Nicolas Sarkosy a tiré ses dernières cartouches au meeting du Crillon, dans ce quartier huppé de Paris, fréquenté par la bourgeoisie et les grands milieux d´affaires, non loin du Fouquet's où, voilà cinq ans, il était allé fêter sa victoire à l'élection présidentielle de 2007. Tout au long de sa campagne, le candidat sortant au bilan économique catastrophique aura tout essayé dans l´espoir de devancer son rival socialiste François Hollande : l'absence d´envergure du candidat socialiste, l´après-moi c´est le déluge et la promesse de cette «France forte» à l´horizon 2017. Les sondages, comme les chiffres, sont restés têtus. De bout en bout, il est donné perdant face à François Hollande même quand il promet de réformer le système bancaire européen pour équilibrer les dépenses publiques avant 2017. Trop tard ! Les Français n´aiment pas plus le plagiat que les promesses non tenues. La contribution de la Banque centrale européenne à la sauvegarde de l´euro est déjà dans le programme du candidat socialiste qui a eu le courage de promettre la guerre aux salaires indécents et aux grandes fortunes. Dans son désarroi, Nicolas Sarkozy ira alors puiser dans le répertoire de Marine Le Pen. Il promet de réduire de moitié l´immigration clandestine. Une promesse vieille d´une décennie, du temps où il avait décidé d´engager la guerre contre la «racaille» des banlieues. Président de tous les Français ? Ni son ouverture à gauche avec l´appel aux compétences socialistes, Bernard Kouchner aux AE et Jacques Attali pour les grands dossiers économiques, ni la promotion de Rachida Dati au poste de ministre de la Justice, ni l´entrée au gouvernement de Fadila Amara et de Rama Yade ne serviront à soigner son image de «président de tous les Français». Les sondages restent inflexibles. Les électeurs français ne se laisseront pas berner par la phobie de l´autre, aux limites du racisme. Un argument déjà pas assez suffisant pour assurer la carrière de celui qui est en mesure de réclamer son droit d´auteur, Jean- Marie Le Pen, légué à sa fille Marine. Même en jouant à fond «l´affaire Mohamed Merah», il sera loin derrière François Hollande au second tour (44% contre 56%), même s´il peut encore espérer faire du coude à coude ce soir avec le candidat socialiste, ce qui est loin d´être évident, au dernier sondage réalisé par l´institut IFOP. Puiser dans le répertoire Le Pen Il pourra toujours tenter d´effrayer l´électorat par l'«insécurité des banlieues», pays des demi-Français, de «l´islam radical» et des «salles de prière». Les Français le sont déjà par sa politique d´emploi qui a fait plus d´un million de nouveaux chômeurs, 400 milliards d´euros de dette supplémentaires et la guerre de Libye qui a donné plus de motivation à Al Qaïda qui menace plus que jamais de frapper en territoire français. Ce soir à 20 h (heure française), la France votera au premier tour pour l´Elysée. Ce vote, les experts le voient comme la sanction d´une politique qui a souvent été menée contre les propres valeurs de justice sociale, de tolérance et de respect des droits de l´homme qui ont fait la force de la plus ancienne démocratie au monde.