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Rassemblement de soutien à Boudjedra devant le siège de l'ARAV: Non au «terrorisme audiovisuel» !
Publié dans Le Temps d'Algérie le 04 - 06 - 2017

Des centaines de personnes, entre citoyens ordinaires, écrivains, universitaires, chercheurs, journalistes, activistes et militants politiques ont participé hier au rassemblement organisé devant les locaux de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) pour dénoncer les programmes de la chaîne de télévision Ennahar TV et exprimer leur soutien à Rachid Boudjedra, victime d'une caméra cachée du même média.

Malgré le Ramadhan et la chaleur, l'appel lancé la veille à travers les réseaux sociaux par le Collectif qui s'est constitué autour de l'auteur de «la République», a drainé la grande foule. Il y avait des Algériens de tout bord tout simplement. Aux côtés de Boudjedra, arrivé aux environs de midi, l'écrivain-journaliste H'mida Layachi et le poète et académicien Achour Fenni. L'on notera également la présence du sociologue Nacer Djabi, de l'islamologue Saïd Djabelkhir, de plusieurs acteurs dont Adila Bendimerad, de militants, à l'image de Amira Bouraoui, d'acteurs politiques comme Djilali Soufiane de Jil Jadid, Karim Tabbou de l'UDS, en attente d'agrément, Kader Afak du MDS et Djelloul Djoudi du PT, ainsi que des journalistes de différents médias. Sous le regard vigilant des services de sécurité en uniforme et en civil déployés au «Sacré Cœur» où se trouve le siège de l'ARAV, les participants ont brandi des pancartes appelant au «respect de la dignité des Algériens», «Pour la liberté d'expression», «Contre l'agression de la famille algérienne et de l'enfant» et «Contre le terrorisme médiati-que». L'action a vu aussi la présence surprise de Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président Abdelaziz Bouteflika. Une virée à travers laquelle il a exprimé son soutien à Boudjedra, se démarquant ainsi de la chaîne privée Ennahar TV. Quelques militants n'ont cependant pas manqué de conspuer le frère cadet du chef de l'Etat s'interrogeant sur «les motifs de sa présence» et lui expliquant qu'«(il n'est) pas le bienvenu». Prenant la parole au début du rassemblement, H'mida Layachi, un des principaux initiateurs de l'action n'a pas mâché ses mots. «Aujourd'hui, tous ceux qui défendent les libertés sont taxés d'athéisme et de communisme par ces médias qui instrumentalisent l'Islam à des fin commerciales», a-t-il déclaré, avant de s'en prendre directement à la chaîne Ennahar TV qui, a-t-il dit, «nous ramène de pseudo-symboles de dernier plan des pays du Golfe pour en faire de vrais, au détriment des symboles littéraires algériens».
Boudjedra : «Un terrorisme médiatique !»
Le rassemblement d'hier se voulait une halte pour défendre la dignité de l'intellectuel, du citoyen et de l'artiste algérien, a expliqué le journaliste qui n'a pas manqué de dénoncer le silence des autorités : «Les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité pour que cette chaîne ne soit pas au-dessus de la loi. La liberté d'expression est ghettoïsée pour en faire des bras de la mafia au sein du pouvoir». «Nous disons basta ! basta !», a scandé Layachi, suivi par les présents. Pour sa part, Rachid Boudjedra a, tout en exprimant ses sentiments d'émotion pour le soutien que lui a exprimé la société civile, avec toutes ses franges, a estimé que l'affaire n'est pas désormais celle d'une chaîne de télévision. «Nous avons vécu le terrorisme politique, puis le terrorisme islamiste et maintenant nous vivons le terrorisme médiatique et audiovisuel», a dénoncé l'auteur de «FIS de la haine». Une plainte sera déposée aujourd'hui «contre la chaîne Ennahar TV» avec le soutien de l'Office national des droits d'auteur (ONDA), a indiqué Boudjedra, précisant qu'un collectif d'avocats s'est déjà constitué pour assurer sa défense. L'écrivain qui raconte «avoir eu peur» rappelle que ce n'est pas la première fois qu'il est victime de ces caméras cachées de mauvais goût. «L'an dernier aussi, rappelez-vous, sur Echourouk TV, j'ai vécu un cauchemar dans une histoire de kidnapping montée de toutes pièces». Ceci avant d'appeler le ministère de l'Intérieur et celui de la Justice «à réa-gir» car, a-t-il précisé, «on a utilisé des armes en plastique pour la menace, de fausses cartes et usé des symboles de l'Etat». Les initiateurs de l'action dont Boudjedra, H'mida et Achour Fenni ont été reçus par le directeur de l'ARAV, en présence des représentants de la presse. Les deux parties ont échangé leurs points de vue sur cette «affaire». Tout en exprimant sa «solidarité» avec l'écrivain, Zouaoui Benhamadi a dénoncé «une violation des règles d'éthique et de professionnalisme par Ennahar TV». Cependant, il n'a pas caché «l'incapacité de l'ARAV à intervenir directement, si ce n'est à travers des communiqués», rappelant que «c'est à la justice de trancher». À la fin de l'entrevue, Benhamadi a promis de rendre public un communiqué.
