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«Le geai», novateur de la musique andalouse
REFLETS ZIRYÂB À CORDOUE, SOUS LE RÈGNE DE 'ABD AR-RAHMÂN II (ENTRE 822 ET 852)
Publié dans L'Expression le 16 - 02 - 2003

Et Ziryâb, le musicien baghdâdî, ajouta une cinquième corde au luth (‘oûd) en Andalousie...
Ce musicien exceptionnel, originaire du Bagdad du VIIIe siècle (il est né, en 789 dans l'ancienne Mésopotamie), de son vrai nom Aboul-Hassan Ali ibn Nafi', était, dit-on, un affranchi du calife abbasside al-Mahdi. Comme la couleur de sa peau était naturellement et remarquablement bronzée, il fut surnommé «Ziryâb», le geai, cet oiseau passereau de la famille des corvidés (corbeau, corneille, pie), à plumage brun clair tacheté de bleu, de blanc et de noir. On sait que le geai cajole, c'est son cri; - et peut-être l'expression bien connue «babiller comme un geai en cage» justifierait-elle aussi ce surnom de Ziryâb, même dans la langue arabe, et même si cette expression est postérieure à l'époque en question. cela pour l'anecdote...
Très jeune, Ziryâb est élève du très célèbre musicien et chanteur de la cour de Bagdad, Ishâq al-Mawsilî. En peu de temps, son talent prometteur est remarqué par le calife Haroûn ar-Rachîd qui l'invite à se produire devant lui. Dès la première prestation, le jeune musicien fait une énorme impression sur le souverain. Cela a suffi pour exciter la jalousie du maître Ishâq al-Mawsilî qui, craignant de perdre de sa renommée à la cour et dans le pays, s'est mis à manoeuvrer pour pousser Ziryâb à s'exiler. Celui-ci, ayant compris dans quelle situation il s'est trouvé, quitte le pays et va chercher fortune en Occident musulman, autrement dit «en Espagne des Maures», plus précisément en Andalousie. Il fait un court séjour à Kairouan, à la cour de l'Aghlabide Ziyâdat Allah 1er. Bientôt la qualité de ses diverses prestations parvient jusqu'à l'émir al-Hakam Ier, oumayyade d'Espagne. Ce dernier le mande par l'intermédiaire d'un musicien juif, Abou Naçr Mançour. Ziryâb accepte l'invitation et se rend à Algésiras, premier port d'Andalousie choisi, à l'époque, par de nombreux émigrés d'Orient. Là, il apprend la mort du prince al-Hakam Ier, et l'avènement de son fils 'Abd ar-Rahmân II. Néanmoins, il ne tarde pas à recevoir des assurances sur la volonté du nouvel émir de l'accueillir et de faire de lui son Premier musicien à sa cour de Cordoue.
Ziryâb est alors reçu au palais avec des égards dus à une personnalité de haut rang. Une pension «extrêmement forte pour l'époque» lui est accordée, «ainsi qu'un domaine d'un fructueux rapport». Grâce à son talent musical, et, il faut le dire, à sa fortune matérielle aussi, Ziryâb «cajole» son protecteur et toute la bonne société cordouane. Cette notoriété fait grand bruit dans le monde musulman et spécialement à Bagdad où, un musicien de premier ordre, 'Alloûyah, a osé déclarer au calife al-Mahdi de Bagdad, «que Ziryâb, à Cordoue, ne circulait qu'au milieu d'un somptueux cortège de cavaliers et possédait trente mille pièces d'or, lui-même serait réduit à mourir probablement de faim».
Cette ascension fulgurante de Ziryâb est méritée. Il est arrivé en Andalousie en 822. Il avait donc 33 ans. Il a vécu 35 ans dans ce pays, car il est mort en 857. Il y a été «une figure incontestée d'arbitre des élégances et de promoteur de toutes les modes nouvelles, qui prévalurent dès lors, non seulement dans la mise extérieure, mais même dans le genre de vie des Musulmans andalous». Tous ses biographes s'accordent pour dire qu'il a été un novateur génial dans le domaine de la musique. Il a créé un conservatoire d'application des méthodes musicales d'Orient (genre d'Ishâq al-Mawsilî) et a fait progresser la musique ainsi élaborée vers une originalité qui est reprise plus tard dans tout le Maghreb, d'où l'appellation de musique arabo-andalouse qui a pu fleurir, avant 1492, date de la Chute de Grenade, et surtout après cette date, au retour des Andalous d'origine berbéro-maghrébine sur les terres du Maroc, d'Algérie, et probablement de Tunisie et de Libye.
Ziryâb a également été un véritable inventeur de techniques instrumentales. On retiendra surtout qu'il a ajouté une cinquième corde au luth en Espagne, auparavant seul le luth tétracorde est utilisé, d'ailleurs ce luth a été fondé sur le système musical de l'Antiquité grecque ; il a, de même, nettement amélioré le plectre qui était en bois en lui substituant, une meilleure matière, la serre d'aigle permettant de toucher avec plus de vivacité les cordes de certains instruments comme le luth ou la mandoline. Ce plectre équivaut aujourd'hui au médiator, cette petite lame d'écaille qui permet de jouer, par exemple, à la mandoline ou au banjo.
Toutefois, quelque magnifique et durable qu'ait été l'art musical de Ziryâb, il semble avoir été dépassé par un autre aspect du talent de cet «Oriental raffiné, qui fait songer à la fois à Pétrone (écrivain latin du VIIe siècle) et à George Brummell (dandy britannique, surnommé le Roi de la mode, XVIIIe - XIXe siècle)».
Cet autre aspect du talent de Ziryâb apparaît dans ses multiples conseils qu'il a exercés sur la société aristocratique andalouse de son temps. Il a enseigné aux Cordouans les recettes de la cuisine bagdadienne et l'ordonnance d'un plat élégant: «commencer par des potages, continuer avec des entrées de viande et des relevés de volailles assaisonnés de haut goût, finir par des plats sucrés, des gâteaux de noix, d'amandes et de miel, ou de pâtes de fruits vanillées et fourrées de pistaches et de noisettes. Aux nappes de lin grossier, il substitua des dessus de table en cuir fin; il démontra que des coupes de verre précieux se mariaient mieux que des gobelets d'or ou d'argent avec le décor de la table».
A Cordoue, il ouvre un véritable institut de beauté où les femmes viennent apprendre l'art de se maquiller, d'employer des pâtes dentifrices, de se coiffer, de s'habiller, etc. C'est sans doute de là que la femme a pris conscience du soin que réclament sa beauté et son port, et de l'intérêt qu'elle a à façonner sa personnalité féminine et sa place «moderne» dans une société qui se cultive, s'éduque, se civilise, se développe et s'épanouit.
C'est, en effet, avec Ziryâb, et sous le règne de 'Abd ar-Rahmân II (822-852), que commence la prépondérance des femmes dans tous les domaines de la culture arabo-andalouse.
(Sources diverses)


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