En retour, le président du Vénézuela, Nicolas Maduro, a appelé la population à la «résistance active» contre les attaques fomentées, selon lui, «par les Etats-Unis» contre le système électrique du pays, afin de préparer une intervention militaire. «Je lance un appel à tous les pouvoirs, sociaux, populaires», a lancé le dirigeant dans une allocution à la télévision nationale, citant notamment les «colectivos», qui désignent aussi bien les groupes de citoyens menant des œuvres sociales que des formations violentes, agissant en milice. Pour Nicolas Maduro, les attaques contre le système électrique masquent une volonté des Etats-Unis de «désespérer» la population, afin de tenter de faire entrer de force l'aide humanitaire qu'il avait repoussée, et de justifier une intervention militaire. Arguant de la situation «calamiteuse», alimentaire et sanitaire après 100 heures sans électricité, le Parlement a, lui, décrété lundi, l'état d'alerte dans le pays, à la demande de Juan Guaido, président par intérim autoproclamé et reconnu par une cinquantaine de pays. Le décret approuvé par l'Assemblée nationale fait appel à la «coopération internationale» pour sortir le pays de l'ornière. Selon la Constitution, la proclamation de l'état d'alerte – phase préliminaire à l'état d'urgence, ouvre théoriquement la voie aux quelque 250 tonnes d'aide humanitaire stockées par l'opposition aux portes du pays et bloquées par le gouvernement, qui dénonce une tentative masquée d'intervention militaire américaine. Juan Guaido a, par ailleurs, décrété la suspension des livraisons de pétrole à Cuba, défendant la nécessité de faire «des économies d'énergie», au moment où la population est confrontée à la pire crise énergétique de l'histoire du pays, malgré ses colossales réserves d'or noir. Cette mesure a, toutefois, peu de chances d'être appliquée, tant que Nicolas Maduro bénéficie du soutien de l'armée, qui gère l'industrie pétrolière. Mais elle a aussitôt suscité une vive réaction de La Havane, qui a dénoncé dans un communiqué, des mensonges. Malgré le retour progressif du courant dans plusieurs quartiers de Caracas, la situation reste chaotique pour la population : se procurer de l'eau et de la nourriture à un prix abordable est devenu une gageure. Tout se négocie désormais en dollars, et ce partout dans le pays. Le gouvernement a annoncé une nouvelle journée fériée mardi : le pays, qui sortait à peine des vacances de carnaval, est à l'arrêt depuis vendredi matin. Le président Maduro attribue la panne géante qui affecte l'ensemble du pays, à une attaque «cybernétique» fomentée par les Etats-Unis avec l'opposition, contre la principale centrale hydroélectrique vénézuélienne. Une explication qualifiée de «scénario hollywoodien» par Juan Guaido, qui a dénoncé devant les députés «la corruption et l'impéritie» des services publics chargés de l'électricité.