Saïd Bouteflika, un soutien et des interrogations
Connu pour sa discrétion et ses apparitions publiques très rares, Saïd Bouteflika a pris part, pendant quelques minutes, au rassemblement de soutien à Rachid Boudjedra, devant le siège de l'ARAV. Le frère cadet du chef de l'Etat a surpris tous les participants et a, par sa présence attiré tous les projecteurs, notamment les médias qui ont vainement essayé de lui arracher une petite déclaration. Arrivé sur les lieux, le conseiller du chef de l'Etat s'est dirigé, au milieu de la foule, vers l'écrivain, l'a salué à travers une accolade qui a duré un laps de temps, lui exprimant son «soutien et sa solidarité». Avant d'ajouter: « ce qu'ils ont fait est une ignominie». Mais, des militants et activistes ont vite profité de l'occasion pour le huer et le prier de partir. En tout cas, la présence de Saïd Bouteflika a été largement commentée et sur les lieux et à travers les réseaux sociaux qui se sont immédiatement emparés de la nouvelle. Certains observateurs n'ont pas manqué de faire le lien avec la chaîne Ennahar TV qui, «de tout temps a bénéficié des grâces de l'entourage présidentiel». Ce geste de Saïd Bouteflika signifie-t-il que l'empire d'Anis Rahmani est lâché en haut lieu ? C'est en tout cas la première lecture à tirer de cette apparition.
L'Arav dénonce une «insulte à la dignité humaine»
Réagissant à la polémique née suite à la diffusion du programme de la caméra cachée d'Ennahar TV dont a été victime l'écrivain Rachid Boudjedra, le président de l'ARAV, Zouaoui Benhamadi, a, dans une interview accordée à l'APS, menacé de sévir. «Nous avons agi jusqu'à maintenant de manière pédagogique, mais il est temps qu'on passe à autre chose pour parachever l'aspect disciplinaire et réglementaire» de l'organisation du secteur audiovisuel, a indiqué Benhamadi, tout en estimant qu'avec l'application rigoureuse de la réglementation, «on peut aller vite dans la régularisation des chaînes privées (qui sont de droit étranger), après, bien sûr, leur mise en conformité avec le cahier des charges». «Avec un nouveau gouvernement et un nouveau ministre de la Communication, on va avancer sérieusement sur le dossier de la réglementation du champ audiovisuel», a-t-il dit. Par ailleurs, Benhamadi a pointé du doigt des émissions, notamment les caméras cachées, qui sous couvert de divertissement, montrent des séquences dont «la brutalité et la vulgarité» sont une «insulte à la dignité humaine». Evitant de s'impliquer davantage, Benhamadi a indiqué que c'est aux «personnes mal représentées, de se plaindre et de faire pression sur ces chaînes en ayant recours à la justice», soulignant que l'ARAV pouvait intervenir notamment quand elle constate un «dépassement grave», touchant notamment aux symboles de l'Etat. «Nous sommes abasourdis par tant de légèreté dans certains programmes», a-t-il regretté avant d'appeler à la nécessité d'«entreprendre une réflexion pour la construction du paysage audiovisuel national». Le président de l'ARAV a relevé que ces chaînes privées existaient sans cahier des charges précis propres à elles, tout en estimant que celles-ci sont un «élément valorisant» dans le champ audiovisuel national et qu'il «ne convient pas de les supprimer ou de les stigmatiser». Pour sa part, le conseil de l'Autorité a dénoncé «les pratiques contraires aux principes de la déontolo-gie», en exprimant son «entière solidarité avec l'écrivain Rachid Boudjedra concernant les attaques dont il a fait l'objet dans le programme de caméra cachée de la chaine de télévision privée Ennahar», a indiqué hier un communiqué de cette instance. L'ARAV a souligné la nécessité d'«éviter la diffamation, l'injure et la violence dans toutes ses formes dans les programmes de caméra cachée», rappelant que les responsables de ces programmes sont soumis aux lois de la République. L'ARAV a en outre rappelé avoir averti ces chaînes, à la veille du mois sacré, en leur demandant d'éviter de telles pratiques et de respecter le citoyen.
