Quand il a déclaré, le plus sérieusement du monde et avec beaucoup d'aplomb qu'il avait été condamné à mort par la justice coloniale, il savait que personne ne le croirait, mais il savait surtout que personne ne le lui reprocherait chez les seuls dont le reproche compte pour lui. Même chez les autres, ses «adversaires» politiques comme au sein de l'opinion la plus large, il ne s'est pas trouvé quelqu'un pour lui «porter la contradiction» avec des arguments... sérieux, qui ne devaient pourtant pas manquer. Par contre, on en a beaucoup rigolé. On en a même redoublé de génie pour tourner, le propos comme son auteur, en dérision. Ould Abbas a quand même fini, considérant sans doute qu'il avait tout de même «exagéré un peu», par relativiser son héroïsme en déclarant que sa condamnation était par contumace. Il n'en avait peut-être pas besoin, puisque tout le monde avait vite oublié. A tel point qu'il a recommencé ! Quand il a déclaré qu'il avait fait ses études avec la chancelière allemande Angela Merkel qui était encore un bébé lorsqu'il avait séjourné dans ce pays, il ne savait peut-être pas que l'authenticité de sa «révélation» était aussi facilement vérifiable. On en a aussi autant rigolé avec quelques pics de finesse comme seul en est capable le génie populaire. Mais personne, dans le sérail comme à sa périphérie, n'a soufflé mot sur l'énormité. Quand il a déclaré, avec l'assurance du médecin soignant et le zèle du courtisan patenté, que le président de la république allait pouvoir marcher, on pouvait comprendre qu'il n'y ait pas grand-monde pour affirmer le contraire. D'abord parce qu'il n'y a pas grand-monde à connaître avec précision l'état de santé de Abdelaziz Bouteflika, ensuite parce que la courtoisie est toujours de mise en l'occurrence, quoi qu'on dise. On a encore pris le propos comme une frasque verbale de plus mais sans aller plus loin. Et puis, sur la question, il était vraiment dans son rôle. Quand il a dressé un portrait de Chakib Khelil tellement élogieux que le concerné lui-même a dû se sentir gêné, ça n'a surpris personne. Il a encore «zélé», mais il était dans l'air du temps. Tellement dans l'air du temps que le Premier ministre lui a emboîté le pas. Quand il s'est enorgueilli de la pléthore de candidats du FLN... analphabètes aux élections locales, on devait presque lui reconnaître le mérite de la franchise ! Des frasques verbales du secrétaire du FLN, il devait y en avoir d'autres, mais il faut bien arriver à la dernière. L'Algérie fait mieux que la Suède, en termes de transferts sociaux, selon le secrétaire général du FLN. Même les suédois ont appris à répondre à Ould Abbas à hauteur de son propos. On oubliera ça, très vite et il le sait, tout le monde le sait.