Belle, talentueuse et ambitieuse, Lamia Aït Amara est une jeune chanteuse de musique andalouse, qui, en l'espace d'un an, nous a habitués à sa présence sur la scène artistique nationale. Aujourd'hui à 19h, elle donne un concert événement à la salle Ibn Zeydoun de l'Office Ryadh El Fath à Alger, pour marquer la sortie de son premier album «Cham's». Dans cet entretien, Lamia a bien voulu nous dire un peu plus sur cet album en annonçant une petite surprise particulière qu'elle donnera au public. Vous venez de sortir votre premier album intitulé «Cham's». Cela doit être un immense bonheur pour vous… Immense, c'est peu dire, car je suis vraiment très contente du résultat. Cet album est l'aboutissement d'un long travail de recherche et de réflexion. J'avais besoin de faire un album qui me ressemble et qui plaît au public en même temps. Un album qui reflète une image sonore fidèle à mon univers artistique. Pourquoi «Cham's» ? «Cham's» est le nom d'une association qui vient en aide aux enfants en difficultés par les arts thérapeutiques. Enfants avec qui j'ai eu le plaisir de partager la scène et à qui je dédie cet album. J'ai été vraiment impressionnée par leur talent et leur intelligence puisqu'ils se sont attaqués à un répertoire lourd de la chanson andalouse. Ces enfants sont autistes, trisomiques, mais aussi normaux je peux le dire… Le but de cette association est de ne pas faire de différences entre les enfants. Ils m'ont vraiment touchée par leur sensibilité et leur humanisme car, au final et au-delà de tout, ils restent des enfants ordinaires avec cette âme pure et un côté artistique et joyeux. Cet album est fait pour leur rendre hommage en quelque sorte et pour chaque CD vendu, 10 DA seront versés au profit de l'association. Parlez-nous un peu de cet opus, des titres et des mélodies notamment... Cet album m'a valu deux ans de travail car, entre temps, j'ai eu un enfant. J'ai dû donc faire une pause et reprendre le travail plus tard. L'album contient une quinzaine de titres. On trouve beaucoup de noubas avec des «neklabat» dans le mode sika. Il y a aussi du «nesraf», du «mouachah», du «mazmoun» et de la chansonnette… Comme je vous l'ai dit au début, cet album m'a demandé beaucoup de temps et de réflexion et tout ce qu'il contient a été minutieusement choisi pour raconter mon histoire et celle de mon parcours musical. Depuis que j'ai eu quatre ans, mes parents m'ont initiée à cette musique, que je n'aimais pas au début, ça me donnait envie de dormir. On m'a inscrite à l'association «Les Rossignols» d'Alger sous la houlette de Youcef Oueznadji. J'ai eu énormément de chances de l'avoir comme professeur. Il m'a fait aimer cette musique et m'a formée pendant une quinzaine d'années en sein de cette association. Du coup, le premier titre de mon album «El Kad Elladi Sabanai» est aussi le premier que Youcef Oueznadji m'a appris. Quand je l'ai chanté, j'ai l'impression que toute mon enfance traverse mon esprit. D'ailleurs, toute la première partie de l'album est dédiée à mes souvenirs au sein de cette association. «Sobhan Khalki Soltani» est une chanson dans le genre hawzi. Elle m'a été énormément demandée par le public et, du coup, je l'ai aussi enregistrée. Dans le melhoun, on trouve aussi des souvenirs qui me rappellent toujours mon enfance, cette fois-ci en sein de l'association «El Inchirah» avec Smaïl Hini. Il m'a fait découvrir l'univers du melhoun que je ne connaissais pas et que je ne chantais pas non plus… Tout ce travail a été encadré par mon directeur artistique Khalil Baba Ahmed. Il faut savoir aussi que tout l'album est sous-partition. On a fait intervenir plus d'une dizaine de musiciens sur el qanoun, el oud, el ney, le violon.. On a aussi de la percussion, du piano et une contrebasse. Avez-vous écrit ou composé certains morceaux ? Non. J'ai repris des chansons de notre riche patrimoine. Peut-être que je ferai de la composition plus tard… Pourquoi avoir repris la chanson «Ana fel hob» ? J'aime beaucoup cette chanson que je chante chaque matin avec mon fils en allant le déposer à la crèche. Je tenais à l'interpréter différemment dans mon album en y introduisant du oud, du ney et du qanoun. Je lui donnais un côté acoustique car elle a été pratiquement toujours interprétée avec le piano et l'accordéon. Cela fait un mois que l'album est dans les bacs. Avez-vous eu de bons échos, une bonne distribution ? En fait, l'album n'est pas encore distribué. Je ne voulais pas que ça se passe avant le concert de ce soir, qui aura lieu à la salle Ibn Zeydoun car il sera suivi de la première vente-dédicace. Je prévois aussi une petite surprise pour ce spectacle qui, je n'en doute pas, touchera beaucoup de personnes... Et dimanche prochain, il sera distribué sur tout le territoire national. De quelle surprise s'agit-il ? Je ne vais pas vous le dire, sinon, ça ne sera pas une surprise (rire). Des clips en perspective ? Non, tourner des clips, ça ne m'a jamais intéressée. Cela dit, j'aime beaucoup les regarder et j'encourage les artistes à en faire de très bons. J'aime aussi beaucoup ce que fait Nawel Illoul dans ce sens... Mais pour le moment, les clips ne figurent pas dans mes projets. Peut-être que je changerai d'avis par la suite. Mais pour le moment, je suis beaucoup plus portée sur l'échange culturel, faire une fusion avec un orchestre étranger…