Le bras de fer opposant la direction des transports de la wilaya de Tizi Ouzou aux opérateurs privés ne semble pas trouver son épilogue. Après l'échec du dialogue enclenché le 26 juillet avec le département de Amar Tou, les transporteurs de Tizi Ouzou reviennent à la charge et reprennent le chemin de la contestation aujourd'hui. Un sit-in est prévu ce matin à 9h devant le siège de la wilaya, pour dire une fois de plus qu'il n'est pas question de se déplacer à la gare dite multimodale de Kaf Naâdja. L'information nous a été confirmée hier par un membre du collectif des transporteurs. «Nous allons maintenir la pression par la voie pacifique, jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. Un sit-in est d'ailleurs programmé pour demain (aujourd'hui, ndlr) devant le siège de la wilaya», a déclaré notre interlocuteur. Les membres de ce collectif ont, lors d'une réunion tenue hier, fait le point sur la situation, et ont jugé nécessaire de reprendre les actions de rue. «C'est le seul et unique moyen de pousser les autorités à revoir leurs calculs», pense un chauffeur de bus. Cette réaction intervient à peine quatre jours après que les opérateurs eurent été reçus par le secrétaire général du ministère des Transports. Finalement, le dialogue tant attendu n'a rien apporté, et les deux parties se sont séparées sans qu'une avancée soit réalisée dans le processus du règlement du conflit. Alors que les représentants de l'Union nationale des transporteurs (Unat), à l'instar ceux de l'Organisation nationale des transporteurs (Onta), n'ont pas réagi suite aux informations rapportées par l'APS, et dont le département de tutelle a tenu à apporter son soutien aux autorités locales, le collectif, par contre, se dit «surpris» par la dépêche de la même agence. «Le ministère a porté à la connaissance des représentants des transporteurs les informations liées à cette délocalisation en leur rappelant le caractère local de ce dossier et la nécessité de mettre en application les décisions prises par les autorités locales, et en poursuivant la recherche des améliorations dans le fonctionnement de la gare de Kaf Naâdja, dans la concertation permanente», est-il expliqué dans le communiqué du département des transports. Ainsi, les transporteurs estiment, dans un communiqué rendu public au lendemain de la réunion, que ce qui a été dit «est en totale contradiction avec les décisions prises lors de la rencontre qui a regroupé les représentants des transporteurs et ceux du ministère». «Le ministère voulait casser le mouvement» Après que les pourparlers avec le département des transports se soient soldés par une fin «stérile», et suite aux informations communiquées par la tutelle, les interprétations des transporteurs sont vite allées dans le sens de la «manipulation». Selon les membres du collectif rencontrés hier, «la réunion à laquelle les représentants des transporteurs ont été conviés n'était qu'une manière de casser le mouvement de débrayage des wilayas du Centre». «Il a été convenu que d'autres réunions suivront, mais nous ne voyons rien venir», explique un représentant. Et de poursuivre : «Par contre, on nous rappelle le caractère local du dossier, et la nécessité d'appliquer la décision des autorités locales.» «La réunion était une manière de casser la dynamique du mouvement de soutien national, parce qu'une paralysie de plus de 10 wilayas ne peut passer inaperçue, comme c'est le cas pour notre mouvement de débrayage à Tizi Ouzou qui ne trouve pas une oreille attentive», fustige un autre. En tout état de cause, l'Unat qui avait appelé auparavant à deux actions de débrayage, les 19 et 26 juillet, pourrait certainement ne pas reconduire les mêmes initiatives. Enfin, après le sit-in d'aujourd'hui, les transporteurs ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, si leur revendication essentielle, à savoir la nécessité de la réouverture de l'ancienne gare routière de la ville, en attendant la réalisation d'une autre répondant aux normes d'exercice. Au contraire, des actions allant même vers des paralysies locales du secteur sont envisagées. «Notre action peut s'étendre aux autres localités», nous dira sans plus d'explications notre interlocuteur.