«L'Etat aide et subventionne tous les programmes de développement de l'agriculture et a même épongé les dettes des agriculteurs, mais en contrepartie, les mercuriales se sont enflammées au cours de ce mois de Ramadhan malgré la disponibilité en quantité plus que suffisante de tous les produits agricoles», affirment les citoyens qui ne comprennent toujours pas les causes de cette flambée insupportable pour une large frange de la population. Au marché du gros d'Abou Tachfine que nous avons visité tôt mardi matin, les prix affichés semblent modérés : tomates à 45 dinars, courgettes à 35 dinars, carottes à 35 dinars, betterave à 40 dinars, laitue à 35 dinars, pomme de terre à 20 dinars, haricots verts à 65 dinars et oignons à 30 dinars. Rien n'explique donc cette flambée des prix inexpliquée et inexplicable au niveau des marchés de détail qui affichent des prix inabordables et inaccessibles pour les familles à revenus limités et les smicards. A titre indicatif, la tomate est cédée à 140 dinars le kilogramme, soit quatre fois son prix d'achat, tout comme les autres légumes. Les prix des fruits sont soumis aussi à la même pratique spéculative. Les pêches et abricots, fruits de saison, sont cédés au détail entre 100 et 150 dinars le kilogramme contre 45 dinars au marché de gros et les pastèques et melons ont pris des ailes dès le premier jour de ce mois sacré. Cédés auparavant entre 30 et 35 dinars le kg pour les melons et 65 et 75 dinars le kg pour les pastèques, leurs prix se sont envolés et ont atteint respectivement les 100 dinars et 180 dinars. Les mandataires se disent «non responsables de cette situation» et accusent les spéculateurs et les détaillants. «Il existe un marché parallèle et informel, géré par des spéculateurs aguerris à ce genre de pratique, c'est presque une maffia des fruits et légumes qui approvisionne les marchés de détail et leur impose les pri», affirment les mandataires qui soulignent que ce sont des personnes qui achètent des produits sur pied aux fellahs et qui ont créé leur propre circuit de distribution. La commercialisation des cerises en est un exemple édifiant, indiquent les mandataires et les spéculateurs ont acheté tous les vergers de la région ; c'est pour cela que le prix de la cerise n'est pas descendu en dessous des 1000 dinars le kilogramme. Ces affirmations ont été confirmées par l'absence des cerises dans les étalages des mandataires qui regrettent «l'absence de contrôle en amont et en aval des circuits de distribution», et s'estiment lésés car, selon eux, «les spéculateurs ne payent aucun dinar au trésor contrairement à leur commerce qui est réglementé et soumis à différentes charges directes et indirectes». Il est temps que les responsables du commerce se penchent sérieusement sur cet épineux problème dans lequel le citoyen est le dindon de la farce et se retrouve saigné à blanc à chaque mois de Ramadhan .