Alors que la population des personnes souffrant d'allergies ne cesse d'augmenter, certains spécialistes s'inquiètent d'une prise en charge insuffisante et d'un manque de coordination dans le suivi des patients, plaidant pour que l'allergologie soit considérée comme une spécialité médicale à part entière. «Il faut que l'allergologie devienne une spécialité de médecine interne, comme c'est le cas au Portugal», réclame le Pr Alain Grimfeld, à quelques jours de l'ouverture à Paris du 4e Congrès national d'asthme et d'allergie (CNAA). Asthme, rhinite, urticaire, côlon irritable ... les manifestations de l'allergie sont nombreuses et pas toujours faciles à repérer. Dans bien des cas, les patients consultent médecin généraliste, pneumologue, dermatologue, voire gastro-entérologue, selon la localisation de leurs symptômes. «Que ce soient les piqûres d'insectes, les médicaments, l'anesthésie, l'allergie alimentaire, la crise est un signal d'alerte et le retard au diagnostic n'est plus admissible», confie le Dr Dominique Château-Waquet, coordinatrice du CNAA qui se tiendra à l'Institut Pasteur de Paris du 21 au 23 octobre. A l'heure actuelle, un tiers des 600 millions d'individus qui souffrent de rhinite allergique souffrent également d'asthme, soit 200 millions de personnes dans le monde. La rhinite allergique gâche la vie de 95% des allergiques aux acariens qui souffrent faute de diagnostic et de traitement adapté. «Envisager l'allergie en dehors des problèmes environnementaux est une erreur fondamentale», souligne le Pr Grimfeld, président du CNAA et de la Société française santé environnement (SFSE). «Il est maintenant bien clair que la prise en charge d'un patient atteint d'asthme et/ou d'allergie comporte non seulement la démarche diagnostic et le traitement de l'affection elle-même, mais également la prise en compte des facteurs conjoints environnementaux physiques, psychiques, socio-économiques, déclencheurs ou amplificateurs des symptômes». Enfin, alors qu'un débat public national relatif aux nanotechnologies a débuté jeudi à Strasbourg, le Pr Grimfeld s'interroge sur le rôle éventuel joué par ces technologies dans le processus allergique. Les nanotechnologies concernent les particules de dimensions nanométriques (de l'ordre du milliardième de mètre). Celles-ci présentent un intérêt majeur dans de nombreux domaines (santé, énergie, matériaux.), mais leurs effets potentiels sur l'environnement et la santé sont encore mal connus.