Ne boudons pas notre bonheur, collons encore à la Coupe du monde et l'exploit des Verts. Le bonheur, nous en avons si peu et ça peut se terminer demain. Bien sûr, nous pouvons toujours applaudir cette sélection pour ce qu'elle a déjà accompli. Ils sont déjà des héros mais ce n'est jamais évident d'accompagner une équipe sur le chemin du retour avec autant d'enthousiasme et de grandeur d'âme dont prétend être capables. Si, à Dieu ne plaise la sélection nationale se fait battre par l'Allemagne, ça va être difficile de rentrer à la maison avec le sourire, même s'il faut quand même faire semblant. Non pas la mort dans l'âme mais avec un amer goût d'inachevé. Eh oui, nous avons très peu d'occasion d'être heureux, alors il faut pousser jusqu'au bout les moments de grâce. Il faut maintenant pousser plus loin. Rêver pour rêver, autant être carrément dans la folie. Et elle n'a pas tardé à s'installer, dans la foulée de «l'objectif atteint». C'était quoi l'objectif déjà ? La qualification au second tour. Mais on l'a déjà oublié, même si on se prémunit déjà contre l'ingratitude. Alors on remercie déjà les joueurs à qui on donne tous les noms de héros et on sanctifie «coach Vahid» à qui on demande désormais de rester aux commandes. Après tout, ce n'était qu'un objectif sur papier, qui ne devait concerner que Raouraoua et Vahid. Un Raouraoua bien discret et un Vahid très expressif, contrairement à leur habitude. Ceci pour la petite histoire. Pour la grande, joueurs, staff, supporters, journalistes et observateurs en ont tout dit. C'est peut-être de la folie furieuse mais c'est toujours un plaisir de voir qu'on s'installe rapidement dans la grande ambition. C'est que comme le bonheur, nous n'en avons pas l'habitude. Il n'y a pas si longtemps, on rêvait de se qualifier au tournoi final après des décennies de traversée du désert. Puis, on s'est mis à rêver de gagner un match, puis d'une qualification au deuxième tour. Et c'est venu en même temps. L'appétit vient en mangeant, n'est-ce pas ? Oui, à condition de manger. En attendant, on tire des plans sur la comète, si on peut mettre un peu de magie et de tendresse dans la formule. A commencer par l'Allemagne. Refaire l'histoire ? Non, seulement jouer un match de foot qu'on peut toujours gagner parce qu'on n'a rien à perdre. En plus, il paraît que c'est quand l'Allemagne jouait mal qu'elle gagnait à tous les coups et il faut reconnaître qu'actuellement, elle joue très bien. Elle n'a pas encore perdu mais elle devrait commencer. Et puis, la France en «quart». Oui, oui, on en parle sérieusement et parfois comme si c'était dans la poche. Quelques vieux démons qui remontent déjà à la surface mais c'est inévitable. Même si les aigreurs du passé et du présent sont plutôt en recul, ce n'est jamais un match comme les autres. Il paraît que nous sommes déjà dans la science-fiction mais on ne peut pas s'arrêter en si bon chemin quand le délire est si beau. Le Brésil en demi-finale ! Y a-t-il un mot plus fort que le délire ? Peut-être bien la Hollande en finale, tant qu'à faire. Et une finale ne se joue pas, elle se gagne. Dans les rêves, tout est permis. Alors pourquoi rêver au rabais ? [email protected]