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Ces «chouhada» toujours en vie
Rescapés de la guillotine
Publié dans Le Temps d'Algérie le 21 - 06 - 2014

Célébrée le 19 juin, la Journée des guillotinés a été commémorée par le chercheur en histoire, Mohamed Rebah, mardi à la salle Arts et Culture d'Alger, où un hommage a été rendu à trois symboles de la guerre de Libération nationale, Ahmed Zabana, premier guillotiné le 19 juin 1956, Fernand Iveton, guillotiné pour l'exemple le 11 février 1957 et Taleb Abderrahmane, étudiant guillotiné le 24 avril 1958. C'est dans une petite salle du centre des activités culturelles Agha, qui fait habituellement office de salle de lecture et de travail aux tout petits, que la rencontre a eu lieu. Un lieu de transmission pour que «ces enfants soient dignes de leurs aînés, qui ont tout sacrifié pour qu'ils puissent vivre une vie digne dans une Algérie indépendante», espère Rebah. Au milieu des dessins et travaux manuels de la jeune génération est dressé le portrait de Ahmed Zabana, peint à partir de sa photo de détenu, cheveux ébouriffés, tenant son matricule de prisonnier.
Par-dessus le portrait est exposée la dernière lettre que le premier moudjahid guillotiné a envoyée à ses parents de la prison civile d'Alger, le 19 juin 1956. Venus parler des trois héros, trois autres héros, anciens condamnés à mort, mais rescapés de la guillotine. Les «chouhada», comme on les appelait à l'ex-prison Barberousse, Maison-carrée, ou la prison civile d'Alger. L'émotion était forte quand Redouane Benani, Mohamed Bourahla et Saleh Melzi ont raconté leur histoire, celle de leurs «frères» guillotinés, la nôtre aussi.
C'est avec une grande humilité qu'ils ont rendu hommage à leurs frères qui n'ont pas abdiqué face à la torture physique et morale du colonisateur. Avec beaucoup de difficulté, jusqu'à ne plus trouver les mots, ils ont raconté les conditions de détention «inhumaines, indescriptibles» dans les cellules de la mort. Et c'est avec une grande humilité qu'ils ont rendu hommage à leurs frères.
Saleh Melzi, d'El Biar, a parlé du courage exceptionnel de son frère aîné, Chafik, guillotiné en 1957. Il se souvient également de Fernand Iveton, «dont le nom est à consonance française mais qui est bel et bien Algérien pour avoir versé son sang pur pour cette terre. Arraché de sa cellule, il scanda sans cesse ‘Vive l'Algérie' sur son chemin vers la guillotine», se souvient-il.
Des cours dans la prison
Redouane Bennani, ex-militant du MTLD, autre rescapé de la guillotine, a rendu hommage à «son responsable» lors de la guerre de Libération, éminent journaliste d'Alger Républicain et membre du PCA, Yahia Briki, qui l'a initié à la lutte anticoloniale. Appelé de l'armée française, il ira en Allemagne avec la permission de Briki, et c'est en lisant sur Le Figaro l'arrestation de ses amis qu'il apprit le déclenchement de la guerre de Libération nationale, quelques mois en retard. En rentrant au pays en juillet 1956, il ira voir son mentor et se joint à la lutte.
«Nous avons fait du bon travail pendant six mois», raconte-t-il. Mais dénoncé par une taupe, le noyau est arrêté dans son refuge en décembre 1956. Emprisonné et torturé, le moudjahid suit toujours les pas de Briki grâce à qui il tient bon. A la prison, Redouane raconte que Briki, «en vrai politique, s'est lancé dans la formation et l'éducation des prisonniers», indique le moudjahid.
Pendant la pause dans la cour, nous attendions chacun notre tour, pour nous mettre sous le petit filet de soleil qui pénétrait. Briki estimait que pendant ce temps, il était bon de donner des cours. Chacun enseignait aux autres ce qu'il savait d'histoire, de géographie…», explique-t-il. Condamné à mort avec Briki et Brahimi, ils sont graciés en 1959 et transféré en France, avant d'être libérés le 19 mars 1962. Ils reprirent aussitôt du service en se lançant dans la lutte contre l'OAS qui sévissait.
Youyous
L'assistance était en émoi devant les larmes du quadragénaire qui entrecoupait son témoignage. Le moudjahid, survivant «de la cellule 15, qui comptait 20 à 25 condamnés à morts et que les autres prisonniers appelaient les chouhada», perd ses moyens à la vue de celle qu'il appelle «ma fille», Fatiha Briki, la fille de son mentor. Emue, elle raconte elle aussi le courage des femmes de la région, qui chaque matin se rendaient à la prison pour apporter le couffin à leur mari, frère, père ou fils.
«Au matin du 24 avril 1958, les femmes se rendirent comme à l'accoutumée à la prison», a-t-il commencé à nous raconter. «Le sang de ce moudjahid guillotiné à l'aube était encore visible. Elles se regardèrent entre elles sans dire un mot, attendant de savoir qui d'entre elles venait d'offrir un martyr au pays, jusqu'à ce qu'un gardien apporta les affaire de Taleb Abderrahmane à sa mère. Elle resta digne, forte et ne montra aucun signe de faiblesse aux gardiens de la prison.
Les femmes poussèrent des youyous. C'est une fois sorties de la prison qu'elle fondit en larmes et que les autres femmes la consolèrent», raconte Fatiha Briki.
Des témoignages précieux que les présents ont écoutés religieusement, saluant l'initiative du chercheur en histoire, Mohamed Rebah, dont le dernier ouvrage est dédié à Taleb Abderrahmane (édition Apic, 2013).
Ce dernier insistera sur l'importance de la prise de telles initiatives par les citoyens eux-mêmes racontant avoir nettoyé la tombe de l'étudiant martyr avec d'autres citoyens, dans un devoir de mémoire envers eux. Les conférenciers ont insisté sur l'importance de la transmission des acquis de l'ancienne génération. «Il faut rendre hommage à tous les martyrs», dira Saleh Melzi, «de 1830 à aujourd'hui. Et continuellement œuvrer à protéger notre pays.


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