Il était 3h du matin en cette fin octobre 2008. La voiture du chanteur de cabaret était garée. Trois jeunes gus, deux venus de Baraki et un de Khraïcia, sortent du lieu maudit, forcent la serrure et s´emparent du véhicule avant de s´éloigner du cabaret. C´est l´association de malfaiteurs et le vol suivis de la destruction de bien d´autrui. «J´ai été massacré par quinze individus que je n´ai jamais fréquentés», se plaint le premier détenu, vite prié par Mehdi Kouchih de ne dire que la vérité car le tribunal a encore douze détenus à entendre et quarante autres inculpés non détenus qui attendent. Le deuxième inculpé est tout de go interrompu par la victime qui est mise en demeure de ne plus s´adresser aux inculpés, même avec l´autorisation du tribunal. Comme le premier inculpé, le deuxième s´accroche à cette crevaison de deux pneus à l´aube... version rejetée par le tribunal. «La panne? C´est Allah», tonne le juge. Le troisième et dernier inculpé à être entendu reconnaît avoir trop consommé... «Juste de quoi réussir la mission, celle de prendre le volant», ajoute Kouchih qui note que le dernier inculpé entendu nie le vol. Il demande à la victime s´il y avait un gardien aux alentours de l´établissement. La réponse est oui, et les arguments avancés prouvent qu´il y en avait un au moment probablement où il avait fini son tour de garde, ou bien il n´a pas fait attention à la destruction de la porte qui avait précédé le méfait: le vol. Le chanteur-victime est à l´aise lorsqu´il décrit ce qui a été dégradé dans la voiture. Le témoin est visiblement «agacé» de venir au tribunal redire ce qu´il avait déjà déclaré devant les gendarmes et le parquet. Le témoin a remercié que le véhicule volé soit tombé en panne, les voleurs arrêtés et le retour au calme du chanteur qui a soulevé des rires lorsqu´il avait mis dans la liste des objets trouvés dans l´auto, un flacon de parfum. Il réclame vingt millions, sans grande conviction, lui, la victime déstabilisée par cette histoire de flacon placé... «Dix-huit mois de prison», requiert, lui aussi sans trop de conviction, Samir Hamel, malheureusement ligoté par l´opportunité des poursuites et la solidarité... Maître Hadj Rachid Morsli évoque d´emblée le dossier sans rien ajouter ni retrancher. Ces faits relèvent-ils réellement de ces trois jeunes? «C´est fantastique. A trois heures du matin, il n´y a que le gardien qui témoigne que ces trois jeunes avaient quitté le cabaret les derniers. Ce n´est ni une preuve ni rien du tout. La victime, qui a découvert la disparition du véhicule, n´a vu personne. Il ne les connaît pas. Il ne les a jamais vus. Il fait une description détaillée du casse, mais ne nous désigne aucunement un seul individu suspect. Cela aurait pu être l´oeuvre d´autres individus car le temps pris pour faire autant de dégâts est trop court. Il faut beaucoup plus que cela. Vous avez un dossier où il y a tout, sauf ces trois jeunes qui ont eu le malheur d´avoir été les derniers à quitter le cabaret», s´est offusqué l´avocat de Sidi Aïd (Boufarik). Quant à cette histoire de découverte du flacon de parfum dans leur véhicule, elle fait dormir debout et ils vous ont dit, affirmé que ledit flacon avait été placé par le chanteur lui-même pour faire croire au délit et aux délits au pluriel. La relaxe pure et simple est vivement réclamée par la défense, Maître Morsli a si bien plaidé qu´il a retenu l´attention de ce Mehdi Kouchih, indomptable sur le siège, allant parfois jusqu´à demander aux plaideurs de faire vite, vu le rôle monstrueux qu´il a devant lui. Eh bien! devant ce conseil, la plaidoirie qui a frisé la quinzaine de minutes, a fait mouche et Maîtres Ouali Laceb, Ezzeraïmi, Salem Houari et Hayet Kadi avaient raison d´avoir suivi l´intervention de Maître Hadj Rachid Morsli. Celui-ci sera très satisfait par le verdict attendu par les amoureux de notre justice. Bravo Maître Morsli! et à tous les avocats qui s´appliquent à être de parfaits partenaires des juges du siège.