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Pays de résidence ? Sahara occidental !
Aminatou Haider
Publié dans Le Temps d'Algérie le 23 - 01 - 2010

Les policiers de service à l´aéroport de Las Palmas, ce lundi, ont ouvert grands les yeux en voyant débarquer, parmi le faible nombre de passagers arrivés d´Al Ayoune, par le petit avion qui assure la liaison régulière entre la capitale du Sahara occidental et les Canaries, une dame dont le visage leur disait quelque chose. Aminatou Haider comprend la surprise qui se lisait sur le visage du flic.
A l'aéroport de Las Palmas
Un léger sourire aux lèvres, elle lui tend seulement sa carte de résidence, en observant sa réaction. Cette carte qui lui a été délivrée pour «raisons humanitaires» par l'Espagne, en janvier 2006, parviendra à expiration le jour suivant son arrivée. Le policier est rejoint par d'autres camarades, souriant de surprise, qui ne veulent rien rater de la scène, laissant les passagers patienter un peu.
Ils ont vu ce visage qui a fait la une de tous les journaux, des chaînes de radio et de télévisions à la fin de l'année dernière. C'est bien cette femme. Une vraie femme assise sur sa chaise roulante ou depuis son matelas, épuisée par plus d'un mois de grève de la faim qui a mis à genoux le régime marocain et qui n'a rien cédé de ses principes au gouvernement espagnol.
Haider, toujours souriante, plaisante avec le policier auquel elle ne tend que sa seule carte de résidence espagnole, avant de lui présenter le fameux document de voyage. Le passeport que les autorités marocaines lui avaient enlevé avant de l'expulser vers les Canaries, munie de sa seule carte de résidence. «Vous m'avez bien laissé entrer, la dernière fois, avec ma seule carte de séjour», dit-elle aux jeunes policiers qui apprécient son humour, avec un éclat de rire.
A l'aéroport d'Al Ayoune
A sa sortie d'Al Ayoune, une heure plus tôt, elle avait remis les deux documents au policier marocain qui se demandait pourquoi ses supérieurs l'ont choisi lui pour assurer la permanence ce jour-là. Lui tremble. Elle est visiblement détendue, mais ne plaisante pas. Parmi les documents, la fameuse fiche de police, lisiblement remplie avec cette indication de tous les malheurs pour le Maroc :
Devant «pays de résidence», elle appose la réponse suivante : «Sahara occidental». Le passeport marocain n'est rien de plus pour elle qu'un document de voyage, faute d'un autre qui porterait République sahraouie. Têtue à ce point, Mme Haider. Non, résolue dans ses convictions.
Voilà donc l'origine des déboires de la diplomatie marocaine, de son gouvernement et du roi Mohammed VI lui-même. Pays de résidence : Sahara occidental. Le policier fait mine de n'avoir rien lu, sous le regard de ses chefs, postés à quelques pas de là qui avaient reçu des consignes strictes de leur nouveau ministre de l'Intérieur de faire «comme si...».
L'ancien premier flic marocain, Chafik Benmoussa, un proche du roi Mohammed VI, a payé de sa place la manière dont il avait géré l'«affaire Haider». Pour sauver la face, le roi avait trouvé la formule douce de cette éviction à travers un petit remaniement ministériel intervenu début janvier.
Séquestrée chez elle depuis son retour
Aminatou Haider a gagné. Elle est de nouveau en Espagne, où elle est venue renouveler son titre de séjour et effectuer des examens médicaux pour l'épreuve qu'elle a subie durant ses 33 jours jours de grève de la faim. Son état de santé est apparemment meilleur, mais elle souffre de multiples lésions au niveau de l'appareil digestif, notamment, à cause de la grève de la faim faute de soins à Al Ayoune. Depuis son retour chez elle, elle avait été placée sous stricte surveillance policière.
Pendant que son état de santé continuait de se dégrader, ses visiteurs sont bastonnés dans les commissariats de police. «Sa maison est sous état de siège permanent et le nombre de policiers dans les alentours a plus que doublé», écrivait un journaliste espagnol depuis Al Ayoune. Amnesty International proteste : «Mme Haider est séquestrée chez elle.
Elle ne peut ni sortir, ni aller à son travail, ni exercer ses activités de défense des droits de l'homme, ni même se soigner. Le gouvernement marocain prend peur. Son porte-parole jure que l'indépendantiste sahraouie «est libre de tous ses mouvements». Mme Haider le prend au mot et débarque à l'aéroport d'Al Ayoune où elle avait déjà sa réservation pour le vol sur Las Palmas. A Rabat on fait les «gorges chaudes» devant cette nouvelle humiliation.
Le «combat continuera»
Affaiblie, Mme Haider l'était à son arrivée à Madrid, mercredi soir. Les journalistes sont là et les membres du personnel hospitalier des autres services faisaient, toujours, un petit crochet par là pour la voir de plus près. Toujours un petit sourire timide accompagné d'un fort sentiment d'admiration pour ce symbole de la cause sahraouie. Malade et très affaiblie, elle annoncera dès son arrivée en territoire espagnol qu'elle poursuivra son combat pour l'indépendance et les droits de l'homme au Sahara occidental. Son combat a permis de remettre d'actualité la question du Sahara occidental.
Parfaitement conscient des dégâts subis par son image au plan extérieur, le Maroc a décidé d'anticiper la réaction des Nations unies, dont le représentant pour le Sahara occidental a convoqué Rabat et le Front Polisario pour une nouvelle rencontre informelle à New York, en février prochain. Le roi Mohammed VI annonce «une régionalisation avancée» qui veut dire exactement annexion définitive du Sahara occidental. Un véritable coup d'épée dans l'eau. Une manœuvre de plus qui n'a aucune chance d'aboutir.
Rabat sous haute vigilance De Bruxelles, les voix se multiplient pour exiger de Rabat le respect des droits de l'homme, y compris le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. La menace à peine voilée des membres des nouvelles institutions dirigeantes, nées du Traité de Lisbonne, des eurodéputés l'ont explicitement expliqué au président espagnol qui préside l'Union européenne pour le semestre en cours : pas question de statut avancé avec Rabat ni la tenue du sommet UE-Maroc de mars prochain dans ces conditions.
Le gouvernement espagnol n'ira pas, bien sûr, jusque-là, mais il est bien embarrassé d'être mis en situation difficile par son allié marocain. Il est attendu au tournant par le parlement espagnol et le parlement de Strasbourg dans les prochaines semaines. L'ombre d'Aminatou Haider plane toujours sur Madrid.


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