, et Alger, comme à son habitude, baisse rideau durant les jours de fête. Cette année, les commerçants, malgré les appels de leurs représentants syndicaux, ont préféré prolonger la fermeture de leurs magasins, créant une tension sur plusieurs produits de première nécessité. Les commerçants algérois se sont offert pratiquement une dizaine de jours de congé, contraignant les habitants de la capitale à une difficile gymnastique pour se procurer quelques produits alimentaires de base. Le pain a manqué durant les deux jours de l'Aïd, et la crise a perduré jusqu'à hier dans plusieurs quartiers de la ville où, visiblement, les commerçants n'étaient pas pressés d'ouvrir les portes de leurs magasins. A peine deux commerces sur cinq étaient ouverts jeudi dans des quartiers pourtant fort animés durant le reste de l'année, à l'exemple de Sidi Yahia, Draria, Bab El Oued et Belouizdad. Ils étaient aussi peu nombreux à se remettre au travail dans les communes environnantes, laissant supposer que l'activité commerciale dans son ensemble ne reprendra qu'à partir d'aujourd'hui. Conséquences fâcheuses de ce baisser de rideau programmé, la hausse vertigineuse des prix. Sur les maigres étals des marchands de fruits et légumes, les produits desséchés et presque pourris sont hors de prix. Les fruits de saison ont atteint des cimes, les raisins de qualité médiocre se négociant entre 120 et 150 DA le kg. Le lait en sachet a également manqué, une vive tension a été remarquée sur les quelques points de vente demeurés ouverts durant l'Aïd et les jours d'après. Restaurants et gargotes, un luxe Les travailleurs ont été surpris par la fermeture prolongée des restaurants, gargotes et autres fast-foods où ils ont l'habitude de se restaurer à la mi-journée. Mardi, mercredi et même jeudi, il était difficile de dénicher un restaurateur ouvert dans les grandes artères de la capitale. Dans la proche banlieue et sur les hauteurs de la ville, les rares coins de restauration ouverts étaient pris d'assaut par des employés. Dans pareilles circonstances, les clients affamés se sont contentés de ce qui leur est proposé : pizzas au fromage, sandwiches de frites-omelette, brochettes d'escalopes ou merguez. Bienheureux ceux qui ont pu arracher de haute lutte leur casse-croûte car, à partir de 14h, les gargotiers n'avaient absolument rien à offrir. Beaucoup de consommateurs se sont rabattus sur les épiceries, se contentant de quelques pots de yaourt, de tranches de fromage et de boîtes de jus. Très rares ont été les épiciers qui avaient du pain à proposer. Des entreprises au ralenti Elles ne sont pas nombreuses les entreprises qui ont préféré suspendre momentanément leurs activités durant cette dernière semaine, mais la plupart de celles restées en activité ont été surprises par le nombre important de travailleurs n'ayant pas rejoint leur poste de travail. Que ce soit dans le secteur public ou celui privé, l'absentéisme a été fortement ressenti dans les entités économiques et industrielles, les fêtes de l'Aïd ayant toujours servi de prétexte pour justifier les longues absences d'une majorité d'employés. Seule satisfaction, les services publics ont fonctionné de façon plus ou moins correcte, à commencer par les services communaux. Les équipes de nettoyage de Netcom n'ont pas démérité, enlevant des tonnes d'immondices et de déchets ménagers, que des mains inconscientes jettent souvent à même les trottoirs. De jour comme de nuit, ils ont assumé leur tâche avec abnégation, un hommage soutenu devrait leur être rendu. Une prime, même modeste, ne serait pas de trop pour récompenser l'effort fourni durant la semaine écoulée par ces travailleurs pas comme les autres. Pratiques rituelles et économie Récurrente, cette situation qu'explique le profond respect, voire la quasi-sacralisation de quelques pratiques rituelles anciennes ou émergentes, n'en porte pas moins préjudice à l'économie nationale. La baisse de l'activité, déjà problématique durant le mois sacré du ramadhan s'exacerbe durant les fêtes nationales, surtout lorsque celles-ci sont célébrées en milieu de semaine, préludant à des «ponts» plus ou moins longs. Ni les mesures coercitives ni le bon sens n'ont pu atténuer le phénomène de l'absentéisme au travail conséquent à la célébration des fêtes légales. Mieux, des habitudes aujourd'hui difficiles à combattre se sont développées tel, par exemple, le report de l'étude de certaines questions pourtant urgentes après le ramadhan, voulu comme mois d'inactivité et de farniente par beaucoup de décideurs. Des voix se sont élevées pour un débat national sur ce phénomène, mais la question n'a jamais été abordée frontalement.