Le problème du transport aérien est récurrent dans les régions du sud algérien. Le réseau des lignes intérieures connaît des défaillances énormes que le pavillon national peine à combler. Les retards et les annulations de vols sont monnaie courante. C'est notamment le cas de la wilaya de Tamanrasset. Outre la désorganisation totale constatée au niveau de l'aéroport, les usagers de ce type de transport sont quotidiennement pénalisés. Ils sont livrés à eux-mêmes face au mutisme observé par les représentants de la compagnie aérienne dans cette ville. Des scènes insoutenables sont quotidiennement observées dans la salle d'attente de cet aéroport. A partir de 22h, des femmes, des enfants et mêmes des bébés attendent l'arrivée ou le décollage de l'avion d'Air Algérie durant toute la nuit pour être informés, au début de la matinée suivante, de l'annulation du vol sans prendre la peine d'en expliquer les raisons. «Partez chez vous, il n'y a pas de vol pour Alger aujourd'hui, revenez ce soir à 00h00 pour le prochain vol prévu à 2 h du matin», se contentent de dire les représentants du pavillon national. «C'est un véritable calvaire que nous vivons quotidiennement dans cet aéroport. Les vols sont tous programmés à partir de minuit. Les usagers commencent à arriver à partir de 21 h car beaucoup d'entre eux ne vivent pas à Tamanrasset ville. Au cas où il n'y a pas annulation de vol, ils embarquent à partir de 4 h du matin alors que le vol est prévu à 1h ou 2h du matin. En cas de panne ou d'annulation, ils ne quitteront l'aéroport que le lendemain à 6 h, après que l'équipage ou un représentant de la compagnie annonce la situation et demande aux gens de partir sans aucune prise en charge», nous informe un citoyen de Tamanrasset. «Ça se passe comme ça tous les jours, les gens sont livrés à eux-mêmes sans avoir aucune information exacte et précise sur les horaires des vols. Il nous est arrivé de perdre trois à quatre jours à attendre un avion pour quitter Tamanrasset. «Un véritable cauchemar» Ça devient insupportable», nous dira un autre. D'ailleurs, les habitants de cette grande ville s'interrogent sur les raisons du choix des vols qui sont tous prévus durant la nuit. «C'est un véritable cauchemar. Tous les vols sont à 1 h ou à 2 h du matin. Il n'y a qu'un seul vol à 17h 30 qui fait un retard d'une heure et demie minimum. C'est une programmation absurde vu que ces vols engendrent beaucoup de problèmes et pénalisent les gens, surtout les travailleurs», nous dira une habitante de Tam. «Cela fait 10 ans que je n'ai pas mis les pieds dans cet aéroport. La situation est devenue catastrophique. Il y a 10 ans, les choses étaient mieux organisées et plus efficaces. Il n'y avait pas autant de problèmes», nous dira une quadragénaire arrivée à l'aéroport à 21 h pour le vol de 1 h du matin. Elle ne quitte l'aéroport qu'à 4 h et demi du matin pour aller à Djanet, à 40 mn de vol. Durant les longues heures d'attente, les habitants prennent leur mal en patience. Outre l'absence d'informations sur la programmation des vols, les usagers n'ont droit à aucune assistante de quelque nature que ce soit. Ni eau, ni couverture ne sont distribués aux passagers. L'assistance médicale est quasi absente. La brigade de la protection civile ne figure pas parmi les services présents sur place pour faire face aux cas d'urgence. L'aéroport est situé dans une zone déserte où aucun autre type de transport terrestre n'est disponible. Une autre raison qui pénalise les passagers en cas de retard. «Je veux quitter l'aéroport puisqu'on annonce un retard important mais je ne trouve pas de taxi pour rentrer. Même les clandestins n'assurent pas le service la nuit», s'est plaint une passagère, contrainte de passer une deuxième nuit blanche à l'aéroport après un retard annoncé par Air Algérie. Face à la persistance des usagers pour donner une heure fixe du vol, la compagnie annonce «un retard indéterminé». «C'est l'information qui nous a été communiquée de l'aéroport d'Alger. Le vol de 1 h du matin va enregistrer un retard dont la durée ne peut pas être définie», nous dira l'hôtesse d'Air Algérie. Une situation inédite où les habitants sont quotidiennement pris au piège.
