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«Le feu syrien commence à brûler les doigts de tous ceux qui l'ont attisé»
Majed Nehmé, directeur d'Afrique-Asie, au Temps d'Algérie :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 03 - 07 - 2013

Des millions, pour ne pas dire des dizaines de millions, d'Egyptiens sont sortis dans la rue réclamant le départ de Morsi. Comment voyez-vous la destinée de l'actuel président égyptien à la tête de l'Etat égyptien ?
On peut dire, sans risque de se tromper, que le sort de Mohamed Morsi est déjà scellé. Mal élu (il obtient un quart des suffrages lors du premier tour de l'élection présidentielle et 51,73% au second tour, avec un taux de participation de 50%
, ce qui est un score faible, selon les standards égyptiens), au lieu de chercher à élargir sa base électorale, il s'est vite aliéné toutes les forces libérales, nationalistes (nassériennes) et salafistes ainsi que la jeunesse éduquée qui était à l'origine du soulèvement de janvier 2011. Pourtant, toutes ces forces, et en premier lieu l'institution militaire, lui avaient accordé leur soutien critique dans l'espoir qu'il fasse preuve d'une certaine vision et qu'il s'engage dans une entreprise de réconciliation nationale. Il a progressivement déçu tout le monde.
Le pouvoir judiciaire, l'armée, les libéraux, la minorité copte, sans compter les autres composantes de l'électorat islamiste conservateur. Au fil des jours, il est apparu qu'il cherchait plus à mettre en œuvre le programme des Frères musulmans qu'à se hisser au stade d'un chef d'Etat au-dessus de la mêlée politicienne. Mais au-delà de cette stratégie de dissimulation et de mensonge, il a surtout brillé par son incompétence et son échec à remettre le pays en marche, à rassurer les investisseurs et à restaurer l'autorité de l'Etat. Le bilan économique est catastrophique. L'insécurité est générale. L'administration effondrée. La confiance inexistante. L'avenir bouché.
Il a, par-dessus tout, déçu son propre électorat islamiste en ce qui concerne la politique étrangère. La même soumission aux dictats américain et israélien que sous Moubarak, inféodation à l'axe turco-qatari sur le plan régional, brouille avec l'Arabie saoudite et les autres émirats du Golfe qui regardaient avec effroi et suspicion la montée en puissance des Frères musulmans.
Last but not least, il a commis l'irréparable en favorisant la fitna entre sunnites et chiites dans le monde arabo-musulman, en rompant avec la Syrie et déclarant, le 15 juin, son intention d'envoyer des djihadistes égyptiens combattre le régime «alaouite» de Bachar Al Assad et ses alliés du Hezbollah. Ce discours a particulièrement inquiété l'armée égyptienne. Elle n'a pas manqué d'exprimer son refus catégorique de cette dérive le lendemain même de ce discours en publiant un communiqué désapprouvant catégoriquement une telle politique contraire «aux intérêts nationaux égyptiens».
Peu avant, le président Morsi, dans sa stratégie visant à étendre son contrôle sur le pays, a nommé un gouverneur islamiste issu de la Gama'aislamiya à Louxor, région touristique qui était dans le passé la cible d'un acte terroriste majeur qui avait visé les touristes étrangers, tuant une cinquantaine d'entre eux. Il se trouve que le groupe qui avait signé cet attentat n'était autre que la Gama'aislamiya ! Certes, le nouveau gouverneur terroriste a dû démissionner face au tollé national et international, mais le mal était fait.
Mohamed Morsi aura fait en une seule année ce que son prédécesseur Moubarak n'a pu faire en trente ans de présidence absolue. L'origine de la révolte qui a conduit des dizaines de millions d'Egyptiens à investir les rues pour exiger son départ réside dans l'ensemble de ces facteurs. D'ores et déjà, Mohamed Morsi n'a plus la crédibilité et la légitimité de conduire le pays. Il n'est qu'un président en sursis.
Au moins 16 personnes sont décédées dans les affrontements…
Ce bilan est hélas provisoire. Son discours d'hier ne laisse rien présager de bon pour le pays. Il s'agit, sous prétexte de s'accrocher à une hypothétique «légitimité», d'un appel clair et net à une guerre civile. Je crains donc que ce bilan ne s'alourdisse dans les jours à venir. L'armée, en tant que gardienne de la sécurité nationale, sera tôt ou tard amenée à intervenir pour empêcher un bain de sang en gestation.
Croyez-vous qu'en cas de départ de Morsi, le front favorable à l'armement de «l'opposition syrienne» soit affaibli, sachant que Morsi avait appelé au «djihad» en Syrie ?
Certainement. La guerre contre la Syrie est majoritairement impopulaire en Egypte.
L'armée égyptienne, comme je viens de le souligner, considère les éléments de l'armée syrienne comme des frères d'armes. De 1958 à 1961, l'Egypte et la Syrie avaient fusionné au sein de la République arabe unie. Elles ont combattu ensemble l'ennemi israélien en 1967 et en 1973. Le peuple syrien avait volé, en 1956, quand l'Egypte était attaquée par la France, la Grande-Bretagne et Israël, au secours du peuple égyptien.
Or, Morsi a balayé toute cette histoire solidaire en quelques phrases destinées à amadouer ses propres partisans islamistes et ses sponsors qataris et turcs. Il y a lieu d'ailleurs de constater que le feu syrien commence à brûler les doigts de tous ceux qui l'avaient attisé. L'Emir du Qatar et son Premier ministre ont disparu de la scène. Erdogan a perdu de sa superbe et vient de constater sa défaite en Syrie. Une défaite qui l'a éclaboussé sur la scène intérieure où la majorité des Turcs sont opposés à cette aventure criminelle. Quel que soit le scénario qui se trame actuellement sur les bords du Nil, les nouveaux décideurs vont abandonner cette stratégie antisyrienne suicidaire et contre-productive.
Le porte-parole de la présidence égyptienne a appelé les Américains et les Européens à «ne pas s'ingérer dans les affaires internes» de l'Egypte. Ne croyez-vous pas que c'est hypocrite de la part de Morsi qui, lui, s'est ingéré dans les affaires internes de la Syrie ?
Vous avez tout à fait raison. C'est d'ailleurs hypocrite de sa part de s'en prendre aux Américains alors que c'est l'administration américaine qui avait pesé de tout son poids sur l'armée égyptienne pour qu'elle reconnaisse la «victoire» discutable de Morsi il y a un an.
Le Qatar, financièrement et médiatiquement, s'est également ingéré dans les affaires intérieures égyptiennes sans que cela ne choque les Frères musulmans. A tel point que la Ligue arabe, qui était historiquement un appendice du ministère des Affaires étrangères égyptien, est devenue, grâce à lui, une dépendance de l'Emirat du Qatar.
Nombre de Frères musulmans égyptiens ont appelé à utiliser la manière forte face aux opposants à Morsi. Craignez-vous un dérapage et une aggravation de la situation ?
Je le crains tout en espérant que le pragmatisme finisse par l'emporter. Le problème avec Morsi c'est qu'il obéit plus aux directives du Guide des Frères musulmans qu'aux intérêts nationaux égyptiens. Il se trouve aussi qu'il représente le courant le plus violent, le plus radical au sein de cette confrérie, à savoir le courant fondé par Sayed Qotb (pendu par Nasser pour complot), dont les écrits furent à l'origine de tous les mouvements jihadistes et takfiristes qui avaient mis à feu et à sang le monde musulman. J'espère que les autres courants pragmatiques au sein de cette confrérie, qui fonctionne comme une loge franc-maçonne l'empêchent d'aller jusqu'au bout de son aveuglement.


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