Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a réitéré hier à Charm El Cheikh, l'appel de l'Algérie pour une «plus grande implication» des pays non-alignés dans le processus de négociations et de décisions afin d'être «partie prenante» dans la nouvelle gouvernance mondiale. Intervenant à l'occasion du débat interactif sur le thème «Solidarité internationale pour la paix et le développement», M. Messahel a relevé que le lien entre la paix et le développement " ne s'est jamais posé avec autant d'acuité et au point d'en constituer les éléments d'une équation dont la rupture de l'un agit fatalement et négativement sur l'autre». Le ministre a affirmé qu'au moment où le monde traverse «l'une des périodes les plus difficiles et les plus instables», «nous avons besoin d'un Mouvement des non-alignés qui soit fort et uni». «Nos pays, a-t-il souligné, ne peuvent, en effet, gagner le pari de la paix ou agir efficacement sur l'ordre international pour le rendre plus juste et réceptif à nos besoins et à nos préoccupations, au demeurant légitimes, sans unir leurs efforts.» Le ministre a rappelé, d'autre part, que «c'est le cas des menaces anciennes et nouvelles à la paix et à la stabilité dans le monde qui tirent profit de la mobilité favorisée par les progrès prodigieux réalisés dans le domaine des transports et des technologies de l'information», précisant que ces contraintes «nécessitent une coopération sans faille afin de les prévenir et les combattre efficacement». «Je pense, en particulier, au terrorisme qui doit demeurer, a-t-il souligné, une priorité pour l'action de notre mouvement», recommandant dans ce contexte qu'il convient de «hâter la finalisation du projet de convention globale de lutte contre le terrorisme». Il a rappelé, à cet effet, l'importance de combler les lacunes de l'arsenal juridique international de lutte antiterroriste, en particulier celles liées au financement du terrorisme, «des failles, a-t-il dit, exploitées par les groupes terroristes pour se procurer les ressources nécessaires à la poursuite de leur entreprise criminelle». De ce point de vue, il a indiqué que la demande de rançon prend des «proportions alarmantes» et tend à devenir un «moyen de financement alternatif» pour les groupes terroristes. Il importe, en conséquence, a-t-il dit, de la «combattre fermement en mobilisant les moyens nécessaires, y compris en complétant les instruments internationaux existants et en mettant en œuvre un mécanisme de coopération entre les Etats». Après avoir rappelé, à ce propos, la décision du sommet africain de Syrte condamnant le versement des rançons pour acte de piraterie ou de prise d'otage, le ministre a précisé que des actions seront menées, en ce sens, par les Etats membres de l'Union africaine en direction du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies pour la prise de «décisions contraignantes» et une «révision des conventions déjà existantes, notamment celles relatives au financement du terrorisme et de prise d'otage». «Nous espérons, a-t-il ajouté, trouver auprès de tous les Etats membres du Mouvement des non-alignés le soutien attendu pour accompagner l'initiative africaine.» Le ministre a relevé, par ailleurs, l'importance que revêt la réforme de l'Organisation des Nations unies et son renforcement, un «cadre irremplaçable», a-t-il dit, pour «relever ces défis et concevoir des stratégies collectives en vue de faire face aux multiples crises qui secouent notre monde ou pour promouvoir la solidarité entre les peuples, en particulier ceux qui sont otages des guerres, victimes de la pauvreté et des maladies ou, encore, ceux qui aspirent à exercer leur droit à l'autodétermination». En parlant de solidarité, il a insisté sur l'importance de faire une «mention particulière» des implications que ne manquerait pas d'avoir la crise économique mondiale sur les couches des populations les plus vulnérables, en particulier sur le continent africain. «Nous sommes maintenant quasi-certains, a-t-il poursuivi, que les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), déjà compromis par le non-respect par nos partenaires de leurs engagements, ne seront pas réalisés», ajoutant que les projections les «plus pessimistes» indiquent que 150 millions de personnes supplémentaires «viendront grossir les rangs des plus pauvres à cause de cette crise». Le ministre a souligné, dans ce sens, que les dirigeants africains conscients de cette situation ont «judicieusement décidé de dédier leur dernier sommet au développement de l'agriculture, seul moyen de réaliser la sécurité alimentaire». «Cette question pourrait également constituer, a-t-il encore précisé, un axe de travail pour le Mouvement des non-alignés à la fois en raison de son importance vitale pour nos peuples et parce qu'elle est de nature à donner un sens concret à la coopération sud-sud pour assurer à nos populations une sécurité alimentaire totale.»