Une hirondelle ne fait pas le printemps. Vigilant, le poète relativise : «Ce n'est pas le calendrier, mais les hirondelles qui font le printemps.» Le temps peut encore «tourner», mais le printemps est déjà là. Dans une semaine, pour le calendrier, depuis une éternité, pour les hirondelles, même si elles ne sont pas encore visibles dans le ciel. Le foot a donné son champion d'hiver à 26 degrés Celsius et le printemps révolutionnaire se fait laborieux. Le Japon vit sa tragédie et à la tragédie s'ajoute déjà l'angoisse qu'il peut y en avoir d'autres, plus meurtrières, et les Algériens la suivent en direct, le pouce sur la zapette et la tête submergée. Le printemps est arrivé trop tôt et le champion d'hiver de foot connu trop tard. Le Maroc et l'Algérie vont jouer un à Annaba sur une mauvaise pelouse, mais personne n'y fait attention : le regard comme la zapette n'en ont que pour ceux qui battent le pavé et exceptionnellement pour le Japon. Sur un autre terrain, Kadhafi reprend du… terrain. Et de ce côté-ci des dunes, on ne sait plus maintenant si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Il paraît qu'Al Qaïda est derrière la révolte et ceux qui ont la zapette n'aiment pas quand c'est flou, même s'ils pensent toujours que Kadhafi est un fou. Dans le doute, ils vont sur l'ENTV, après un énième détour par le pays des samouraïs. On a beaucoup de sympathie pour les malheureux Japonais, on compatit, on veut bien faire quelque chose, mais on veut surtout être rassuré. On ne sait jamais. Ceux qui ont la zapette ne sont jamais rassurés du premier coup, ils guettent. Il est vrai que quand il y a eu la crise financière mondiale, les experts nous ont expliqué que l'Algérie était à l'abri et on est à l'abri. La preuve ? Le pétrole est à 108 dollars ! Quand ça a pété en Tunisie et en Egypte, d'autres experts nous ont expliqué que nous ne sommes pas la Tunisie ou l'Egypte. Ils avaient raison, puisque le printemps est là et nous sommes toujours l'Algérie. Quand le terrible tremblement de terre a frappé le Japon, une troisième équipe d'experts nous a enfin expliqué que nous n'avons pas les mêmes plaques tectoniques que ce pays avec qui nous ne partageons pas grand-chose d'ailleurs. On ne nous a encore pas rassuré depuis que le premier réacteur nucléaire a lâché sa saloperie dans l'air, mais ça ne saurait tarder. On serre la zapette et on prie. Un deuxième réacteur menace d'exploser. S'il vous plaît, des experts ! Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir