La Ligue des droits de l'homme a enfoncé vendredi la Fédération française de football dans l'affaire des jeunes footballeurs étrangers discriminés, critiquant une «dérive dangereuse» pour les libertés. Commentant une réponse «justifiant» de cet état de fait par la FFF, l'ONG affirme, à travers cette réaction, contribuer à «révéler les discriminations qui se cachent (mal) dans certains milieux du sport», en poursuivant cette année son action contre le refus de délivrance, par la Fédération de licences à des enfants qui veulent pratiquer ce sport, pour la simple raison qu'il sont étrangers. Pour elle, la FFF a «besoin d'une formation en droit». «La FFF refuse de délivrer des licences à des jeunes enfants au vu de leur nationalité, et cela porte un nom déplorable, cela s'appelle une discrimination, et aboutit, pour une entité sociale, à se donner le droit de créer son propre droit au mépris de la loi» s'indigne la LDH pour qui la situation ainsi créée montre un «curieux paradoxe». «Il apparaît que dans le cas de jeunes joueurs dont les clubs souhaitent s'attacher les talents alors qu'ils viennent de l'étranger, l'intervention auprès de la Fifa consiste à lever le blocage de la licence. Autrement dit, la circulaire Fifa et sa déclinaison nationale ne s'appliquent pas lorsqu'elles le devraient, et s'appliquent lorsqu'elles ne le devraient pas», a-t-elle relevé. En ce qui concerne la protection des mineurs provenant de certains pays et trompés par de faux agents qui les abandonnent par la suite, la LDH estime que si une solution protectrice doit être trouvée, elle ne peut consister à refuser une première licence de football à ceux qui en font la demande. «C'est en effet une dérive dangereuse pour les libertés que celle qui consiste à incriminer tout un groupe au prétexte de sanctionner un délit», affirme l'ONG. Pour elle, à la pratique de la discrimination, la FFF ajoute l'ignorance des règles fondamentales et habituelles du droit. «Si la LDH critique la réglementation et la pratique administrative de la FFF, c'est parce que la démonstration est faite qu'elle invente des actes administratifs dans un sens défavorable aux personnes, qu'elle les différencie en fonction de leur origine supposée ou réelle», ajoute-t-elle, estimant que ces règles, appliquées aux enfants, sont une violation de la Convention internationale des droits de l'enfant qui dit qu'en toute situation c'est «l'intérêt supérieur de l'enfant» qui s'impose à toute autre disposition. La LDH avait lancé, fin novembre dernier, une campagne visant à mettre le sport à l'abri de la politique. Selon elle, la FFF s'obstine, depuis 2009, à appliquer de «manière erronée» les dispositions de l'article 19 du règlement de la Fédération internationale de football association (Fifa), qui porte sur le statut et le transfert des joueurs et la lutte contre le trafic des jeunes joueurs dans le monde.