L'ouverture des entreprises publiques aux capitaux privés doit être assortie de plusieurs conditions pour garantir sa réussite, ont préconisé hier deux éminents experts. Il s'agit de Abdelhak Lamiri et de M'hamed Hamidouche, invités à l'émission «Question économiques» de Dzaïr TV. En effet, Abdelhak Lamiri a soutenu que la privatisation ne doit pas être prévue dans une loi de finances, mais dans une ordonnance ou une autre loi. «Nous n'avons pas à mettre un article pareil dans une loi de finances», a-t-il fait remarquer. Pour Lamiri, «il ne faut pas mélanger les textes de loi». A propos de cette ouverture du capital des entreprises publiques, l'économiste a expliqué que «l'Etat n'a pas le choix, si on prend en considération les logiques et les analyses de politiques de privatisation dans le monde». Les entreprises de bâtiment et d'hôtellerie, notamment, sont privées à travers tous les pays, et l'Algérie ne peut pas être «une exception». Cela dit, le problème des privatisations n'est pas lié à l'apport des capitaux, mais au management essentiellement. Leur réussite dépendra de la manière de la gestion des entreprises. S'exprimant sur l'article 66 de la LF 2016, prévoyant que les entreprises publiques peuvent maintenir une minorité de 34% des actions, l'expert Lamiri a expliqué qu'il s'agit là «d'un moyen de blocage qui n'est pas mauvais en soi, mais constitue une garantie pour les syndicalistes afin de pouvoir sauvegarder l'emploi et assurer la continuité de l'activité». Ouverture via la Bourse Pour faire réussir ces privatisations, l'Etat doit prévoir un nouveau mécanisme qui est «le fonds de restructuration». Ce type de fonds existe de par le monde, relève l'expert, ajoutant que «lorsqu'une entreprise est privatisée, elle a des sureffectifs qui devront être formés avant de les orienter vers d'autres entreprises existantes ou nouvelles. Ce fonds jouera le double rôle économique et social, puisqu'il permettra de créer la richesse et de nouvelles entreprises, tandis que sur le plan social, les employés ne resteront pas sans ressources», a-t-il préconisé. Pour sa part, M'hamed Hamidouche a souligné que la privatisation est «un chemin obligatoire» et «il faudra l'engager dans l'immédiat pour gagner en compétitivité, marché du travail, amélioration de la gestion». Autrement dit, «nous n'aurons plus rien à privatiser si nous attendrons cinq ou dix ans encore». «La privatisation doit être opérée via la Bourse», a-t-il plaidé. «L'ouverture des entreprises publiques aux capitaux privés permettra, certes, d'apporter de nouvelles ressources financières à l'Etat, mais il faut accompagner cet apport des capitaux par la transparence qui ne peut être garantie qu'à travers la Bourse», a-t-il noté. Parmi les conséquences de l'absence de transparence, il évoquera des méthodes d'évaluation inconnues, absence de gouvernance et acquéreurs méconnus en plus d'une absence de délais des opérations de privatisation. Selon Hamidouche, «l'absence de transparence est à l'origine de l'échec des précédentes opérations de privatisation».