Il y a quand même quelques enseignements à retenir de ces élections locales. S'il n'y a pas vraiment de surprise dans les résultats, il y en a une de taille dans leur sillage direct : plus personne parmi les partis qui n'ont pas obtenu de score satisfaisant n'a crié à la fraude. S'il est vrai que les scrutins locaux ont toujours charrié moins de contestations par le passé, ça ne doit pas tout expliquer. Il y a comme une peur de faire face à la lassitude de l'opinion qui a encore boudé les urnes, surtout que même avec les chiffres de participation officiels, elle est majoritaire. Et parmi cette majorité, il doit y avoir une... majorité qui n'a pas renoncé au vote uniquement par paresse physique. Ceux-là, ils doivent avoir la conviction que les élections ne servent à rien parce que les dés sont pipés et les partis perdants auraient eu du mal à leur expliquer qu'on peut participer à une énième élection et crier une énième fois à la fraude. Le deuxième enseignement est dans les résultats... sans surprise, en dépit de certaines apparences, qui se déclinent dans quelques «réaménagements» dans la hiérarchie des seconds couteaux du pouvoir. Sinon, le FLN et le RND sont toujours là. On aura même remarqué, «juste pour le fun», un léger déclin du premier et une petite remontée au profit du second, ce qui va de soi. Et il n'y a pas que «l'opposition» qui semble se résigner à leurs scores sans s'en indigner outre mesure. Quelque part, on commence même à se poser la question : est-ce que le FLN et le RND ont encore besoin d'urnes à double fond pour gagner des élections ? Bien sûr, quand on détient la bourse, quand on fait du chantage au logement, quand on utilise la logistique de l'Etat, quand on mobilise l'administration publique au point où un wali somme publiquement les citoyens de voter FLN, le recours à la fraude par le bulletin devient presque dérisoire. Mais ça n'explique peut-être pas tout. Le troisième et dernier enseignement nous vient de la mairie d'Alger-centre. Anecdotique, mais peut-être pas tant que ça. M. Bettache va entamer son troisième mandat. Les deux premiers avec deux partis différents (le RND, puis le MPA) et le troisième avec une liste d'indépendants. Il y a quelques mois, il claqué la porte du MPA parce que Amara Benyounès lui avait préféré son frère pour conduire la liste des législatives. S'en est suivie une polémique où le MPA soutenait que c'est grâce au parti qu'il avait (re) conquis sa municipalité. Lui, bien évidemment, avait répliqué que c'était le MPA qui lui était redevable d'avoir gagné la mairie d'Alger. Maintenant, on sait qui a raison. Pas plus anecdotique que ça, également, ce qui est arrivé à Akbou. Une liste issue du mouvement associatif parrainée par TAJ vient de gagner la municipalité. S'en est suivie cette polémique où les élus et leurs supporters soutiennent que les candidats n'ont rien à voir avec le parti d'Amar Ghoul, alors que d'autres sont indignés qu'un parti islamiste s'empare de la mairie d'Akbou, une ville supposée imprenable par les formations de cette obédience. Là, on ne sait pas, du moins pas encore, qui a raison.