Un important dispositif de sécurité a été déployé, hier matin, devant le siège de l'Assemblée nationale populaire (APN) en prévision du rassemblement des journalistes initié par l'Initiative nationale pour la dignité du journaliste (INDJ). A l'heure indiquée, c'est-à-dire 10 heures, des journalistes ont été informés qu'ils sont autorisés à organiser leur sit-in à la placette située à proximité du parking de l'APN. Là encore, le cordon de sécurité déployé a été impressionnant. Le rassemblement n'a pas drainé grand monde. Il a été organisé à l'occasion de la présentation du nouveau code de l'information devant les députés. Ils étaient une trentaine de journalistes à participer pour dénoncer «le risque de recul de la liberté de la presse que va instaurer ce nouveau projet». Les professionnels de l'information ont relevé l'importance des amendes instaurées dans ce texte pour les procès de diffamation. Ils ont souligné l'existence de contradictions flagrantes entre la volonté d'ouverture des médias et la dépénalisation du délit de presse promise par le président de la République et le contenu de ce texte. «Les peines imposées aux journalistes sont plus lourdes que celles décidées lors des procès de corruption», fera remarquer un journaliste. Les protestataires ont dénoncé la responsabilité pénale incombée à l'auteur des articles alors que dans le code de 1992, cette responsabilité est partagée entre le directeur de la publication et le journaliste. Ils ont relevé la discrimination faite entre les secteurs privés et publics dans l'application des lois de la République et noté avec regret la position du ministre de l'Information qui se démarque du secteur privé. «Le projet de loi sur l'information présenté par le gouvernement à l'APN ne répond pas aux préoccupations et aux aspirations des journalistes», lit-on dans la déclaration finale sanctionnant ce rassemblement. L'Initiative a noté avec satisfaction les amendements introduits par la commission de la culture, la communication et le tourisme «mais des blocages persistent encore d'autant que ce projet est dénudé de tous les acquis contenus dans la loi en vigueur dont la suppression du conseil supérieur de l'information et son remplacement par une autorité de régulation avec des prérogatives bureaucratiques qui va porter atteinte à la crédibilité de la profession et compliquera le processus de création d'organes de presse et mettra le journaliste en tôle avec les lourdes amendes imposées qu'il ne pourra jamais payer». Ce rassemblement se veut «une action pour éveiller la conscience des parlementaires sur le rôle de la presse dans le développement du pays», «nous comptons sur leurs interventions pour défendre les acquis de la corporation et pour préserver le rôle primordiale de la presse». L'Initiative souligne sa volonté de rester éveillée pour avorter toutes les tentatives visant à minimiser le rôle des médias dans le processus de développement. L'Initiative réitère sa décision de s'adresser au président de la République pour l'informer des incohérences et blocages qui entravent le développement de la presse algérienne. Le rassemblement a été couvert par la presse internationale. Une députée du Parti des travailleurs (PT) s'est présentée au lieu du rassemblement pour recueillir les revendications des journalistes.