Paradoxal ; c'est durant la fête de l'Aïd El Adha que le manque de civisme s'accentue chez la plupart des citoyens. A peine le sacrifice accompli, les quartiers et les espaces libres des cités se transforment en de gigantesques décharges sauvages. Les traces de sang sont encore visibles, dégageant une odeur nauséabonde. Les ménages se contentent d'égorger leur bête, tendre sa peau et l'embarquer chez eux sans se soucier un instant de nettoyer les lieux d'abattage. Ils ont laissé en quelques heures s'accumuler anarchiquement leurs déchets, se souciant peu de l'image qu'ils donnent de leurs quartiers. Des images qui relatent cet état de fait n'ont cessé de défiler sur les réseaux sociaux sous les regards ébahis des internautes. «C'est après le sacrifice qu'on se mouche le nez», lance un internaute en commentaire à une photo qui immortalise une scène hallucinante. Celle-ci montre des centaines de peaux de bête jetées sur un bac à ordures ménagères se trouvant à l'intérieur d'une cité de la banlieue algéroise. Les habitants de ce quartier, comme beaucoup d'autres, n'ont même pas pris la peine de mettre ces peaux dans des sacs en plastique pour faciliter la tache aux agents de nettoyage. Ces derniers, qui ont été plus de 200 à sillonner les quartiers de la capitale, ont multiplié leurs rotations durant les 24 heures qui ont suivi le sacrifice, sans arriver à débarrasser les ruelles de tous les résidus de fourrage. «Au lieu de dépenser notre énergie à ramasser les sacs des tripes et des restes des bêtes, nous nous attardons à ramasser ces carcasses et les laines éparpillées dans tous les coins», s'est indigné un agent de l'entreprise d'hygiène Netcom. Du coup, il leur a été impossible de tout nettoyer en une journée. Pourtant, rappelle notre interlocuteur, «notre entreprise a appelé la veille de l'Aïd les citoyens pour faciliter la tâche aux agents d'hygiène, notamment en respectant les horaires et les endroits destinés au dépôt des déchets». «Nos travailleurs sont confrontés à ce problème au quotidien, mais le jour de l'Aïd, il prend de l'ampleur», a affirmé avant la fête de l'Aïd Belalia, directeur général de Netcom. C'est sans compter aussi sur les multiples appels des Imams à garder l'environnement propre après le sacrifice. En vain.