mettre en doute la probit� de la commission ex�cutive. Autant croire qu�un vent de fronde est en train de se lever � l�int�rieur de cette maison. Le syndicalisme, version UGTA, prend eau de toutes parts. Il est aujourd�hui d�savou� violemment jusqu�� l��claboussement des notables qui la contr�lent. Cette nomenklatura, issue de congr�s pr�fabriqu�s et reconduite chaque fois selon les m�mes modalit�s, est non seulement combattue de �l�ext�rieur � (les autonomes) mais �galement contest�e de l�int�rieur. Voire pouss�e vers la porte de sortie. En termes de cr�dit, les actuels dirigeants, dont le plus visible est Sidi- Sa�d, sont indiscutablement clou�s au pilori l� o� les revendications l�gitimes empruntent la voie de l�affrontement. Tournant le dos aux v�ritables attentes, n�ontils pas contribu� � d�voyer l�action syndicale pour se d�vouer � la fonction peu glorieuse de pompier au service de l�appareil d�Etat jusqu�� en devenir son suppl�tif ? C�est cette image qu�ils renvoient d�eux chaque fois qu�ils sont sollicit�s en qualit� de partenaire pour sceller le destin du monde du travail. Appendice du gouvernement, l�UGTA n�a eu de cesse, depuis au moins cinq ann�es, de composer avec celui-ci plut�t que de relayer les dol�ances de sa base. En somme, elle traita en priorit� les incertitudes du gouvernement au lieu de se pencher d�abord sur les inqui�tudes des travailleurs. Telle qu�elle se pr�sente actuellement, cette �Centrale� est bien loin de rappeler qu�elle fut, � un moment de longue histoire, la bonne adresse pour exprimer son d�saccord avec les mandataires de l�Etat. De cette vocation, il ne reste presque rien. Fortement ins�r�e dans l�armature du pouvoir, elle fonctionne comme un vecteur mod�rateur de la revendication � la demande du gouvernement. Et pour �tre plus pr�cis, sur son injonction. De concessions, suppos�es tactiques, en compromissions politiques insoutenables, n�a-t-elle pas fini par �d�sesp�rer� Rouiba ? Ce bastion de l�ouvri�risme alg�rien o�, jusqu�� r�cemment, le taux de syndicalisation des salari�s �tait encore respectable, vient d�entrer l�galement en dissidence avec un appareil dont il d�couvre la d�testable duplicit�. En perdant son vaisseau- amiral que repr�sente ce fleuron industriel, l�UGTA est d�finitivement m�tastas�e. N��tant m�me plus en mesure d�assumer le r�le de �coupe-feu� face � la contestation comme il est exig� d�elle par le pouvoir, l�on peut d�sormais s�interroger sur son devenir. Autrement �crit : � quoi sert un tel syndicat pour le pouvoir ? Son inefficacit� par deux fois v�rifi�e sur le terrain (gr�ve des enseignants et celle de Rouiba) pourrait convaincre le r�gime � changer de �partenaire�. A moins qu�� d�faut d�un syndicalisme de substitution, il pr�f�re le ravalement de fa�ade de la m�me maison en y d�l�guant un autre personnel ! Discr�dit�s � Rouiba et un peu partout, Sidi-Sa�d and Co pourraient alors �tre remerci�s. Les congr�s extraordinaires ne sont-ils pas faits pour cela d�ailleurs ?