Pour un ministre de la justice ou un autre responsable politique, annoncer la construction de prisons a toujours quelque chose d'embarrassant. Cela tient d'abord du vieux romantisme de gauche qui considère qu'il y a toujours mieux à faire qu'ériger de nouveaux pénitenciers. Ensuite du contexte : il faut vraiment que le sujet soit au cœur de l'actualité pour espérer que la «réalisation» ait une chance d'être bien accueillie au sein de l'opinion, ou tout au moins ne suscite pas son indignation. Depuis toujours, il s'est trouvé, et souvent à raison, des réactions courroucées quand vient à pousser une maison d'arrêt quand manquent l'hôpital, l'école, l'usine ou la bibliothèque. Bien sûr, le romantisme de gauche, devenu une vieillerie philosophique, ne fait pas vraiment recette, mais il garde tout de même de beaux restes, surtout là où le bonheur ne fait pas florès. Alors quand le ministre de la justice, garde des sceaux, Tayeb Belaïz annonce «la construction de 74 prisons d'ici 2013», que «le premier programme concerne la réalisation de 13 établissement pénitentiaires d'une capacité d'accueil de 1000 à 2000 places» et que «sept prisons entrant dans le cadre de ce programme ont déjà été réceptionnées», il ne doit certainement pas s'attendre à ce que cela enthousiasme grand monde, même si c'est «pour régler définitivement le problème de la surpopulation carcérale». Pourquoi ? Eh bien, c'est parce que le romantisme de gauche a gardé de beaux restes, parce que le sujet n'est pas vraiment d'actualité chez l'algérien ordinaire, même s'il était à «l'ordre du jour» de l'Assemblée nationale «et surtout parce qu'il y a sans doute beaucoup d'autres choses à faire pour que les prisons ne soient pas surpeuplées ! Nos prisons, comme le reste, ont certainement besoin d'être humanisées, à commencer par augmenter l'espace vital des détenus, ce qui veut dire construire des prisons. Mais ce n'est pas tout. Il faudra aussi respecter leurs droits, leur faire sentir qu'ils paient un délit et non pas qu'ils subissent une vengeance, leur donner des chances de se reconstruire au lieu de les pousser à s'achever. Et par-dessus tout se rendre à l'évidence que la meilleure prison est celle qui a entravé le maximum des chemins qui y mènent. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir