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Le lieu mythique de la capitale se politise.. «Les Trois Horloges» à l'heure de la protestation
Publié dans Le Temps d'Algérie le 22 - 03 - 2019

Depuis plus d'un mois, Bab El Oued et son emblématique Place des Trois Horloges vit au rythme de la politique. Situation du pays oblige, on parle moins de foot.
Tout respire le bon vieux temps à Bab El Oued. Le quartier symbole s'impose toujours comme le lieu de rencontre le plus prisé de la capitale. On a toujours un parent, un ami à voir là-bas ou encore un prétexte pour revoir «la houma» de son enfance, de sa jeunesse. Ou tout simplement admirer l'animation particulière de ses rues. Nostalgiques «exilés» malgré eux dans les nouvelles cités de la périphérie ou «locaux» vivant dans des conditions d'exiguïté impossibles, se retrouvent chaque fin de semaine autour d'un noir bien serré ou d'un thé généreusement agrémenté de menthe fraîche.
Le Mouloudia et l'USMA sont les sujets incontournables des discussions où souvent le ton atteint son paroxysme. Mais on oublie tout avant de partir en se quittant avec une franche accolade propre aux Algériens. Depuis plus d'un mois, Bab El Oued et son emblématique Place des Trois Horloges vit au rythme de la politique. Situation du pays oblige, on parle moins de foot. Les marches du vendredi étant à l'honneur, les petits groupes s'éclatent et jubilent autour des smartphones connectés sur la toile bleue. «Ils ne veulent pas lâcher ou quoi ?», s'interroge ce jeune, le regard fixé sur son téléphone. Ce à quoi son voisin lui répond qu'«ils cherchent à gagner du temps, peut-être que les jeunes se lasseront. Mais rien de tel, car le processus est bien enclenché».
Wach galou ? (que dit-on ?)
Moins enclins à l'évolution technologique de la communication, les gens d'un certain âge restent toutefois à l'écoute de ce qu'on raconte. Auprès des jeunes, ils quémandent les dernières nouvelles rapportées par les réseaux sociaux. Par les temps qui courent, il faut être à la page. Les enfants, les petits-enfants sont là pour mettre au parfum les seniors. «Wach galou fi Facebook ?», demande ce vieil homme à son jeune voisin, tous deux attablés dans l'un des plus anciens cafés des Trois Horloges. Le jeune, les yeux sur l'écran de son appareil, met un peu de temps avant de lui répondre.
«Ils sont en train d'accélérer les consultations auprès de leurs soutiens étrangers parce qu'ils paniquent», lui répond le jeune homme, un master 2 en économie, service national accompli mais sans boulot. Montrant ce dernier du doigt, le pépé se désole en disant : «Vous avez devant vous un exemple vivant de ces jeunes sur qui nous pourrons compter une fois que ce système aura fait ses valises». Suivant la discussion, un homme d'âge moyen intervient. «Ammi Moh, dira-il, a passé toute sa vie à Bab El Oued. Il a connu le colonialisme sous toutes ses facettes en ayant subi discrimination, ostracisme, intimidation et toutes sortes de misères.
On l'appelait «ya ouled» à qui on remettait une petite pièce après avoir porté le couffin de madame. A l'indépendance, il espérait et croyait surtout en une Algérie démocratique, comme l'indique la Constitution. De mal en pis, le pays dirigé par un système véreux a atteint un degré de corruption intolérable. La hogra, la violation des droits de l'homme, le chantage exercé sur la liberté de la presse sont autant de facteurs nuisibles appliqués à ce peuple qui a fini par crier sa colère».
Table ronde chez El Hadj
8h30 au petit café de l'ex-rue des Moulins reliant la mythique place au marché couvert de fruits et légumes, actuellement désaffecté et dont la démolition en cours donnera vraisemblablement lieu à un projet d'utilité publique. L'estaminet est plein comme un œuf en ce dernier jour de la semaine. C'est à se demander si les gens travaillent. Mais selon les témoins, c'est toujours ainsi. Un haut lieu de la sociologie, paraît-il. Tous les politicards, comme le confirme un habitué des lieux, se rencontrent ici. «Toutes les discussions portent sur la situation du pays. Question d'actualité, les marches sont mises en avant pour animer les débats», ajoute notre interlocuteur avant de nous orienter d'un signe de la tête sur un groupe tous âges confondus occupant le fond du café. On parle à tue-tête. Un vrai dialogue de sourds qui a d'ailleurs nécessité l'intervention du propriétaire pour calmer les esprits. «Si vous ne vous écoutez pas les uns les autres, vous n'arriverez pas à vous comprendre. Le dialogue, c'est mieux», leur lance-t-il.
L'un d'eux, répond ipso facto que l'heure n'est plus au dialogue mais à la négociation, allusion faite au système acculé par la rue qui essaie de négocier son départ et non à dialoguer, étape considérée comme dépassée. Une réflexion à laquelle son pote lui rappelle que la mobilisation ne connaît pas de répit. «La dernière lettre attribuée au Président à l'occasion de la fête de la Victoire remettant sur la table la période de transition est loin d'être convaincante», rétorque-t-il, et de poursuivre que «les contestations sur la toile ne font qu'augmenter, ce qui augure d'une grandiose cinquième marche». Tout d'un coup, les voix se turent à l'apparition au seuil du café d'un homme de petite taille ressemblant drôlement à du déjà-vu. Ammi Moh nous apprend qu'on le surnomme Boutef en raison de sa ressemblance avec le Rais. «Le peuple écrit l'histoire», lance le sosie, avant de commander par un simple geste de la main un café goudron, son breuvage préféré. Les questions fusent de partout mais notre homme garde son calme en tirant quelques bouffées de «Nassim».
«Ya djemaâ», dit-il à l'adresse de l'assistance, «la démocratie s'arrache et ne se donne pas, aujourd'hui, ettarikh (l'Histoire ) prend de la vitesse et la conscience du peuple ne fait qu'augmenter. Il ne faut pas se rétracter. Les lascars et les opportunistes entourant le président doivent faire leurs cartons. Nous le savions dès le début du Hirak que le régime tient à sa pérennisation en usant de replâtrages, mais la volonté du peuple est bien affichée. Et comme l'a dit un militant, le peuple vise la lune et le système s'en mord les doigts». Tout le monde applaudit et le brouhaha reprend de plus belle. L'orateur est en fait un ancien militant des droits de l'homme, aujourd'hui à la retraite. Dehors, la vie continue son cours normalement. Toutefois, les prémisses d'un malaise social sont là. La hausse des prix des fruits et légumes, prétendument attribuée aux dernières intempéries, pousse les pères de famille et les ménagères à la révolte. Deux femmes revenues de leurs emplettes pestent à ce sujet. «Vivement vendredi, on va se défouler», dira l'une d'elles dans un rire sarcastique. C'est tout cela Bab El Oued «Echouhada» et sa place des Trois Horloges.


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