Impressions :
Karim Tabbou, porte-parole de l'UDS: «C'est d'abord un devoir que d'être présent ici. Cette action prouve que les gens veulent s'émanciper de leur peur. Il faut constituer un rempart démocratique contre toutes ces violences qui visent la démocratie et les libertés. Il faut dire non à la violence, non à la tyrannie, non à la bêtise et non à cette conception violente du débat et de la presse. Je pense que la présence des intellectuels et journalistes qui ont dépassé leurs clivages est une bonne chose et peut-être un acte fondateur pour de belles perspectives. Pour les raisons de cette situation, la dérive est globale, dès lors que des gens se sont investi du droit de faire ce qu'ils veulent parce qu'ils ont le soutien absolu et ne rendent des comptes devant aucune loi ni institution, dès lors que l'Etat a dévié de ses missions au service du citoyen. C'est la porte ouverte à toutes les dérives et tous les dépassements».
Amel Zen : «Ma présence ici est d'abord un signe de citoyen conscient des libertés individuelles et des convictions intimes sur la question spirituelle ou religieuse qui est une limite à ne pas franchir, puis un acte de solidarité envers un homme qui a été malmené et humilié, l'écrivain Rachid Boujedra. Je suis aussi venue ici pour dénoncer les dérives qui se passent dans le paysage audiovisuel en Algérie. Aujourd'hui, nous devons nous poser la question de savoir si nous sommes, avant tout, des citoyens algériens, ou autre chose. C'est inacceptable qu'on mette de la pression pour leurs convictions religieuses sur des citoyens comme ce fut le cas pour Boudjedra.. J'espère que cet élan de solidarité ne sera qu'un début. L'ARAV et toutes les autorités compétentes doivent réagir en urgence pour stopper ces dérives médiatiques graves qui ont franchi toutes les limites.
Lazhari Labter
«Je pense que l'affaire de Boudjedra avec Ennahar n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Le problème n'est pas Rachid Boudjedra. Le problème, c'est que ces pratiques sont faites contre beaucoup d'autres personnes qui n'ont pas la réputation de Boudjedra. Des écrivains, des artistes, mais aussi de simples citoyens. Donc, au-delà de ce cas précis, se pose la question sur ces pratiques qui foulent au pied tout professionnalisme, l'éthique et la déontologie du métier mais aussi les traditions de respect que nous avons, notamment en ce mois de Ramadhan. Ce n'est pas le propre d'Ennahar. Ce sont des pratiques que font d'autres chaînes aussi, mais celle-ci est en tête. A travers cette mobilisation, le message que nous sommes en train de véhiculer, c'est de dire à ces gens «Khlass, barakat !, arrêtez ! Vous avez dépassé toutes les limites, «ahachmou !».
Kader Fares Affak: «S'agissant d'Ennahar cette affaire dépasse le cas Boudjedra, et ça dépasse le cadre de l'émission. Le problème, c'est que cette émission traduit une réalité. Celle de la liberté de conscience qui n'est pas consacrée dans la société. Dans les interpellations de militants, la question sur leur religiosité est posée. Slimane Bouhafs est en prison pour trois ans pour le fait qu'il est chrétien. Rachid Fodil est en prison pour trois ans pour le même motif. Tout ça donc traduit une réalité. La liberté de conscience doit être consacrée. Le problème qui se pose en Algérie, c'est que cette liberté existe dans la Constitution, mais pas le droit d'en jouir».
Youcef Sehaïri: «C'est un rassemblement de soutien à l'artiste, à l'écrivain et à l'intellectuel pour tout ce qu'il subit comme traitement et agressions sur sa personne et sa vie privée. Cela sous prétexte que c'est une personnalité publique. Cela est motivé par le fait qu'il n'a ni immunité, ni moyen de se défendre. La loi qui défend l'artiste est absente. Et tant que cette loi sur n'existe pas, les artistes seront humiliés, et traînés dans la boue par n'importe qui. Nous baignons dans une anarchie totale, et nous ne savons pas où nous nous dirigeons. Les artistes et intellectuels présents à ce rassemblement sont venus, non seulement pour Boudjedra, mais aussi pour tous les autres artistes et citoyens en général qui se sentent humiliés par ce genre de pratiques. Aujourd'hui, c'est arrivé à Boudjedra, demain ça pourrait arriver à n'importe qui».
A. Moussi, H. M. et Arezki Ibersiene


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