Le Pakistan pourrait devenir le dernier théâtre de la confrontation entre l'Arabie saoudite et l'Iran: Islamabad reçoit aujourd'hui des milliards de dollars d'aide et d'investissements saoudiens, selon le site Vestifinance. Le fusil d'assaut plaqué or offert en février par les sénateurs pakistanais au prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, fut probablement l'un des épisodes les plus mémorables de la tournée de ce dernier en Asie, écrit le site d'information Vestifinance. Le Pakistan, première escale sur le trajet du prince — avant l'Inde et la Chine — a instauré une fête nationale en l'honneur de Mohammed, et a considéré le royaume d'Arabie saoudite comme son «meilleur ami». Islamabad avait de quoi être ravi: Riyad venait d'annoncer sa volonté d'investir 20 milliards de dollars dans l'infrastructure et le secteur énergétique du pays, qui souffrait d'un manque de liquidités (environ 200 millions de dollars), se trouvait au bord d'une crise financière et tentait d'éviter son troisième sauvetage financier par le FMI. Beaucoup de ces projets d'investissement ciblent l'infrastructure pétrolière de la région du Baloutchistan, qui partage une frontière avec l'Iran, principal rival de l'Arabie saoudite, sur 900 kilomètres. «Mohammed ben Salmane suit une vision stratégique, soulignant la nécessité de faire pression sur l'Iran. Le Pakistan pourrait lui permettre d'exercer cette pression des deux côtés», estime Gregory Gause, professeur des relations internationales à l'Université A&M, Texas. Il s'agit d'un choix difficile pour les Pakistanais, qui ne considèrent pas l'Iran comme leur allié principal, ni comme une menace sérieuse, bien qu'ils redoutent l'élargissement de sa coopération avec l'Inde. «Je doute que les Pakistanais veuillent proclamer l'Iran comme leur ennemi et le combattre, mais il leur faut bien trouver comment utiliser les fonds de l'Arabie saoudite», fait remarquer Gregory Gause. L'attitude des Iraniens est tout, sauf passive: ils accusent depuis longtemps l'Arabie saoudite d'inciter aux troubles à la frontière pakistanaise, où se trouvent des combattants sunnites iraniens, qui s'opposent au régime de Téhéran, et ont déjà lancé plusieurs attaques contre les militaires iraniens. Les Saoudiens rejettent ces affirmations. Les combattants sunnites de l'organisation terroriste «Armée de la justice» ont tué en février, 27 pasdarans iraniens à la frontière. Téhéran a alors accusé les Pakistanais d'accueillir et d'héberger les combattants, et de leur permettre d'attaquer l'Iran.