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La lente agonie de douar Hadadou
Le hameau est planté au beau milieu de Magtaâ Kheïra
Publié dans Le Temps d'Algérie le 10 - 02 - 2010

Son nom évoque à la fois un prénom féminin, la peur et les bandits de grand chemin. L'endroit est aussi connu pour abriter un commerce florissant de volaille, la dinde essentiellement. Vaste espace agricole, l'endroit est beau, attirant… mais la misère de ses habitants le rend rebutant.
Vous l'avez certainement deviné, il s'agit de Magtaâ Kheïra, une zone que se partagent les wilayas d'Alger et de Tipaza. Le long de la route qui y mène, quelques paysans ont pris l'habitude de vendre de la dinde. Entiers ou en morceaux, ces volatiles se vendent comme des petits pains. On y vient de toute la région pour en acheter, ce qui donne une certaine animation à cette route de campagne, autrefois désertée par les automobilistes.
Mais au-delà de ce dynamisme lié au commerce de la dinde, il y a une réalité qui échappe aux milliers de passagers qui transitent par ce lieu pour rejoindre Koléa, Blida, Boufarik et les nombreux villages de la wilaya de Tipaza. Ici, la précarité règne dans une zone qui fait pourtant partie de la wilaya d'Alger. Plus d'une centaine de familles vivent dans la misère absolue au douar Hadadou, dépendant de la commune de Mahelma. «J'ai honte de dire que je suis Algérois», fulmine Farid, chômeur de longue durée.
Il nous raconte brièvement l'histoire de ce lieu tout en pestant contre «les responsables qui ont complètement abandonné l'endroit».
Magtaâ Kheïra, c'est ce lieu où, à une certaine époque, une femme appelée Kheïra conduisait une bande de brigands qui dépouillaient les passants de leurs biens. Les caravanes de commerçants qui venaient de l'ouest passaient par ce lieu. Cette femme nourrissait les gens de son village grâce au butin des passants. Elle avait instauré une sorte d'impôt, un droit de passage par «sa forêt».
Personne ne savait que la bande de voleurs était dirigée par une femme puisque Kheïra portait une cagoule. Cela a duré jusqu'au jour où un commerçant a décidé de lui tenir tête et d'en finir avec cette taxation arbitraire qui a trop duré. A la fin de la bataille entre les deux antagonistes, l'homme arracha la cagoule et, à sa grande stupéfaction, il découvre le visage d'une femme. C'est de là qu'est née la légende. Des années ont passé depuis mais la situation des habitants de ce douar n'a pas beaucoup évolué.
Du moins, «c'est lorsque les choses ont commencé à évoluer dans le bon sens qu'est survenu le problème du terrorisme et de l'insécurité». Le douar Hadadou était la cible des terroristes qui ont réussi à faire fuir la quasi-totalité de ses habitants. Les agriculteurs qui exploitent les plaines fertiles des deux côtés du Mazafran ont eux aussi abandonné leurs terres des années durant. Après le retour de la paix, ils ont retrouvé enfin leurs terres, et les habitants leurs misérables masures, qui plus est dans un piteux état : portes défoncées, murs craquelés, toits effondrés… autant dire en ruine puisqu'il a fallu du temps pour les réhabiliter.
Le dispensaire : une étable !
Ce n'est pas une blague, mais une vérité amère que les habitants du douar Hadadou sont obligés d'accepter. Le dispensaire servait d'étable et de bergerie dans le temps. De part sa structure et les matériaux utilisés, la construction n'est nullement destinée à accueillir des malades. Murs en parpaing, toit en tôle ondulée et sol en béton armé. Loin, très loin même du cadre sanitaire proprement dit. Farid rouspète : «Même quand ce dispensaire fonctionnait, personne ne venait les voir, vous imaginez qu'en 2009, on continuer à bouillir les seringues pour les stériliser ? Chez nous, les seringues sont bouillies et les médicaments quasi inexistants.»
De l'autre côté de l'étable, une école primaire qui existe depuis des décennies. La situation au sein de cet établissement «laisse à désirer», renchérit Kamel. Et d'ajouter : «Cette école a formé des ingénieurs, des médecins, des avocats et des officiers supérieurs de l'armée, nous sommes un douar instruit contrairement à ce qu'on imagine.»
La vie est dure à mener à Magtaâ Kheïra, le gaz de ville n'existe pas, la bonbonne est toujours reine. Les coupures électriques sont récurrentes et l'eau coule dans les robinets mais à faible pression. A ce propos, Farid explique : «Juste derrière la colline, il y a un château d'eau mais nous avons passé des étés à remplir les seaux pour étancher notre soif.»
L'emploi, la jeunesse et les touristes
«Nous sommes les premiers à faire commerce de la dinde en Algérie, les gens qui passaient par là nous disaient ceci : c'est quoi ces autruches que vous vendez ? Et quand nous avons demandé aux autorités de nous construire un abattoir près de chez nous, elles ont refusé. Le P/APC de Douaouda (commune dépendant de la wilaya de Tipaza) a sauté sur l'occasion et tous les jeunes de sa localité se retrouvent millionnaires. Y-a-t-il plus injuste que cela ?»
Le douar Hadadou abrite quelque 1500 familles et la jeunesse forme la majorité des âmes qui y vivent. Néanmoins, cette force est laissée à l'abandon car ni le P/APC de Mahelma ni les autorités de wilaya n'ont fait l'effort de canaliser cette tranche. Pourtant, des usines sont implantées dans la vallée, des usines que les jeunes du douar on construites.
«Nous avons tous travaillé dans ces usines et quand nous avons déposés nos dossiers pour un recrutement la réponse a été évidente : toutes les places sont prises. Tous les travailleurs des usines sont des étrangers, même les agents de sécurité», affirme Farid.
La densité de la verdure et l'immensité de l'espace a néanmoins fait de Magtaâ Kheïra une destination de rêve pour les Algérois et les autres familles des lieux avoisinants. Même les touristes étrangers sont de la partie. «Au printemps, ces champs grouillent de monde, l'herbe atteint des hauteurs importantes, et les familles viennent le temps d'un week-end profiter du soleil. Le personnel des ambassades, c'est-à-dire des Européens, vient aussi et visite ce lieu», nous fait savoir Mohamed.
Avant de quitter Magtaâ Kheïra, nous étions conviés à prendre un café chez une famille. Son souhait, comme celui des habitants du douar Hadadou ou de Magtaâ Kheïra, est que les autorités prennent en charge cette région, et ce, avant que le béton prenne le dessus.
Déjà, des hommes d'affaires se sont installés en construisant des villas et autres ranches dans la vallée.


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