Il est terrible Silvio Berlusconi. Il est même touchant parfois. Terrible parce que même si ses choix politiques et économiques sont souvent contestables, il parvient toujours à se maintenir à un niveau de popularité assez rare pour un homme d'Etat d'une démocratie européenne. Déchu, il a trouvé les ressources et la stratégie pour revenir par la grande porte au pouvoir. Cet homme a certainement quelque chose que beaucoup d'hommes politiques n'ont pas : un certain charisme naturel et des idées qui font rêver très largement au-delà de ceux qui sont censés les bénéficiaires exclusifs de ses choix. Il fallait vraiment être lui pour parvenir à séduire les plus pauvres parmi les Italiens par des «folies» immobilières qu'ils savaient chimériques pour des gens de leur condition. Il fallait aussi être lui pour réussir un empire audiovisuel inconcevable pour un homme politique qui n'a jamais songé renoncer un jour volontairement au pouvoir politique. Berlusconi fait tourner la tête aux femmes mais aussi aux hommes. A la télé culturelle et politique, il a substitué la télé du tout divertissement et ça a tout de suite marché. Mieux, il a fait passer en douceur une pilule pourtant difficile à faire avaler dans une grande démocratie : user de ses propres médias pour promouvoir une carrière politique qui n'est pas toujours à l'abri du déclin. Ce ne sont pourtant pas les oppositions qui manquent à sa politique et elles ne manquent pas d'arguments. A commencer par ceux qu'il offre régulièrement sur un plateau doré à ses adversaires. Une politique socioéconomique qui est loin d'être un modèle, un business personnel rarement au-dessus du soupçon, et pour corser le tout, des scandales à répétition dans sa vie privée. A ceux qui l'accusent de populisme, il brandit ses options stratégiques qui n'y cadrent pas. A ceux qui lui reprochent des orientations néolibérales, il oppose sa popularité chez les démunis et son parcours personnel d'ancien pauvre qui n'a pas oublié d'où il vient. Touchant aussi parfois, Berlusconi. Invité sur un plateau de télé il y a quelques jours par le magnat tunisien du showbiz, Tarek Benamar, qui est aussi son ami et son partenaire en affaires, il a raconté presque émouvant sa rencontre avec Moamar El Kadhafi. L'instant - qu'il ne juge pas historique tellement il était naturel pour lui - où il avait demandé pardon au peuple libyen pour le passé colonial de son pays et proposé une réparation symbolique. Dans sa gestion politique et dans sa vie, sous la tente du dirigeant libyen ou sur le plateau de télé, Berlusconi savait qu'il faisait les choses différemment. Et ça marche plutôt bien. Pour lui, le reste n'a peut être pas d'importance. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir