Il s'enorgueillissait déjà que sa cote de popularité atteignait les sommets à chaque fois qu'il est attaqué sur sa vie privée, mais aussi sur ses choix politiques quand il estime que les arguments employés par ses adversaires manquent de sérieux et de propositions alternatives. On peut dire de Silvio Berlusconi, le président conservateur du Conseil italien, se défend comme il peut. Le problème est qu'il n'est pas toujours loin de la vérité. Quand il est au plus bas des sondages, comme c'est le cas actuellement, il arrive quand même à se maintenir à hauteur d'une assez confortable majorité. Agressé dimanche par un déséquilibré mental – jusqu'à preuve d'autre chose – dont les antécédents psychiatriques sont établis, il serait curieux de connaître où il en est dans le cœur des Italiens après ce nouvel épisode dans une vie un peu trop mouvementée quand même pour le Premier ministre d'un pays qui devrait avoir des centres d'intérêt bien plus préoccupants. Mais on ne demande manifestement pas à Berlusconi de changer, c'est autant lui demander de se suicider, lui qui est convaincu que sa force est précisément dans ce que ses pourfendeurs lui reprochent. Berlusconi est loin d'être un exemple de réussite en matière de gouvernance, encore moins en matière de rigueur morale, mais ça lui suffit pour qu'il soit «différent», et ce qui ne gâte rien, ça a marché jusque-là, y compris en «inspirant» les Italiens qui l'ont fait revenir aux affaires de leur pays comme un messie après une première expérience pourtant pas très reluisante. Et tant qu'à faire, pourquoi renoncer à ce que les Italiens semblent tellement apprécier chez lui ? C'est-à-dire la réussite des affaires personnelles qu'il fait miroiter comme possibilité pour tous, l'image d'un homme du peuple qui est à lui seul l'incarnation de l'élégance à l'italienne, le grain de folie de tous les jours, le goût du risque et pour boucler la boucle, des ennemis comme il les aime : ringards, dispersés, manquant terriblement d'imagination et disposant d'un seul programme, bien évidemment insuffisant pour convaincre : l'anti-berlusconisme. Voilà maintenant le bouquet, c'est l'agression commise contre lui qui fédère la classe politique italienne, soudainement et miraculeusement redevenue capable de parler d'une seule voix pour… dénoncer l'atteinte à l'intégrité physique du «Cavaliere» ! «Nous en sommes arrivés là. Un climat de haine contre Berlusconi a produit des effets dévastateurs», souligne le quotidien conservateur romain Il Tempo. De l'autre côté de la barrière, on apprécie les choses différemment, mais on dit la même chose et pour le chef du gouvernement italien c'est tout ce qui compte. Après «la journée sans Berlusconi» organisée récemment par la société civile, voilà sans doute des jours et des jours où il ne sera question que de lui. C'est reparti comme en quarante. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir