Scandale à la Fifa. Neuf membres du comité exécutif ont été arrêtés mercredi, dans leur hôtel à Zurich, sur demande de la justice américaine qui les accuse d'avoir trempé dans des histoires de corruption lors de l'attribution de la Coupe du monde de 2010 à l'Afrique du Sud. Normalement, le président du comité exécutif, même si son nom n'est pas cité dans l'affaire, aurait dû y aller de sa feuille 21x27 pour parapher sa démission de l'instance suprême du football international. Seulement voilà, lui, se dit blanc comme neige et ne voit pas l'utilité de démissionner. Et la roue tourne. Extraordinaire comment la presse du monde entier s'est saisie du dossier. A la Fifa, on est corrompu et on découvre cela comme s'il s'agissait d'une nouveauté. Arrêtons de blaguer. Cela fait des années que l'odeur de corruption avait envahi les couloirs de cette instance. Déjà, avant que Blatter n'en devienne le président en 1998, de graves soupçons de malversations pesaient sur celui qui l'avait précédé, à savoir le Brésilien Havelange. Le journaliste anglais d'investigation, Andrew Jennings, a mené un combat sans merci contre la Fifa et ses rouages. Dans un reportage télévisuel, diffusé dans plusieurs pays dans le monde, il a démontré comment fonctionnait cette instance dans laquelle certains de ses élus se comportaient comme des potentats dans les confédérations ou fédérations dont ils sont issus. Quand Blatter rencontrait Jennings c'est comme s'il voyait un pestiféré. Les Etats-Unis mettent leur grain de sel et cherchent à faire exploser la baraque. Des Etats-Unis dont on se demande s'ils seraient allés aussi loin s'ils n'avaient pas été mis hors jeu lors de l'attribution de la Coupe du monde de 2022 au Qatar, Coupe du monde pour l'organisation de laquelle ils étaient candidats. Mais nous n'allons pas leur en vouloir d'avoir fait éclater au grand jour ce qui était dit à vois basse. Seulement, ils ne devraient pas oublier que l'un des plus gros scandales de corruption dans le sport s'est produit au sein du Comité international olympique quand 16 membres de cette institution avait été déclarés coupables d'avoir trempé dans des histoires de pots-de-vin pour l'attribution de l'organisation des jeux Olympiques d'hiver de 2002 à Salt Lake City, une ville… des Etats-Unis d'Amérique. Même le plus honnête d'entre eux n'est pas sain Les pots-de-vin et la corruption, c'est de la vieille histoire à la FIFA, éclaboussée par le scandale d'ISL, la firme qui gérait les droits de publicité et de télévision pour l'instance de Zurich. L'élection de Blatter, en 1998, traîne également derrière elle une casserole, où il est question de gros sous versés à certains membres pour qu'ils mettent dans l'urne le «bon» bulletin. Et puis, on ne peut omettre de parler de la Coupe du monde 2022, confiée au Qatar, et dont l'affaire n'a, jusqu'à présent, pas livré tous ses secrets. Même Michel Platini, celui qui harangue Blatter, aurait des choses à se reprocher sur cette Coupe du monde et sur ce que Nicolas Sarkozy, alors Président de la république française, lui avait dit juste avant le vote. Un responsable d'un club huppé du football algérien nous a dit : «Chez nous, nous en sommes à acheter des arbitres et des matches et on en fait tout un foin. C'est malsain, mais que dire de ces nababs de la Fifa qui s'en mettent plein les poches ? Comment veut-on arrêter la corruption dans le football quand ceux qui le gèrent au plus haut niveau ne sont pas propres ? On se montre scandalisé que des matches puissent être arrangés à la suite de paris et rien ne nous dit que certains des pontes de la Fifa ne sont pas impliqués. Quand un membre de la FIFA se permet de vendre des billets d'accès lors d'une Coupe du monde, des billets acquis à titre gracieux parce qu'il fait partie du gratin du football mondial, tout peut être supposé, même la culpabilité du plus propre d'entre eux.» Le football international doit faire son mea culpa mais rien ne dit qu'il s'en sortira car, tant qu'il sera pourri par l'argent, les histoires de corruption et de dessous de table continueront à alimenter son quotidien.
