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Brahim Tazaghart, éditeur : «Pour avancer, il faut penser le monde avec sa propre langue»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 19 - 04 - 2016

Animé d'une ardeur à toute épreuve, Brahim Tazaghart, ce militant passionné du livre amazigh, refuse d'abdiquer à la loi de l'offre et de la demande qui semble pourtant détourner plus d'un éditeur du livre amazigh. Difficile à vendre ? «Faux !», réplique Brahim Tazaghart. «C'est à nous d'innover et d'aller à la rencontre du lecteur. Pas le contraire.» Entretien.
Le Temps d'Algérie : Quel intérêt accordez-vous au livre amazigh ?
Brahim Tazaghart : A Tira éditions, nous accordons plus de 80% de nos publications au livre amazigh.
Editer en tamazight est notre raison d'être. Sans cet objectif, qui est la mise en place de l'un des mécanismes du développement de tamazight, Tira n'aurait tout simplement pas existé. Je crois que le développement de l'édition du livre amazigh commence à émerger et de manière plus visible. Il y en a d'autres comme nous, spécialement les éditions Achab ou encore l'Odyssée qui font un travail magnifique. D'autres éditeurs commencent à s'y intéresser de plus en plus. Certes, cela reste insuffisant, mais, vous savez, il faut que le livre marche pour que les éditeurs «non militants» s'y intéressent de près.
Pensez-vous que l'introduction de tamazight dans le système éducatif et son officialisation participeront à l'essor du livre amazigh ?
La transition d'une langue marginalisée à une langue officielle effective prendra du temps. Le livre suivra ce processus.
C'est dans ce sens que je dis que le soutien institutionnel est impératif. Dans tous les pays du monde, les Etats interviennent pour soutenir la culture. L'essor du livre sera déterminé pour une grande part par la politique culturelle. A ce jour, le pays n'est pas doté d'une politique cohérente et ambitieuse. Tout le monde est conscient.

Littérature, traduction, livre pour enfants, contes… Dans quel registre travaillez-vous précisément ?
En ce qui nous concerne, nous avons publié essentiellement des livres de littérature : poésie, nouvelles et romans. Tamazight, comme vous le savez, a été pendant des décennies ignorée, réprimée, voire interdite.
Durant les années 1970 et 1980, les gens écrivaient secrètement. Ils remplissaient des cahiers sans savoir si un jour, leurs travaux arriveront à destination. Au début, nous avons donné la chance à ceux qui étaient là avec nous dans les moments difficiles : Malek Houd, Djamel Igui – paix à son âme –, Djamal Arezki et d'autres.
Pour nous, c'était donc un devoir de reconnaissance. Par la suite, nous nous sommes intéressés à la traduction de et vers tamazight. La traduction, si elle est une instance de reconnaissance d'une littérature, un moyen d'enrichissement de la langue et de l'imaginaire, elle est aussi et surtout une fenêtre qui autorise l'ouverture sur l'autre. Il fallait sortir de notre cloisonnement, de notre isolement naturel qui nous a certes permis de survivre, mais qui peut nous être fatal avec le temps.
Cela pour vous dire que Tira porte un projet culturel. L'édition n'est pas un commerce comme les autres. On écrit, on lit, pour rendre la vie belle et le monde supportable. C'est dans cette optique que nous avons publié la traduction du roman «Le Vieil homme et la mer» d'Ernest Hemingway. Nous projetons actuellement d'éditer la traduction de «Ainsi parla Zarathushtra» de Nietzsche, et d'autres encore. Nous sommes en train de travailler, par ailleurs, sur quelques collections qui vont enrichir la bibliothèque amazighe : «La vie des Prophètes» ; «Les figures de l'Histoire», «Les figures de la littérature et de la pensée» ou encore la réédition de «Lwali n wedrar» de Belaïd At-Ali, «Tafrara» de Salem Zenia, «Salas d Nuja», et d'autres titres dont les stocks sont épuisés.
Plusieurs éditeurs rechignent à investir dans ce créneau. Motif : absence de lectorat. Qu'en est-il selon vous ?
Pour avancer, il faut penser le monde avec notre langue, c'est impératif. La faiblesse du lectorat qui se pose à toutes les langues, et non pas seulement à la langue amazighe, nous tentons d'apporter des réponses les meilleures. Je suis de ceux qui pensent que c'est à nous d'aller vers les lecteurs.
Il faut être aussi créateur, apporter et proposer des idées nouvelles.
Diversifier les genres et les thèmes, écrire sur l'amour, sur la mort, sur les choses qu'on ne dit pas par pudeur dans nos vies de tous les jours. L'écriture libère et l'écrivain et le lecteur. C'est un monde sans contraintes.

Les écrivains en langue amazighe sont-ils nombreux à se présenter chez vous pour se faire éditer ? Quel est leur profil ?
Beaucoup nous sollicitent. Malheureusement, nous n'avons pas les moyens pour répondre à toutes les demandes et satisfaire tout le monde. Nous avons observé, particulièrement ces dernières années, un intérêt grandissant de la part des universitaires pour l'écriture en tamazight.
Nous accueillons aussi avec beaucoup de plaisir l'intérêt que manifestent les jeunes pour l'écriture. A Tira, nous n'attendons pas que les gens viennent, il nous arrive même de commander, nous-mêmes, un travail sur tel ou tel sujet. A un enseignant universitaire de Bgayet, nous avons commandé un travail sur «La révolution algérienne dans les textes de Matoub Lounès».
Rencontrez-vous des contraintes, des difficultés qui bloquent l'essor du livre amazigh ?
J'ai souvent dit que c'est fou que d'éditer essentiellement du livre amazigh. Entrer dans un marché qui n'existe pas, c'est être dans l'obligation de créer ce marché de toutes pièces ou alors… mourir ! C'est vous dire la difficulté de porter ce rêve. C'est un métier à risque. Mais c'est une entreprise inévitable, lorsque le désir de promouvoir tamazight est sincère.
Il ne faut pas s'attendre à ce que quelqu'un nous vienne du Brésil ou de Namibie pour développer tamazight. D'ailleurs, comme Achab, Lhadi Meziani qui a lancé les éditions Anzar à Biskra, je ne suis pas un investisseur ordinaire, car si je l'étais, je n'aurais pas fait dans le livre amazigh.
Il y a d'autres créneaux plus porteurs. C'est en voulant donner un prolongement effectif à mon engagement militant pour tamazight que je l'ai fait.
Actuellement, les choses avancent mieux. Les traits du marché commencent à se dessiner. Le lectorat se forme et prend corps. L'avenir, je le crois radieux pour tamazight.


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